Chapitre 14

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Le Prince s'était réveillé avant l'aube pour prendre son tour de garde. En faisant sa ronde autour du camp et en observant avec attention les alentours, le cerveau de Kei fonctionnait à pleine vitesse. Le fait qu'il ai trouvé une donzelle sur la pierre de l'hôtel et non un vaillant guerrier le dérangeais. Comment une pucelle était censée l'aider à vaincre son oncle Viperlus ? Il attendait beaucoup de l'Élu. Il espérait apprendre de lui des nouvelles méthodes de combats, établir plusieurs stratégies d'attaque, travailler ensemble pour être plus malin que son fourbe d'oncle car intelligent, ce diable l'était. Il arriva devant un petit ruisseau et s' agenouilla pour s'asperger le visage d'eau afin de se refroidir les idées. Les premiers rayons de soleil commencèrent à filtrer aux travers du feuillage des arbres et il su que le camp allait commencer à se réveiller, il se dirigea donc vers l'endroit où pâturaient les chevaux. S'occuper de Foscor l'apaisait toujours, il aimait le brosser et le nourrir tôt le matin pour ne pas être déranger. Comme lui, l'animal avait une aura et une prestance qui dissuadait en général les gens de l'approcher, il n'était pas facile mais restait très fidèle à son maitre. Dès que le troupeau entra dans son champ de vision, le prince se figea net. Devant lui se déroulait une scène à laquelle il n'avait encore jamais assisté. La jeune femme était coller à son cheval, le grattant des deux mains, et le bougre semblait apprécier ces caresses. Bien que Foscor était très docile et obéissant avec lui, il n'aimait pas que d'autres personnes s'approchent. Seul un ou deux palefreniers au château avaient réussi à l'amadouer suffisamment pour lui procurer les soins journaliers et le guider à pied, mais seul le Prince était accepté sur son dos et si proche de lui, jusqu'à aujourd'hui.

- Que faites- vous ?

La jeune femme se retourna dans un sursaut, visiblement il l'avait surprise. Dès que Foscor le vit, il releva la tête et l'accueillit par un hennissement joyeux. La jeune femme continuait de caresser l'encolure de l'imposant cheval aux côtés duquel elle paressait ridiculement petite.

- Un bonjour peut-être ?

- Bonjour ? Demanda le Prince d'un air confus.

- Bonjour à vous aussi. La jeune femme souriait avec malice.

- Vous ne m'avez pas répondu. Que faites- vous ?

- Oh, eh bien en voulant m'écarter un peu du camp car je ne voulais pas réveiller les autres, je suis tombé sur les chevaux. Celui-ci est magnifique et très gentil. Comment s'appelle-t-il ? Demanda-t-elle en regardant l'étalon noir, toujours en flattant son encolure.

- Il n'est pas gentil d'habitude.

Le Prince s'approcha et tendit la main à l'animal qui lui lécha comme il l'avait fait à la jeune femme plus tôt, celle-ci s'écarta pour laisser la place à Kei qui commença à brosser énergiquement la belle robe noir de son étalon.

- Il s'appelle Foscor, c'est mon cheval. D'ordinaire il n'aime pas les étrangers, vous avez eu de la chance qu'il ne vous ait pas blessé, il a déjà malmené bon nombres de fous qui pensaient pouvoir l'amadouer. Et vue votre corpulence, je doute fort que vous auriez fait le poids face à lui.

- Oh mais je n'en doute pas ! Loin de moi l'idée de me mesurer à lui, je ne me serais pas approché si j'avais vu qu'il ne voulait pas du tout de moi près de lui. Il a un peu couché les oreilles mais lorsque je lui ai présenté ma main pour qu'il la sente, il n'a montré aucun signe d'agressivité. Et puis je suis toujours resté dans son champs de vision pour ne pas le surprendre, je ne souhaitais pas prendre un coup de sabot.

- Vous vous y connaissez en chevaux ? Demanda le jeune Prince étonné.

- Oui.

La jeune femme n'avait donné que cette simple réponse, la mélancolie ce lisait dans ces yeux alors qu'elle regardait Forscor. Semblant se reprendre, elle regarda le Prince.

- Savez vous s'il y a une source d'eau pas loin ? J'aimerais me rafraîchir.

Le Prince héla Rorik qu'il vit passé non loin et lui fit signe d'approcher.

- Tu vas conduire l'Élue au ruisseau. Puis il se tourna vers la jeune femme. Ne trainez pas, nous allons lever le camp, une longue route nous attend avant d'atteindre le château.

Sur ces paroles, Kei fit demi-tour en direction du camp et commença à donner des ordres aux autres hommes. Rorik indiqua une direction à Lyria en commençant à l'accompagner.

- Oh vous pouvez simplement m'indiquer où se trouve ce ruisseau, je ne voudrais pas vous embêter trop longtemps.

- Vous ne m'embêtez pas Damoiselle Lyria ! Sachez que c'est un honneur pour moi d'avoir le privilège de pouvoir me trouver à vos côtés. D'ailleurs vous devez être escorté si vous quittez le camp, il s'agit d'un ordre de son Altesse.

- Comment ça ? Je ne peux me rendre nulle part sans chaperon ? Je suis encore libre de faire ce que je veux ! Je vais aller lui dire que je ne suis pas sous ses ordres ! Désolé mais chez moi, les gens sont libres de leurs mouvements ! Où alors est-ce parce que je suis une femme ?!

La jeune femme fit volte face et commença à ce diriger droit vers le Prince, les poings séré. Il allait entendre sa façon de penser, qu'il le veuille ou non. Rorik se plaça si vite devant elle qu'elle faillit lui rentrer dedans, lui faisant barrage de son corp.

- Vous ne comprenez pas Damoiselle Lyria ! Le Prince a donné cet ordre car il pourrait y avoir des bandits dans les parages. S'ils vous voyait seul, ils verraient vite que vous n'êtes pas comme les autres femme et n'hésiteraient pas à vous enlever, vous seriez très certainement vendu illégalement. Souvent des gens disparaissent pour être vendu en tant qu'esclave, et les plus jolies filles atterrissent dans les bordels clandestins ou comme esclaves sexuels pour des nobles peu scrupuleux. Vu votre beauté, nul doute que vous serez vendu et acheté très chère par de mauvaises personnes.

Le jeune soldat s'était emporté et avait parlé avec conviction, les dernières paroles qu'il avait prononcé avait fait rougir ses joues et ses oreilles. Lyria en resta bouche bée. Cet endroit était-il si dangereux ? Les paroles de Rorik avaient tous de suite fait tombé la colère de la jeune femme, il était vrai qu'elle ne voulais pas finir esclave sexuel d'un vieux riche bedonnant. Si les véritables intentions du Prince était de la protéger de ce funeste sort, elle consentirait à laisser l'un des guerrier l'accompagner où qu'elle aille, elle préfèrerait sûrement leurs compagnie à celles des brigands. Et une chose était sûre, les soldats sauraient sûrement mieux repousser ses personnes mal intentionnées qu'elle ne le pourrait elle-même.

- Très bien , s'il s'agit là de la véritable raison je veux bien que vous m'accompagner. Je ne veux pas finir dans une maison close.

Elle rit à sa dernière remarque mais le jeune soldat lui ne riait pas, se concentrant à observer les alentours afin de prévenir une éventuelle attaque. Arrivé au ruisseau, Rorik se mit en retrait et dos à la jeune femme afin de lui laisser plus d'intimité, toujours sur le qui-vive. Lyria était soulagée de constater à quel point la jeune recrue prenait son rôle de gardien à cœur. Elle put donc s'asperger le visage et le cou sans peur qu'un ennemi surgisse d'entre les arbres. Se souvenant du ton pressant de leurs chef, Lyria se dépêcha de finir sa toilette et revint vers Rorik pour qu'ils puissent retourner aux bivouacs. Arrivée sur le lieu où ils avaient passé la nuit, elle put constater avec surprise que les hommes ainsi que Makara étaient près à lever le camp, la rapidité avec laquelle ils avaient rangé leurs paquetage la surprise et elle s'en voulu de ne pas les avoir aider. Dès que le groupe virent arriver Rorik et Lyria, tous grimpèrent en selle, près à reprendre la route. Un guerrier aida la Sorcière à enfourcher sa vieille monture puis il fit de même. Ne restait plus que Lyria au sol, elle se demandait si elle devait les suivre à pied, elle n'était encore jamais montée à cheval avec quelqu'un d'autre.

- Vous allez monter avec moi sur Foscor.

La jeune femme se retourna et vit devant elle le Prince Kei avec une cape de fourrure dans les bras, son étalon derrière lui. Il s'approcha d'elle, passa la cape sur ses épaules et rabattit la capuche sur sa tête.

- Il est plus sage de cacher vos particularités à partir de maintenant, nous allons croiser de plus en plus de personnes et je ne voudrais pas déclencher l'hystérie chez le peuple, pas tant que nous ne serons arrivés à destination.

Sur ses paroles et avant qu'elle ne puisse protester, il prit Lyria par la taille et la hissa avec une facilité déconcertante sur la selle, il ce glissa vite derrière elle et donna le signale à la troupe de prendre la route. Ce soir ils dormaient tous dans un vrai lit.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant