Après une dizaine d'heures de voyage ininterrompu, ils atteignirent leur destination. À la suite de leur entrevue avec Richisium, ils s'étaient accordés un peu de temps pour récupérer leurs affaires cachées, ainsi que celles d'Arca laissées à l'hôtel auquel ils avaient séjourné.
Ils avaient réussi à récupérer une voiture abandonnée en état de rouler, puis avaient pris la route sans perdre de temps. À mesure qu'ils se rapprochaient de la Forêt de Briques, les quatre amis remarquèrent que la nature reprenait ses droits et envahissait de plus en plus la chaussée. Au final, à quelques kilomètres des ruines, ils avaient été obligés de stopper le véhicule puisque la voie était devenue impraticable.
Dès lors, ils avaient récupéré leur équipement de combat, quelques rations de survie et du matériel de repérage avant de s'engager dans l'un des endroits parmi les plus craints du Monde Humain. Armés et vigilants, ils s'engagèrent sur ce qui restait de l'accès menant à leur objectif.
Autour d'eux, les arbres grouillant de vie semblaient les accueillir avec les cris des animaux, les feuilles se laissaient caresser par le vent et le léger son d'un cours d'eau retentissait à proximité. Sans le risque omniprésent d'embuscade par une créature millénaire, Zircon aurait pu se croire dans une petite balade dans une forêt luxuriante et paisible. L'espace de quelques minutes, il s'accorda un léger relâchement avant d'entrer dans les ruines d'une civilisation passée.
Ces dernières semblaient dormir sous un tapis d'herbe et de plantes grimpantes. Pour la plupart des maisons, de nombreux trous permettaient aux Hybrides d'en observer sans avoir besoin d'entrer. Le plus saisissant restait l'immense bâtisse de métal et de béton torsadée qui subsistait et avoisinait les cinquante mètres de haut, telle un phare au centre de cette ville en lambeaux. En regardant autour d'eux, Zircon crut remarquer quelque chose d'intrigant sur le sol :
« Vous avez vu ça ? »
Ses trois amis se rapprochèrent pour contempler ce qu'il leur désignait : une empreinte animale, bien trop large et imposante pour avoir été faite par un être vivant dans le Monde Humain. La conclusion était la même pour chacun d'entre eux :
« Soit cette trace a été faite par une créature des Terres Extérieures... commença Subur.
— Soit il s'agit de la sombre bête meurtrière qui hante ces lieux, compléta Arca. »
Zircon passa le bout de ses doigts sur cette preuve intrigante et en observa les contours avec attention. Après un moment d'études, il déclara :
« Quoique ce soit, il est fort probable que ce soit toujours dans les environs. Cette empreinte date d'à peine quelques jours, alors il vaut mieux rester vigilant. »
Le message étant passé, ils dégainèrent leurs armes et raffermirent leur attention. L'Hybride cherchait tout mouvement suspect, mais ne se limitait toutefois pas à sa vue pour se repérer : il étudiait les vibrations du sol si une immense bête se déplaçait, il cherchait toute odeur suspecte et restait à l'écoute du chant des oiseaux. En effet, lorsque ceux-ci se taisaient, cela revenait généralement à signaler la présence d'un prédateur dangereux.
Pour le moment, rien ne signalait la présence d'une quelconque menace. Cela ne voulait pas pour autant dire qu'il pouvait se relâcher. Plus ils avançaient, plus les indices témoignant d'une présence malfaisante s'amoncellaient : un rocher éclaté, des griffures le long d'un mur ou encore des ossements et autres traces de sang qui teintaient l'herbe aux alentours.
Zircon s'accroupit un instant, toucha les marques rougeâtres et analysa ce qu'il pouvait en tirer. Le liquide rougeâtre avait eu le temps de sécher et de disparaître petit à petit. Il estima cet indice vieux de plusieurs heures. Cependant, il remarqua une coulée d'hémoglobine à plusieurs dizaines de mètres de sa position. Celle-ci, bien que commençant à sécher, n'avait pas totalement complété le processus. Pour le jeune Hybride, l'information était claire : au vu de la température ambiante se situant aux alentours de vingt degrés Celsius, cette trace de sang avait moins d'une heure. De plus, il avait la désagréable impression d'être dévisagé :
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Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du Dépeceur
Ficção CientíficaCela fait un millénaire que les humains ne règnent plus en maître sur leur planète. Pourchassés et tués par des créatures de cauchemar appelées « Dépeceurs », les derniers vestiges d'une civilisation au bord de l'extinction se sont repliés derrière...