Chapitre 35

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Lyria courrait à en perdre haleine, sa robe entravant ses jambes, elle slalomait entre les arbres, les branches lui griffait les bras et le visage. Il la rattrapait, elle le savait, elle l'entendait, elle le sentait. Le râle de son poursuivant s'insinuait sournoisement jusqu'à ses oreilles, elle pouvait sentir sur sa peau le souffle chaud du monstre à ses trousses. Elle avait si peur, des larmes brouillait sa vue, sa gorge lui brûlait et ses jambes menaçaient de se dérober à tous moment, puis elle senti une grosse main s'abattre sur elle, la jeune femme ferma les yeux et un cri déchirant traversa ses lèvres. Lorsqu'elle les rouvrit, le cauchemar qui la poursuivait s'était multiplié, devant elle se trouvait maintenant trois malfrats qui la regardaient dangereusement, sa main trouva une branche qu'elle commença à agiter devant elle.

- Ne vous approchez pas ! Laissez moi tranquille !

Mais ses protestations ne semblaient pas atteindre ses poursuivants car ils s'approchaient lentement d'elle, les mains en avant. La jeune femme recula jusqu'à ce retrouver bloquer par un arbre. Un quatrième homme apparut devant elle, immense, terrifiant, les larmes roulaient sur ses joues à l'idée des choses abominable que ce monstre prévoyaient surement de lui faire subir. Elle brandit son arme de fortune afin de le maintenir à distance et donna des coups dans l'air.

- Je vous prévient, n'approchez pas ! Je ne me laisserais pas faire sans me battre !

Mais l'homme attrapa son arme avec tant de facilité que la jeune femme en trembla d'effroi, plus rien ne l'empêcherait de lui faire du mal. Mais étonnamment il ne bougea pas, restant là à la regarder, elle remarqua que ses lèvres bougeaient.

- Lyria ... pas peur ... Kei ... château ... sécurité ...

Elle ne comprenait pas, la peur commandait toujours son corps, mais elle sentit quelque chose lui entourer la main. Lorsqu'elle baissa les yeux, elle vit que l'homme avait glissé sa grande main le long de son arme jusqu'à rencontrer la sienne et lui serrait doucement. Etonnamment, il dégageait de la patte du géant une chaleur rassurante et une douceur étonnante.

- Lyria ...

Comment connaissait-il son prénom ? Elle leva des yeux confus vers lui et l'observa plus attentivement à travers ses larmes, la nuit laissait place petit à petit au jour, et la forêt disparut lentement et laissa apparaître sa chambre, lorsqu'elle regarda les trois barbares, elle reconnu Makara, la Reine et une domestique. Puis elle posa son regard sur le géant devant elle et le monstre qui la poursuivait fit place petit à petit à une grande silhouette imposante mais bien habillé, une mâchoire ciselée couverte d'une légère barbe noir, et des yeux d'un bleu semblable aux ciels d'hiver, mais traversé par ce qui semblaient être un mélange d'inquiétude et d'appréhension. Elle lâcha son arme de fortune et ses larmes, cette fois de soulagement, redoublèrent en intensité.

- ... Kei ?

- Oui ! Oui ... C'est moi. Je suis là ...

La jeune femme s'écroula en larme dans les bras du Prince qui la rattrapa et la serra fort, l'empêchant de tomber. Elle s'agrippait à sa chemise avec force, comme si c' était la seule chose qui l'empêchait de sombrer de nouveau en plein cauchemar. Le Prince, peu habituer à une tel étreinte, se surprit à apprécier cette proximité qu'il avait avec la jeune femme malgré la situation. Il ne savait pas si ce besoin de la toucher provenait du fait qu'elle soit l'Elue, où parce que la détresse qu'elle exprimait réveillait en lui des aspects de sa personnalité jusqu'alors insoupçonnés. Doucement, il vint caresser de sa grande main la chevelure de la jeune femme, appréciant le touché soyeux de ceux-ci, tous en la serrant fort de son autre bras, comme s'il voulait contenir les tremblements de celle-ci. Il ne cessait de murmurer à son oriel qu'elle se trouvait en sécurité au château et que plus personne ne pourrait lui faire de mal, la berçant doucement. Lorsqu'elle sembla se calmer, le Prince la conduisit jusqu'au canapé devant la cheminé et entreprit de raviver le feu pendant que Makara et la Reine s'approchèrent prudemment de la jeune femme.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant