Chapitre 26

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Debout sur les marches qui menaient à la grande salle, Lyria maudissait dans sa tête le sombre idiot qui venait de la donner en spectacle, et elle se maudissait elle même pour les sentiments mitigé qui menaient une rude bataille en elle. D'une part elle lui en voulait de l'avoir présenté ainsi alors qu'elle lui avait dit plus tôt qu'elle souhaitait garder son anonymat, mais elle lui était aussi reconnaissante pour avoir informé tous ceux présent qu'elle ne souhaitait pas être appelé "Élue", chose qui lui aurait prit énormément de temps si elle avait dû le demander à chaque personnes qui la saluait. Elle baissa le regard et vit qu'une petite foule s'était amassée en bas des marches, la regardant avec un mélange d'admiration, de joie et de craintes ... Drôle de combinaison. Lyria poussa un soupir, puisque le mal était fait à présent, autant se présenter. La jeune femme commença à descendre les marches se qui provoqua un mouvement de recules chez les personnes face à elle, aussitôt elle s'arrêta, avaient-ils peur d'elle ?

- Bonjour ... Je m'appelle Lyria, enchantée de vous rencontrer.

Elle n'obtînt pas de réponses mais des murmures étonnés, puis chacun fit une révérence maladroite. Un jeune garçon qui ne devait pas avoir plus de quatorze ans s'approcha, triturant sa tunique entre ses mains.

- Bonjour El- ... Euh ... Damoiselle Lyria, je suis vraiment heureux de vous rencontrer. Je suis l'écuyer de Sir Hash. Voulez-vous que je vous montre les chevaux ?

La jeune femme souris au garçon, cette idée la réjouissait et lui permettrait de se divertir le temps que le repas soit servit. Elle suivit alors le jeune écuyer vers les écuries où elle l'écouta vanté les exploits de son maître. Rorik finit par venir la chercher pour la conduire auprès de ses Majestés.

Attablé à une grande table, le Roi et la Reine à chaque extrémité et le Prince face à elle, la jeune femme ne savait pas comment abordé le sujet qui lui brulait les lèvre alors que Kei détaillait le voyage sous la demande de ses parents. Le Roi regarda la jeune femme avec une pointe d'admiration.

- Alors comme ça, plusieurs de nos meilleurs guerriers vous ont prêté allégeance spontanément ? Cette faveur n'est pas donnée à tous le monde, vous avez gagné leur respect.

- Et ils ont le mien. Mais comme je leur ai dit, j'espère qu'ils n'auront pas à donner leur vie pour sauver la mienne. Le Roi partit dans un grand éclat de rire et la Reine gloussa doucement derrière sa main.

- Vous êtes une bonne personne, Lyria.

- Pas plus qu'une autre Votre Majesté.

- Eh modeste en plus de cela ! Franchement, il faudrait être un idiot pour ne pas vous apprécier. Le Roi regarda directement son fils qui fronça les sourcils et se contenta de fixer son assiette.

- Vos Majestés, si vous le permettez, je souhaiterais aborder un sujet avec vous.

- Bien sûr, parler librement Lyria, nous voyons bien mon époux et moi-même que quelque chose vous préoccupe.

- Je vous remercie votre Majesté. Et j'espère que mes propos ne vous offenseront pas. Lyria prit une grande inspiration avant de se lancer. Voila, je pense qu'il y a eu une erreur. J'ai entendu la prophétie qui annonce l'arrivée de l'Élue, j'ai rencontré des gens qui vénèrent cette idée, qui se réjouissent de la voir s'accomplir. Bien que je n'ai pas vraiment compris quel était l'objectif de cette prophétie, tout le monde semble attendre beaucoup de choses de cet Élue ... Et je suis sûr de ne pas être la bonne personne. Je ne sais pas comment je suis apparu ici, dans ce monde, mais je suis sûr qu'il y a eu un malentendu, je ne devrais pas être là. Un silence pesant s'installa, les deux souverains de regardèrent un peu perdu et le Prince fixait la jeune femme avec un sourire narquois.

Le Roi envoya quérir la Sorcière par un domestique. La Reine regarda la jeune femme et lui demanda doucement.

- Pourquoi pensez-vous ne pas être l'Elue ?

- Car je n'ai rien d'exceptionnel. J'ai cru comprendre que beaucoup attendaient un Grand Guerrier, et je n'en suis pas une, loin de là. Kei pouffa sarcastiquement face à cette vérité. Je n'y connais rien en stratégie militaire, je coordonne tellement mal mes mouvements que je suis étonné que ma maladresse ne m'ai pas causé plus de problèmes que ça, je n'ai aucune endurance et je ne suis pas à l'aise face à un public ... Il est sûr que je n'ai pas les qualités de l'Élue que tout le monde semble attendre.

Les souverains l'avaient écouté patiemment sans l'interrompre. Un domestique annonça l'entrée de Makara dans la grande salle, celle-ci vint se placer aux côtés du Roi.

- Sorcière, cette jeune demoiselle ici présente semble douter de sa légitimité en tant qu'Élue.

- Et qu'en pensez vous mon Seigneur ? Le Roi se cala plus confortablement dans son grand fauteuils, la main sur le menton caressant sa barbe, il observait avec attention la jeune femme

- Elle a su s'attirer les faveurs de plusieurs de nos meilleurs guerriers en très peu de temps. J'entend également dans les couloirs les domestiques murmurer des éloges à son sujet. Lorsque je la regarde, je ne vois pas d' imposteur ... Mais il est vrai que je ne vois pas l'Élue. Le Prince et la jeune femme sourirent, heureux face à cette sage déclaration. Pas totalement. Les sourires des deux jeunes gens s'évanouirent.

- C'est ce que je vois aussi. La Sorcière s'approcha de Lyria et lui prit les mains. Il est vrai que je ne vois pas en vous l'Elue, pas encore. Votre aura est indéfinissable mon enfant, à la fois forte, fragile, pure, troublé, calme, joyeuse, triste, et tant d'autres, et c'est ce qui fait de vous quelqu'un de spécial. Certes vous n'êtes pas encore l'Elue car vous ne le serez qu'une fois la prophétie réalisée. Mais je le sais, je le sens dans mes tripes, vous êtes bien celle que nous attendions. Bien sur en vingt-quatre ans, chacun à eu le temps de se faire sa propre représentation de l'Élue, mais ça ne veut pas dire qu'il ne s'agit pas de vous.

Lyria regarda Makara, flatter par le discours qu'elle venait de lui faire mais pas convaincu pour autant. Elle regarda le Prince qui la toisait d'un regard indéfinissable. A quoi pouvait-il penser après avoir entendu les paroles de la Doyenne ? Elle reporta son regard vers la vielle femme.

- Ce que vous me dites me flatte énormément, mais tout ce que je souhaite, c'est de rentrer chez moi. Vous pouvez m'aider ? Savez-vous comment faire ?

- Je crains bien que non mon enfant et j'en suis navré. Je ne peux qu'émettre une hypothèse mais peut-être que vous pourrez rentrer chez vous après avoir réalisé ce pour quoi vous avez été envoyé ici.

- Réaliser la prophétie ? Quel est son but ?

- M'aider à gouverner, ce qui par définition veux dire m'aider à vaincre mon oncle Viperlus qui convoite le trône. Intervient le Prince.

- Ecoutez Lyria, je me doute bien que cela doit faire beaucoup à encaisser pour vous, vous êtes une jeune femme qui à été projeter dans un monde qui vous ai inconnu et vous êtes face à des personnes qui attendent beaucoup de vous. La Reine se leva et posa une main sur l'épaule de celle-ci. Si je peux vous faire une confidence, je vous trouve très courageuse et forte de réagir à cette situation comme vous le faite, car je ne suis pas sûr d'avoir autant de courage si j'étais à votre place. Réfléchissez-y durant les prochains jours et on en reparlera.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant