Chapitre 5

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Une fois sortis de la salle où ils avaient passé leur épreuve, ils se retrouvèrent dans un espace sombre car très peu éclairé. Ils se dirigèrent vers une console adossée à une vitre qui donnait sur la salle où se faisait l'exercice qu'ils venaient d'achever. Devant les écrans et les différents interrupteurs qui contrôlaient le tout étaient installés une jeune femme vêtue du même uniforme qu'eux quatre, ainsi que Casan en smoking qui les attendait, bras croisés :

« La mission est maintenant terminée. Annabelle, votre ressenti ? »

La jeune femme qui l'accompagnait s'éclaircit la gorge avant de déclarer :

« Eh bien, l'opération à été rondement menée. Tous les ennemis ont été neutralisés et les otages ont été récupérés sains et saufs. Cependant... »

Elle regarda dans leur direction d'un regard hésitant avant de poursuivre :

« ... le fait de tuer les opposants de manière si froide et implacable en présence d'otages n'inspirera pas forcément confiance. Certains innocents peuvent avoir peur et refuser l'aide que vous leur offrez. »

Casan hocha doucement la tête puis regarda Thryt avec insistance, dans l'attente d'une réponse. Le jeune Hybride était une tête brûlée, mais pas stupide pour autant : il savait que cette reproche le concernait principalement, mais il ignorait comment répondre.

« Si je puis me permettre, Casan... intervint Zircon. »

L'interpellé lui fit signe de poursuivre :

« Merci. La seule raison pour laquelle Thryt a été d'une telle violence, c'est uniquement parce qu'il savait que nous étions en réalité virtuelle. En situation réelle, il n'aurait jamais été aussi expéditif.

— C'est vrai, appuya Arca. Thryt est le plus bagarreur d'entre nous, mais il sait faire preuve de compassion pour les autres et avait déjà remarqué que les victimes n'étaient pas conscientes. »

Le plus puissant des Hybrides regarda le concerné d'un œil inquisiteur :

« Qu'est-ce que tu as à dire pour ta défense, Thryt ? »

Le jeune homme haussa légèrement les épaules et répondit :

« Ce que je peux dire importe peu, ce n'est pas à moi de juger mes propres actions.

— Bonne réponse, approuva Casan. Pour répondre à ta crainte fondée, Annabelle, c'est moi qui leur ai dit de ne laisser aucun obstacle entraver leur progression. Thryt l'a pris légèrement trop au pied de la lettre et s'est montré d'une froideur qui ne le représente généralement pas. Cela leur avait d'ailleurs été signalé de temps en temps : ils ont parfois tendance à trop se retenir vis-à-vis de leurs ennemis. Félicitations à vous quatre, vous venez de réussir le dernier test pour rejoindre l'armée Hybride. Vous êtes désormais complètement des nôtres. »

Visiblement soulagés de l'apprendre, ils se regardèrent avec un sourire heureux. Cependant, ils se reprirent rapidement car Casan n'avait pas fini de parler.

« Bien ! Votre première mission officielle ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. Pour le moment, vous êtes libres de vous reposer et de profiter de votre temps libre pour faire ce que vous voulez. »

Maintenant certains d'avoir intégré les rangs des Hybrides, ils remercièrent sincèrement Casan et Annabelle qui avaient assisté à leur épreuve, puis ils retournèrent dans leurs chambres respectives pour se changer.

« Rendez-vous à l'espace d'accueil dans quinze minutes ! s'exclama Arca avant de claquer sa porte. »

Zircon entra ensuite dans la sienne et la contempla, perdu dans ses pensées. Son lit, pourvu de draps d'un gris clair, était collé contre le mur du fond, juste à côté de l'endroit où il laissait sa lance lorsqu'il ne s'en servait pas. Après avoir rallié l'entraînement des Hybrides, il avait appris que la pointe de son arme était en diamant vert, l'une des ressources parmi les plus rares du Monde Humain. Ces semblables avaient tous une arme taillée dans le même matériau, jugé comme l'un des seuls pouvant percer la peau d'un Dépeceur. Sur la paroi à sa gauche étaient fixés un lavabo et un miroir pour qu'il se rase ou se lave les dents, par exemple. Juste à côté reposait une armoire où il rangeait ses habits et l'objet qui comptait le plus pour lui. Pensif, il ouvrit le compartiment en question et fixa ce petit couteau de chasse doté d'une lame en zircon que son père lui avait offert lorsqu'il eut quinze ans. Il lui avait d'ailleurs expliqué qu'il fabriquait cette lame lorsqu'il l'avait recueilli et qu'il tenait son nom de cet ouvrage.

Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du DépeceurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant