Des cris retentirent tout autour d'Arca. L'Hybride savait qu'elle était loin de se situer dans une position avantageuse, cernée et débusquée comme lors d'une partie de chasse. Elle pesta : l'obscurité était oppressante et l'empêchait de distinguer clairement son environnement.
Cela ne l'empêcha pas de persévérer dans sa quête de réponses. Elle se savait près du but et n'allait pas renoncer, pas avant de découvrir la solution qui lèverait le voile de brume qui pesait sur le mystère entourant cette affaire. Derrière elle, de nouveaux grognements retentirent, plus proches que les précédents. Elle s'enfonça dans un passage sur sa droite et crapahuta aussi vite qu'elle le pût dans ce qu'elle imaginait être la bonne direction.
Ses vêtements lui collaient à la peau, trempés de transpiration et d'humidité ambiante, sa respiration était saccadée et ses muscles commençaient à atteindre leur limite. Pour autant, la proximité de ces présences hostiles et sa volonté de leur échapper lui donna le sursaut d'énergie dont elle avait besoin pour repartir de plus belle.
Était-ce une bonne idée de s'être aventurée en cet endroit seule ? Certainement pas. Cependant, la jeune Hybride n'avait pas pu se résoudre à attendre le retour de ses camarades pour exploiter cette piste. Elle avait aussi envisagé la perspective de se retrouver seule, livrée à elle-même et incapable d'établir un contact quelconque avec Zircon ou qui que ce soit d'autre. Elle avait, en conséquence, pris des dispositions pour que ses trois amis retrouvent sa trace sans trop de problèmes.
Elle repéra du mouvement devant elle, encocha une flèche et tira à l'aveuglette. À en juger par le cri que laissa échapper ce qui lui barrait le passage, elle avait fait mouche. Toutefois, elle ne se reposa pas sur ses lauriers et chargea son opposant dans un hurlement de défi. D'un coup de tête surpuissant, elle expédia la mystérieuse créature contre un mur et poursuivit péniblement sa course. Elle bifurqua de nouveau et sembla distinguer une légère lumière bleutée. Après un séjour prolongé dans un endroit privé de lumière, Arca distinguait cette lueur comme s'il s'agissait d'un rayon de soleil.
Elle continua à évoluer dans ce dédale complexe pendant quelques minutes et arriva dans une immense alcôve pouvant facilement accueillir un porte-avions en son sein. Sur les murs comme sur le plafond, de profondes failles serpentaient l'entièreté de l'espace, indiquant la menace d'un effondrement à n'importe quel moment. Au fond de la salle, enchaînés tels des esclaves dans un piteux état, une centaine de personnes la regardaient avec des yeux implorants.
« Qu'est-ce que... commença Arca. »
Ils semblaient tous connectés à ce qui s'apparentait à une paire de réacteurs d'avions, chacun aussi gros qu'une maison de trois étages. La lumière qu'elle avait perçue quelques minutes auparavant provenait d'ailleurs de ceux-ci, pour le moment silencieux et inactifs. La jeune femme poussa un soupir de soulagement : elle n'était pas arrivée trop tard. N'écoutant que son courage, elle s'élança vers les civils prisonniers dans l'objectif de les détacher.
Malheureusement, après avoir couvert la moitié de la distance les séparant, elle entendit un bruit assourdissant, semblable à du métal qui pliait en grinçant, qui provenait de derrière elle. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour comprendre ce qu'il en était : ses poursuivants l'avaient rattrapée. Consciente qu'elle n'avait pas assez de temps pour libérer les prisonniers sans les mettre en danger, elle pila net et se retourna, l'arc prêt à l'utilisation.
Se tenaient, dans l'encadrement de l'accès à l'alcôve, deux Dépeceurs artificiels prêts à lui sauter dessus. Pendant quelques instants de flottement, ni elle ni eux ne bougea. Puis, détournant le regard pour regarder derrière eux, les Dépeceurs baissèrent leur garde. Arca ne se fit pas prier : elle exploita cette faute d'inattention et tira.
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Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du Dépeceur
Science FictionCela fait un millénaire que les humains ne règnent plus en maître sur leur planète. Pourchassés et tués par des créatures de cauchemar appelées « Dépeceurs », les derniers vestiges d'une civilisation au bord de l'extinction se sont repliés derrière...