Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du Dépeceur

Chapitre 15

Il ne leur fallut pas beaucoup de temps pour aller jusqu'au complexe entièrement dédié à la formation des Hybrides, ainsi que leur lieu de vie. Ils passèrent par l'entrée principale, lourde porte en fer grisâtre hérissée de piques sur le haut. Ils arrivèrent ensuite devant le hall par lequel passaient leurs frères et sœurs d'armes lorsqu'ils revenaient de mission. L'espace servait aussi à accueillir les rares visiteurs que recevaient les dirigeants du complexe.

Ils sortirent du véhicule, récupérèrent leurs affaires et suivirent Casan. Celui-ci n'avait pipé mot au cours du trajet et continuait de se murer dans le silence, l'air préoccupé. D'un autre côté, ce qu'il leur avait annoncé ne rassurait pas Zircon : que le Conseiller responsable de leur supervision souhaite s'entretenir avec eux était une chose, qu'il se déplace personnellement jusqu'au complexe Hybride en était une autre.

En effet, les Conseillers, de par leur statut implicite mais bien présent dans les esprits de dirigeants du Monde Humain, préféraient rester cloîtrés à l'intérieur de la Tour Brisée. Lorsqu'ils en sortaient, même leur garde rapprochée ne pouvait suffire à contenir les différentes menaces qui pesaient sur chacun d'eux.

Ils eurent à peine le temps de poser leurs effets personnels dans leurs chambres que Casan les pressait de rejoindre leur référent dans une salle de réunion à l'autre bout du complexe. Au pas de course, les trois Hybrides se dépêchèrent de rallier le point indiqué et arrivèrent, essoufflés, devant la porte.

La salle, modeste lieu de réunion doté d'un ensemble de chaises en fer noir autour d'une grand table de bois, ne payait pas de mine. Au centre de la dite table était posé un projecteur qui affichait un fond bleu ciel sur un écran blanc. Au fond de cette salle, le Conseiller les attendait, jambes croisées et coudes posés sur les accoudoirs de son fauteuil en velours pourpre, les mains jointes sous son menton.

À la place de la robe habituelle rouge et or qu'arboraient les dirigeants de Pleym-Shurg à l'intérieur de la Tour Brisée, l'homme âgé d'environ soixante-dix ans était vêtu d'un costume noir ajusté à son gabarit remarquablement bien conservé. Ses cheveux étaient brossés sur le côté, ses sourcils étaient froncés et ses yeux trahissaient une certaine nervosité, si ce n'est de la peur. Lorsqu'il les vit arriver, son regard s'illumina un bref instant tandis qu'il les invitait à s'asseoir autour de la large table en bois qui occupait la majeure partie de la pièce.

« Installez-vous, je vous en prie. Lorsque j'ai appris que vous étiez de retour à Pleym-Shurg, j'ai senti le besoin urgent de savoir ce que vous avez appris à propos de ce meurtre. »

Le jeune Hybride haussa les sourcils, se demandant comment le Conseiller les savait en chemin pour le Pays-Capital. Il allait poser la question à voix haute lorsque l'évidence lui apparut comme un rayon de soleil au creux des nuages : cet homme était l'une des personnalités parmi les plus influentes de leur monde, il était évident qu'il pouvait savoir quelque chose de la sorte. Subur sembla cependant réticente à dévoiler la vérité. Elle regarda Zircon d'un air indécis et sourit faiblement lorsque celui-ci hocha la tête.

« Pour être totalement honnête avec vous, Monsieur, ce n'était pas exactement un meurtre. »

Au cours des vingt minutes qui suivirent, la jeune femme détailla l'ensemble de leurs aventures, de la découverte de la petite Diana qui se cachait dans une trappe du mur de sa maison après l'attaque du Dépeceur artificiel, le premier affrontement contre l'une des créatures, leurs recherches et leur second affrontement, décisif et chargé de révélations. Ces dernières, selon l'opinion de Zircon, avaient apporté presque autant de questions que de réponses.

Une fois que Subur eut fini de relater les événements de ces derniers jours, le Conseiller se leva et commença à faire les cent pas autour de son fauteuil. Les Hybrides, incapables de déchiffrer son expression, attendirent qu'il exprime son opinion ou qu'il leur pose des questions détaillées. Après une trentaine de secondes à regarder leur supérieur faire des allers-retours dans le fond de la pièce, ce dernier articula enfin :