Chapitre 2

39 7 1
                                    

Une douce lumière vint traverser les paupières closes d'un géant endormi, le jeune homme ouvrit les yeux tout en s'étirant. On frappa à la porte.

- Votre Altesse, nous vous apportons votre petit déjeuner ainsi que vos vêtements. Informa une timide voix.

- Entrez, déposez-moi ça quelque part et déguerpissez.

La large porte s'ouvrit et deux servantes entrèrent, l'une portait un plateau généreusement fourni de viennoiseries et de fruits, l'autre transportait dans c'est bras des habits conçu avec la plus fine soie du royaume, ornée de somptueuses broderies et dorures, fraîchement pliés. Elles posèrent ce qui les encombrait sur une grande commode à l'entrée et s'empressèrent de sortir. Dès qu'elles eut fermé la porte, le jeune homme se leva pour ouvrir les rideaux en peaux de bêtes, le ciel était d'un beau bleu, mais l'air dehors qui caressait son torse nu était lourd, signe qu'un orage approchait.

Il se retourna et s'appuya contre le rebord de la fenêtre pour observer la chambre, le lit à baldaquin avait beau avoir la capacité d'accueillir au moins trois hommes, il paraissait ridiculement petit dans cette pièce immense, les murs étaient ornées de tapisseries anciennes et des tableaux de ses ancêtres. Parmi eux se trouvaient, dans un même tableau, ses grands-parents, les anciens souverains Dobrath et Belguah, en dessous se trouvaient les souverains actuels qui n'étaient autres que ses parents, le Roi Tengus et la Reine Sina. Et en baissant la tête, il pouvait voir son portrait où il était seul, l'air noble, ses trait étaient fermes, dures , ses cheveux noirs volaient légèrement au vent, il avait un regard perçants, sans pitié, remplis de mépris et de dégoûts ... car oui, il méprisait les autres, le peuple et surtout les pauvres, ils lui étaient inférieurs en tous points. Son respect était réservé à ses parents et aux méritants, comme les soldats du royaume qui, il le savait, comportait les hommes les plus courageux du pays qui n'hésitaient pas à donner leurs vies pour leur patrie.

Il se dirigea vers une porte au fond de la pièce qui donnait sur une petite salle où se trouvait en son centre une grande baignoire en marbre. Il laissa glisser ses bas jusqu'aux chevilles et pénétra doucement dans le bassin d'eau chaude.

Après s'être lavé, habillé et avoir avalé son petit-déjeuner, le jeune homme se dirigea vers la salle du trône où son père l'avait fait demandé. La bonne qui était venu le chercher  pour le conduire auprès du Roi lui avait fait comprendre qu'il s'agissait d'une urgence.

Arrivé dans la salle du trône, il vit une vieille femme aux côtés du Roi et de la Reine, elle venait régulièrement au château car son père appréciait ses conseils avisés.

- Père, Mère, je vous salue. Il s'inclina légèrement tout en jetant un regard en biais vers la doyenne. Que fait-elle ici ?

- Kei, il semblerait que la prophétie soit sur le point de se réaliser. Son père avait parlé calmement mais on sentait néanmoins de la tension dans sa voix.

- La prophétie ? Comment savez-vous cela ?

- Ne trouvez-vous pas qu'il fait lourd aujourd'hui Votre Altesse ? La doyenne avait soudainement pris la parole et regardait le jeune homme avec malice.

- Le temps ... êtes-vous réellement en train de me parler du temps qu'il fait dehors ?!

- Écoute-la au lieu de t'emporter mon garçon ! A l'entente des réprimandes de son père, le visage de Kei se renfrogna et il consentit à écouter d'avantages d'explications

- Si vous jetez un œil dehors Votre Altesse, vous constaterez que le temps  a considérablement changé depuis ce matin.

Kei se dirigea vers la fenêtre et put constater de monstrueux nuages noirs se former au-dessus du royaume. A l'instant où il se fit cette réflexion, un éclair vint illuminer le ciel, suivis de très près par le bruit déchirant de l'orage, une goutte d'eau tomba entre ses mains qui se trouvaient sur le bord de la fenêtre, une deuxième, puis une troisième, et vite c'est un déluge qui s'abattait sur le château. Malgré ce temps qui devenait de plus en plus chaotique, il faisait très lourd, ce qui était vraiment très désagréable. D'après la doyenne, ce changement rapide annonçait l'arrivée de l'Élu, cet Être venu d'ailleurs qu'il devait protéger et l'aider à gouverner. Kei y avait longuement pensé lorsqu'il était enfant, il s'était toujours demandé à quoi pouvait bien ressembler cet homme. S'il était choisi pour être l'Élu, cette personne qui devait être le salut du royaume, cet Être de savoir, de puissance et de pouvoir, il ne devait être que formidable. Le jeune Prince sentit l'excitation et l'impatience monter en lui à la perspective de pouvoir enfin rencontrer le Héros de son enfance. La sorcière lui avait dit qu'il lui apprendrait beaucoup de choses, et que grâce à lui, il pourrait se mesurer à Viperlus, son oncle, qui était devenu depuis son exil, le plus maléfique des sorciers noir. Il imaginait l'Élu grand, puissant, dans les âges de son père, il imaginait un homme capable de lui apprendre tant de choses.

Kei tourna la tête vers la vieille femme, débordant d'excitation.

- Où doit-il apparaître ?

- Il ? Le questionna la doyenne.

- Oui, l'Élu. Elle le regarda avec un sourire amusé.

- Je vais vous y conduire.

La vielle femme informa les membres royaux que l'arrivé de l'Elu devais ce faire dans la Forêt Céleste qui ce trouvait à deux jours de cheval du château. Le Prince Kei se précipita dans ces quartiers pour préparer quelques affaires, ces gestes rendu confus par l'excitation qu'il éprouvait à l'idée d'enfin rencontrer le héros de son enfance. Il se sentait redevenir le petit garçon sur les genoux de son père qui lui contait encore et encore la prophétie que la sorcière avait prédit alors qu'il n'était qu'un nouveau né. Son paquetage fin près, il descendis dans la cours du château où un jeune palefrenier lui avait sellé Foscor, son magnifique étalon noir. Ce cheval était une grande fierté pour Kei, il l'avait élevé et débourré lui-même et il en avait fait un cheval fort et courageux que lui seul pouvait monter. Une poignée de soldats avait été triés sur le volet pour accompagner le Prince et la Sorcière durant les quelques jours qui allaient suivre. Le petit groupe fin près, la vielle femme et le jeune homme en tête, la troupe s'engagea sur les chemins de campagne, pluie, vent et éclaire accompagnant leurs voyage.


De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant