Chapitre 53

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Lyria marchait dans les rues d'Astaréïs, flânant, le nez en l'air, profitant des rayons du soleil d'été. Une faible brise lui permettait de mieux supporter la chaleur déjà moins intense en cette fin d'après-midi. Elles venaient de finir leur tournée de visite avec la sorcière, ce qui lui avait permis de penser à autre chose qu'à sa relation compliquée avec le Prince, puis elles s'étaient séparées afin de vaquer chacune à leurs occupations. Mais à présent qu'elle n'était plus occupée, son esprit dérivait de nouveau vers cet homme qui faisait battre son cœur aussi bien de joie que de colère. Après plusieurs jours sans lui adresser un regard, elle avait été étonnée, puis irritée de le voir lui demander des comptes. Pour qui se prenait-il ? Il l'embrassait, puis faisait comme si elle n'existait pas, pour enfin interrompre son étreinte avec le capitaine. Il avait beau être le Prince de ce royaume, elle n'était pas l'un de ses sujets. Elle regrettait presque d'être tombée amoureuse de cet homme. A cette pensée, son cœur se serra. Par le passé, plusieurs fois elle avait pensé l'être avant de s'apercevoir qu'il ne s'agissait que d'admiration ou d'amitié très forte, et jamais ses relations n'avait franchi le cap de la simple camaraderie. Puis elle l'avait rencontré lui. Cet homme grincheux, orgueilleux et terrifiant, mais aussi fort, attentionné et prêt à changer. Quel sentiment compliqué qu'est l'amour. Aussi bien doux qu'amer, réconfortant et terrifiant. Qui a eu le premier cette idée folle d'insuffler en l'Homme cette émotion qui peux rendre faible le plus fort de Hommes, et courageux le plus peureux ? Être amoureuse était un sentiment bien compliqué à gérer ! Elle poussa un soupire avant de se diriger d'un bon pas vers la cour du château. Lyria n'était pas quelqu'un qui cherchait la confrontation, mais ce malaise avait assez duré. Elle souhaitait avoir une conversation avec lui afin de clarifier la situation car elle ne supportait plus son indifférence. Étaient-ils amis ? Étaient-ils plus ? Elle avait besoin de savoir. Elle observa la cours du château mais ne vit pas le Prince, lorsque Angus passa non loins, la jeune femme l'intercepta.

- Angus ! Permettez-moi de vous déranger quelques instants. Sauriez-vous me dire où se trouve le Prince ? Je dois lui parler.

- Je suis navré Damoiselle Lyria mais je ne l'ai pas vue, il n'est pas dehors. Peut-être est-il dans ses appartements ?

- Je vais aller voir, je vous remercie Angus.

Lyria pénétra dans le château et gravit les escaliers en direction de la chambre du jeune homme. Arrivée devant celle-ci, elle inspira un bon coup avant de frapper trois coups. Lorsqu'elle entendit du mouvement se faire dans la pièce, son cœur se mit à battre plus vite. Maintenant qu'elle était là, prête à lui parler, elle se demandait comment aborder les questions qui se bousculaient dans sa tête sans paraître trop oppressante. Puis la porte s'ouvrit et son sang se figea dans ses veines. Devant elle se trouvait une jeune femme au cheveux gris, très bien coiffé. Mais se qui choqua Lyria c'était le peux de vêtements que portait la femme face à elle. Elle regarda dans le couloir afin de s'assurer qu'elle ne se soit pas trompé de chambre, mais il s'agissait bien de la chambre du Prince. La demoiselle face à elle ouvrit de grands yeux et lui offrit une profonde révérence.

- Elue ! Quel honneur pour moi de vous rencontrer, je suis absolument navré de paraître devant vous ainsi vêtue.

- Bonjour ... Mademoiselle ... Que faites-vous dans la chambre du Prince ?

La jeune femme face à elle rougie violement face à cette question, visiblement gêné.

- C'est que ... Voyez-vous ... Comment dire ...

- N'ayez pas peur, je suis juste curieuse.

- Eh bien ... Je suis une des régulières de son Altesse.

- Oh ... Et il en a beaucoup ?

- Quatre ou cinq ? Mais je suis celle à qui il fait appel le plus souvent.

Le cœur de Lyria ce brisa. Bien sur qu'un homme comme lui ne se satisferait jamais d'une seule femme, bien sur qu'il assouvissait ses plaisir charnelle avec des femmes, payé ou non. D'ailleurs qu'elle femme lui refuseraient son lit ? Le baisé qu'ils avaient échangé ne voulait rien dire. Il avait s'agit pour lui que d'un moyen de la faire taire tout en lui étant agréable et elle s'était mépris, sotte qu'elle était. Sentant son nez commencé à lui piquer et sa vue se troubler, elle tourna les talons avant d'ajouter pour la jeune femme.

- Amusez-vous bien alors.

Elle s'éloigna d'un pas rapide de cette chambre qui avait dû connaître si souvent la luxure, des larmes silencieuses dévalant ses joues. Sa vision était si troublée qu'elle ne vit pas la personne qui venait d'apparaître au tournant du couloir et la percuta de plein fouet. Heureusement pour eux, cet inconnu avait l'air fort et les empêcha tous deux de tomber.

- Je suis désolé, je ne regardais pas où j'allais.

La tête baissée pour cacher son visage baigné de larmes, elle se détacha de l'homme et commença à reprendre sa route avant d'être arrêtée par une main qui lui retint le poignet.

- Lyria ? Tu vas bien ?

La jeune femme releva la tête et rencontra les yeux bleu glacé de Kei qui la regardait avec inquiétude. Cette expression qu'elle lu sur son visage piétina un peu plus son cœur meurtrie. Pourquoi fallait-il qu'il la regarde ainsi alors qu'il s'apprêtait surement à passer un très bon moment avec la femme qui l'attendait dans ses appartement ? Elle se libéra assez sèchement de son emprise et regarda par la fenêtre.

- Je vais très bien merci.

- Non ce n'est pas vrai. Tu pleures, que se passe-t-il ? Il tenta de poser une main sur son bras mais elle se déroba à son contact.

- Ce n'est rien. Je viens seulement de me rendre compte à quel point je me suis trompé sur toi, sur moi, sur nous.

- Je ne comprends pas ce que tu dis.

- Ecoute Kei. Elle lui lança un regard où se mêlait chagrin et résignation. Je me suis trompé c'est tout. Les choses sont sûrement différentes ici et je ne compte pas t'imposer la façon de faire de chez moi. Je dois juste l'accepter, après tout il est fort probable que je ne reste pas ici pour toujours. J'espère juste que l'on pourra rester ami. Les mots de la jeune femme ébranlèrent le Prince. Il ne comprenait pas, que se passait-il ? Je ne vais pas te retenir plus longtemps, ton amie t'attend.

Lyria reprit sa route et disparut dans les escaliers. Kei resta un moment immobile dans le couloir, les bras ballants. Il voulut courir à sa poursuite mais une phrase lui revint en mémoire, son amie l'attendait ? Mais où ? Et de quelle amie parlait-elle ? Il n'avait convié aucun de ses amis au château. Puis il regarda d'où semblait venir la jeune femme et il fit vite le lien, sa chambre se trouvait dans se couloir, et il n'y avait en générale qu'un seul type de personne qui lui rendait des "visites surprise". Il se précipita dans le couloir et se jeta presque sur la porte pour l'ouvrir, toutes couleur quitta son visage. Sur son lit se trouvait une des femmes avec lesquelles il avait l'habitude d'avoir des relations sexuelles, sa nudité laissant peu de doutes sur ses intentions. Il comprit de suite que Lyria avait du tombé sur la femme de joie. Alors que le Prince restait pétrifié dans l'encadrement de la porte, la jeune femme se leva et s'approcha de lui de sa démarche provoquante puis lui fit une révérence.

- Votre Altesse, cela fait si longtemps !

- Que fais-tu ici ?

- Vous me manquez Votre Altesse ! En discutant avec les autres filles, nous nous sommes aperçu que vous n'aviez fait appel aux services d'aucunes d'entre nous ces derniers mois, je me suis donc dit que je passerais vous voir pour que vous puissiez vous ... défouler.

- Je n'ai plus besoin de toi, ni des autres d'ailleurs donc fais passer l'information à tes amies. La jeune femme ouvrit grand les yeux, confise. Et ne venez plus au château, j'ordonnerais de toute façon qu'on ne vous laisse plus passer. Il se tourna vers un grade en poste dans le couloir. Toi, raccompagne cette femme hors de ses mures, elle et ses collègues n'ont plus l'autorisation de pénétrer au château.

Le jeune homme se détourna de la femme qui bégayait d'incompréhension pour se précipiter dans les escaliers qu'avait emprunter l'Elue plus tôt, déterminé à éclaircir se malentendu.  

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant