Chapitre 12

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Bien que Lyria était plus petite que Kei d'au moins une tête, celle-ci soutenait son regard sans faillir. Le Prince devait reconnaître que la petite avait du cran de s'adresser à lui de cette façon car mis à part ces parents, personne n'osait s'adresser à lui ainsi, arrondissant toujours les angles ce qui avait le don de l'énerver. Certes le protocole exigeait une certaine retenue de ces interlocuteurs mais il n'aimait pas qu'on lui fasse perdre son temps et préférait que l'on s'adresse à lui sans détours. Et la jeune femme tremblante de colère qui se trouvait devant lui avait l'air d'être de ceux qui n'avait pas leurs langue dans leurs poches. Et même s'il lui était difficile de l'avouer, il appréciait ce trait de caractère. Mais il ne pouvait le reconnaître devant ces hommes car il ne souhaitait pas que ceux-ci pensent avoir tous les droits face à lui. Bien sûr l'Élue aurait sûrement quelques passes droits envers lui et la famille Royale, mais avant cela il devait vérifier avec les souverains que la jeune donzelle était bien l'Être qu'ils attendaient, avoir été sauvé par un Dragon ne l'avait pas encore tout à fait convaincu. Heureusement la Sorcière prit la parole en s'adressant à Lyria, interrompant l'échange électrique silencieux qui se jouait entre les deux jeunes gens.

- Mon enfant, et sous votre respect votre Altesse, je pense que notre Prince c'est mal exprimer. Vois-tu, te voir tomber dans ce précipice nous a vraiment fait peur à tous, nous pensions t'avoir perdu. Son Altesse c'est précipiter pour descendre afin de te retrouver, nous avons dû le rattraper et lui nouer nous même une corde à la taille afin de le sécuriser tant il avait dans l'idée de te retrouver.

- Je vous aurais trouvé si ce Dragon ne vous avait pas lui-même remonté.

Lyria regarda bien droit dans les yeux du jeune Prince, cherchant la vérité que son regard ne pouvait cacher. Elle prit une grande inspiration et détendit ses muscles qui s'étaient contractés sous la colère. Rorik intervient à son tour.

- Alors comme ça vous parlez le langage des Dragon ? Comment est leurs voix ? C'est incroyable d'avoir pu voir une de ces créatures !

L'intention de Lyria se porta sur le jeune soldat qui était toujours assis non loin d'elle, dégustant son gruau, l'atmosphère se détendit un peu.

- Je ne sais pas, sa voix était profonde, douce et réconfortante, c'est comme si elle résonnait directement dans ma tête.

- Que vous a-t-il dit ? Demanda un soldat qui ne s'était jamais adressé à elle jusque là, tous la regardaient, l'écoutant avec attention.

La jeune femme se rassis et le prince s'appuya, les bras croisé, sur un arbre à ses côtés.

- Il m'a dit que je pouvais vous accompagner, que votre lumière était claire et que je devais faire attention aux personnes qui m'entourerais. Il m'a également dit quelque chose que je n'ai pas vraiment compris, que j'étais la seul à pouvoir l'entendre car j'étais un être neuf dans ce monde.

- Il y a une légende qui nous est transmise depuis des générations à Astas et qui pourrait expliquer ce que vous ne comprenez pas à Damoiselle Lyria. Intervient un autre soldat.

- Conte là nous ! Damoiselle Lyria ne doit très certainement pas la connaître. Rorik ce tourna vers la jeune femme. J'adore cette légende, mon père nous en parlait souvent lorsque mon frère et moi étions enfants !

Tous se tournèrent vers l'Élue, attendant de voir sa réponse.

- Bien sûr, si cela ne vous dérange pas je souhaiterais l'entendre, j'adore les contes et légendes ! Et puis je n'avais moi-même jamais vu de Dragon de ma vie. J'aimerais bien vous entendre nous conter cette légende.

Dès ses paroles prononcées, l'atmosphère se détendit enfin, les hommes se rapprochèrent de l'Elus, comme si ce qui les retenait jusqu'à présent s'était envolé.

- Vous allez voir Damoiselle Lyria, Angus conte très bien les histoires ! S'enthousiasma Rorik.

- C'est bien normal ! Son père était troubadour ! D'ailleurs il aurait mieux fait de suivre son exemple car comme soldat il n'est pas terrible ! Intervient l'un des hommes.

Tous se mirent à rire de bon cœur. Le dénommé Angus, un homme costaud d'une quarantaine d'années, déchaussa une de ses bottes pour l'envoyer sur son compagnon qui l'avait gentiment charrié. Lyria pouffa légèrement derrière ses mains face à la scène joyeuse qui se déroulait devant elle. Les soldats l'observaient avec une curiosité et une bienveillance nouvelle. Lorsqu'elle le remarqua, la jeune femme haussa un sourcil.

- Que se passe-t-il ? J'ai quelque chose sur le visage ?

- Non, Damoiselle Lyria, vous avez l'air simplement plus accessible que nous le pensions.

- Je vous avais bien dit que Damoiselle Lyria n'était pas effrayante ! Se venta Rorik, le torse bombé tout fière de lui.

- Vous me trouviez effrayante ? S'étonna la jeune femme.

- Oh bien sûr que non ! Enfin si ! C'est-à-dire que c'est un peu compliqué ... S'emmêla un soldat, la Sorcière rigola doucement aux côtés de Lyria.

- Ce que mon camarade essaie de vous dire Damoiselle Lyria, c'est que nous vous attendions depuis longtemps. Tous le royaume attend votre arrivée avec impatience, alors dès que nous avons su que nous serions de ceux qui seraient en charge de votre protection lors de votre arrivée et bien que très excité de vous rencontrer, sans mauvaises arrières pensé bien sûr, nous appréhendions un peu de vous rencontrer. La prophétie ne donnait que très peu d'informations sur vous donc nous avons eu le temps d'imaginer à quoi vous ressembleriez.

- Une prophétie ? Questionna la jeune femme.

- Oui mon enfant, mais je pense qu'il serait préférable pour toi d'en savoir plus une fois que nous serons arrivés au château, nous pourrons discuter de cela à tête plus reposée.

- Très bien ... Lyria se retourna vers le soldat qui avait plutôt parlé. Et donc vous m'imaginiez comment ?

Le sang monta aux joues de l'homme qui avait sûrement honte de la réponse qu'il allait lui donner.

- Oh vous savez, chaque personne avait de vous une représentation différente, mais je pense que pour beaucoup, on s'attendait à voir un homme de très grande taille et corpulence, l'air sinistre, dangereux avec une aura écrasante.

Tous hochaient la tête comme un seul homme.

- Eh bien ... Je ne suis rien de tout cela en effet !

Lyria rit face aux mines penaudes qu'avaient ces grands gaillards, honteux de leurs aveux. Dès qu'ils la virent rire, constatant qu'elle ne leur en voulait pas, les guerriers, soulagés, s'esclaffèrent de bon cœur.

- Et si vous nous racontiez cette légende Angus ? Intervient Makara une fois le calme revenu.

Tous se tournèrent vers l'intéressé, attendant le début du récit.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant