Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du Dépeceur

Chapitre 31

« Zir, on va retenir les indésirables ici, avait lancé Subur. Quoique tu aies réussi à accomplir dans l'Arène, il vaudrait mieux que tu saches le réitérer. Tu es la dernière défense du Monde Humain ! »

La pression pesait sur ses épaules, toutefois il savait qu'il n'avait aucun choix : le Monde Humain dépendait de lui. Sarlor, toujours affairé à pianoter sur la console, ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Zircon, voyant dans cette situation une opportunité, se servit de sa lance comme un harpon et l'envoya vers l'adversaire. Sans se retourner, le renégat sembla faire appel à sa magie et dévia le projectile avec un large bloc de pierre. D'un air las, il se retourna et regarda l'Hybride en soupirant :

« Quand comprendrez-vous que me faire face est peine perdue ? Le sort de cette civilisation est de toute façon scellé !

— Tu sais ce qu'on dit, non ? Aucune course n'est gagnée d'avance, alors ne te proclame pas vainqueur. »

Il récupéra sa lance au sol, lui fit décrire un petit moulinet et se mit en garde.

« Plus d'astuces pour te défiler, Sarlor ! Il faut m'affronter ou je détruis le tableau de commandes. »

Le Conseiller déchu se désintéressa des touches et s'avança face à l'Hybride. D'un léger mouvement de poignet, il fit léviter une carcasse de voiture et l'envoya vers Zircon. Celui-ci,devant la rapidité d'exécution et la vitesse de l'objet mortel volant dans sa direction, n'eût pas le temps de réfléchir. Ses réflexes reptiliens furent ceux qui sauvèrent sa vie : il sauta par-dessus et se jeta sur son adversaire, lance au clair. Sarlor souleva un bloc de bitume de la taille d'une petite voiture et l'interposa entre l'Hybride et lui.

L'arme du jeune combattant s'enfonça dans ce mélange de goudron, poussière et de béton comme dans du beurre tandis qu'il brisait le bloc à mains nues. Le traversant de part en part, il se servit de l'effet de surprise pour frapper le renégat à la tempe. Même si ce dernier réussit à parer, il mordit la poussière et s'éloigna inévitablement de la console. Après s'être relevé, Sarlor fit craquer la jointure de ses doigts, cracha sur le sol de dégoût, s'étira les bras et se jeta sur Zircon. L'Hybride plaça sa lance devant lui, pointée vers l'abdomen du renégat, prêt à l'emparer tel un morceau de viande sur une brochette.

C'était sans compter sur les réflexes de son adversaire qui, se contorsionnant, réussit à saisir la hampe de l'arme et à s'en servir pour éjecter Zircon qui vola sur plusieurs mètres. Maintenant en possession de la lance, Sarlor tenta, à son tour, de l'embrocher. Dans un laps de temps plus court qu'un clignement des yeux, le jeune guerrier réussit miraculeusement à bloquer l'instrument de son trépas avec ses pieds, puis la fit passer au-dessus de sa tête avant de frapper l'estomac de celui qui la maniait. Le souffle coupé, le Conseiller Déchu recula de quelques pas et laissa tomber la lance à ses pieds tandis qu'il se tenait les côtes à la recherche de sa respiration.

« Quoi que tu prétendes, ce pouvoir t'a rendu faible, Sarlor. Je ne te laisserais pas mettre en danger mon monde.

— Ton monde ? L'humanité est vouée à disparaître ! Si ce n'est pas par moi, ce sera par un fléau tout aussi dangereux : les Enfants du Soleil, Goliath, les Survivants, le Rempart tombera quoiqu'il arrive ! Rien ne dure éternellement. »

Zircon tiqua : l'un des noms que son opposant venait de citer était de plus en plus récurrent et semblait cacher une sombre menace.

« Alors je me mettrais également en travers de leur chemin, comme je vais t'arrêter, ici et maintenant.

— Tu ne comprends donc rien. Ces pouvoirs n'ont pas seulement fait de moi l'être le plus puissant du Monde Humain, il m'a aussi permis de voir l'avenir et ses possibles alternatives. Lorsque je te dis que c'est le seul chemin sans douleur, tu peux me croire sur parole.