Une fois sortis, les quatre amis allèrent s'installer dans un petit parc à proximité, désireux de rester cachés et de ne surprendre aucune oreille curieuse. Arca étant encore un peu faible car affamée depuis plusieurs jours, Subur et Thryt s'étaient proposés pour aller lui trouver de quoi manger.
« Près de trois jours, dit Zircon, pensif. Comment tu as réussi à tenir autant ?
— Je n'ai pas eu beaucoup de choix, reconnut-elle. Je me suis rappelé d'une technique de sauvegarde dont nous avait parlé Casan lors de notre apprentissage : il appelait ça la « Stase du Rêveur ». »
Le jeune homme se souvenait de cette leçon enseignée par leur supérieur. Dans une situation extrême où l'objectif était de survivre sans aucune ressource disponible, les Hybrides pouvaient avoir recours à une solution d'urgence appelée la « Stase du Rêveur ». Replié sur soi-même, il n'avait qu'à penser à un lac gelé pour ralentir son organisme et, plus généralement, sa vie et sa perception de l'environnement. Ainsi, il pouvait prolonger son espérance de vie s'il restait inconscient.
« Heureusement que tu es brillante, commenta-t-il. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui aurait réussi cela.
— Il suffit de penser à un lac gelé, Zir, tout le monde en est capable. »
L'intéressé ne préféra pas argumenter : sur le principe, songer à une simple image donnait l'impression d'être d'une simplicité désarmante, toutefois la « Stase du Rêveur » était complexe et nécessitait une appropriation totale de l'image. Il s'agissait d'aller au-delà de la visualisation, et de saisir les émotions, les effets de la température provoqués : en clair, la personne devait tromper son cerveau et lui faire croire qu'elle avait changé d'environnement.
Subur et Thryt revinrent avec de la nourriture pour tout le monde et ils commencèrent tous leur petit bivouac composé de sandwichs et bouteilles d'eau.
« Si on résume la situation, commença Arca entre deux bouchées, on est les seuls à pouvoir affronter un homme qui a des pouvoirs magiques, s'avère être le dirigeant du Monde Humain et se prépare à tous nous exterminer dans sa folie. J'ai oublié quelque chose ?
— L'armée de Dépeceurs artificiels qui attend à Pleym-Shurg ? suggéra Thryt. »
La jeune femme lui adressa un sourire amusé et rétorqua :
« N'oublions surtout pas ceux-là.
— Casan nous a dit qu'il s'occupait de retenir ceux à la Capitale, rappela Subur. Ça règle un problème, mais je ne vois pas comment régler notre premier souci.
— On ne pourrait pas retourner son mode opératoire contre lui ? se demanda Zircon. Il existe bien un artéfact qui pourrait le contrecarrer, non ? »
Arca sembla réfléchir quelques instants et haussa les épaules, n'ayant pas d'idée pour les aider dans leur situation. L'espace de quelques minutes, il mâchèrent leurs victuailles en silence, leurs esprits en recherche active de solution miracle.
« Je ne sais pas pour défaire Sarlor, songea Subur, mais j'ai ma petite idée pour son armée de Dépeceurs artificiels, bien que je déteste ce plan. »
Incapable de deviner ce qu'elle avait en tête, ses trois amis attendirent silencieusement qu'elle daigne s'expliquer :
« Richisium le saurait probablement. »
Zircon manqua de s'étouffer. Une fois sûr qu'il ne risquait pas de se loger un morceau de sandwich dans le mauvais conduit, il regarda son amie avec des yeux ronds comme des soucoupes.
« Euh... tu es sûre ? risqua Thryt. Je veux dire, on peut très bien trouver un autre moyen de...
— Je doute qu'il y en ait, répondit Subur, amère. Non seulement on doit retrouver Sarlor qui pourrait être n'importe où dans Oflos, mais il serait naïf de penser qu'il se déplace seul. Il aura une escorte de Dépeceurs artificiels, c'est certain. Richisium a contribué à leur création, il en connaît sûrement les points faibles mieux que personne. »
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Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du Dépeceur
Science FictionCela fait un millénaire que les humains ne règnent plus en maître sur leur planète. Pourchassés et tués par des créatures de cauchemar appelées « Dépeceurs », les derniers vestiges d'une civilisation au bord de l'extinction se sont repliés derrière...