Chapitre 48

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Elle ne percevait plus aucun son et eut l'impression que le monde tournait au ralenti alors que les guerriers couraient pour dégager le corps de leur seigneur, ses pieds refusant de bouger, paralysé par la peur à l'idée que le pire puisse être arrivé à Kei. Elle vit la dépouille du bandit se faire jeter hors du cercle qu'avait formé les soldats autour du corps du Prince qu'elle n'apercevait toujours pas. Sa tête commença à lui tourner et elle dû s'appuyer contre un mûre pour ne pas s'effondrer. Etais-ce donc la fin du Prince Kei d'Astas ? Non, elle ne pouvait y croire ! Il n'avait pas vaincu son oncle Viperlus ! Il ne pouvait pas partir maintenant ! Il avait une prophétie à réaliser ! Il n'avait pas le droit de l'abandonner ! Pas à présent qu'il s'entendait bien et que ses sentiments ... Des éclats de rire la sortirent de sa torpeur, le groupe de guerriers s'agita et son cœur s'arrêta lorsqu'elle aperçut le Prince souriant se faire féliciter par ses hommes. Une joie immense s'empara de tout son être lorsqu'elle le vit s'approcher d'elle.

- Eh bien dites moi, vous en faites une drôle de tête. Vous n'avez pas l'habitude de voir des cadavres. Qu'est-ce que cela sera quand vous verrez l'un des nôtres mourir au combat.

Un bruit claqua dans l'air, et les rires se turent. Lyria venait d'asséner au Prince une baffe si forte que toute sa main fourmillait de douleur. De quel droit parlait-il ainsi de manière si désinvolte de la mort d'un de ses compagnons ou de lui-même. Les larmes aux yeux, la jeune femme se détourna du Prince.

- Vous savez quoi, Votre Altesse ? J'ai appris à beaucoup vous apprécier récemment, vraiment. Mais parfois je vous déteste aussi de tout mon cœur.

Lyria laissa derrière elle un Prince à la joue rouge et s'adressa à l'ensemble des guerriers d'un ton sec et sévère qui ne laissait aucune place à la discussion.

- Vous tous ! Je veux vous voir chacun votre tour à l'auberge de Larry pour que je puisse soigner vos blessures ! Et aller informer les villageois que la menace est écartée, ils se trouvent dans la cave de la maison au bout de cette ruelle. Demandez-leur de venir me voir aussi s'ils en ressentent le besoin.

Et sur ses paroles, Lyria quitta la rue, légèrement chancelante, en direction de l'auberge, laissant derrière elle le groupe de solide guerrier muet de surprise face à l'explosion de colère que venait de leur montrer l'Élue et à laquelle ils n'étaient pas habitués. Timidement, ils regardèrent le Prince en pensant le trouver en train de fulminer de colère face à l'affront dont il venait d'être victime, mais furent surprit de constater qu'il semblait plus perturbé par les paroles qu'avait prononcé la jeune femme que réellement en colère.

La nuit était tombée et les villageois faisaient la fête autour d'un grand feu de joie auquel participaient bien volontiers les soldats afin de savourer leurs victoires. Lyria avait d'abord soigné les quelques écorchures et brûlures des citoyens avant de s'occuper des guerriers qui présentaient, eux, des entailles plus profondes, mais heureusement sans grandes gravités. Après avoir appliquer une généreuse couche d'onguent sur la cuisse de Rorik qui était reparti au bras d'une Shasha rougissante, la jeune femme s'occupait à présent d'Angus.

- J'ai mal pour vous, vous êtes le plus mal en point des soldats que j'ai soigné aujourd'hui.

- Cela me convient, ça veut dire que mes compagnons n'ont point trop souffert. Lyria sourit face à cette remarque chevaleresque.

- Dans tous les cas, je suis heureuse que vous n'ayez pas eu à vous sacrifier Angus. J'aurais été si triste de devoir vous dire adieu à vous ou à n'importe lequel d'entre vous d'ailleurs.

Angus quitta la pièce après l'avoir convenablement remercié, refermant la porte derrière lui, signe que plus personne n'attendait dehors. Lyria se retourna et commença à ranger ses pommades lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir de nouveau puis se refermer.

- Angus, vous avez oubliez quelque-

Il ne s'agissait pas d'Angus, mais de Kei qui resta debout sans bouger, la jeune femme fronça les sourcils.

- Vous êtes blessé ? Le Prince se contenta d'hocher la tête.

- Venez vous asseoir et dégager la zone où se trouve votre blessure le temps que je ressorte mes onguents.

Elle l'entendit s'approcher et retirer les vêtements qui cachaient probablement ses plaie, puis s'assoir et attendre sans un bruit, sentant son regard dans son dos. La lumière tamisé des bougies, le bruit des rires dehors qui leurs parvenaient étouffé, et cette tension qui régnait dans l'air faisait accélérer les battement du cœur de la jeune femme, toujours en colère contre cet homme. Lorsqu'elle se retourna pour lui faire face, elle retint son souffle face à la vision de ce torse si magnifiquement bien sculpté et dont elle ne parvenait pas à s'habituer même si elle l'observait s'entraîner tous les matins. Son cœur s'affola encore plus en sachant qu'elle allait devoir le toucher pour le soigner. Remettant de l'ordre dans ses idées, elle examina le buste de son patient de plus près et constata avec horreur la grande entaille qui barrait son flan, entouré d'une auréole violacé.

- Je n'ai pas réussi à éviter complètement le dernier assaut de mon adversaire. En regardant de plus près, la jeune femme soupira de soulagement.

- Ce n'est pas beau mais ce n'est pas aussi grave que ça en à l'air, l'entaille n'est pas très profonde et le coup à dû faire apparaitre un gros hématome. J'ai un onguent antiseptique et cicatrisant, il faudra en appliquer un peu matin et soir durant environ cinq jours en prenant soin de bien nettoyer la plais avant et changer le bandage. Ensuite si tout va bien on passera à une fois par jour pendant également cinq jours. Elle se retourna pour essorer un tissu humide et fit de nouveau face à son patient. Levez-vous.

Kei se déplia et se redressa de toute sa hauteur, offrant ses sublimes pectoraux au regard de la jeune femme. Doucement elle nettoya la plaie avant d'appliquer un peu de pommade.

- Vous êtes en colère contre moi.

- Oui.

- Pourquoi ? La jeune femme plaça un linge sec sur la plaie qui resta en place grâce à l'onguent.

- Parce que vous êtes un abruti.

- Un abruti ? Demanda le Prince étonné.

- Oui Votre Altesse ! Vous êtes le premier des idiots ! La machine était lancé, la jeune femme ne pouvait plus s'arrêter. J'ai eu peur ! D'abord par l'intrusion de ses bandits dans le village que vous étiez censé trouver avant qu'il ne revienne semer la terreur, puis par Angus qui part se battre seul et qui était près à y laisser sa vie ! Ensuite j'ai dû escorter les villageois jusqu'en lieux sûr tout en ayant peur de me faire attraper par ses monstres ! Et pour finir, je vous ai vue vous effondrer sous l'assaut de ce malfrat, je vous ai cru mort ! Je ne suis pas accoutumé à assister à autant de violence ! Et vous ? Qu'est-ce que vous me dites ? Vous me parlez de l'éventuelle mort prochaine d'un des nôtres ou de vous-même ! Désolé de vous le dire, mais je tiens à chacun de ses guerriers, et chose plus surprenante encore, je tiens à vous Votre Altesse ! Alors mettez-vous-

Kei fondit sur les lèvres de Lyria, interrompant sa tirade par un baisé. Doucement il plaça une main sur la hanche de la jeune femme et une autre sur sa joue. D'abord surprise, Lyria sentit sa colère s'apaiser, des larmes perlèrent aux coin de ses yeux face à ce contacte si intime. Kei n'était pas mort aujourd'hui, il était bien là, en chair et en os, avec elle.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant