Chapitre 18

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La salle n'avait pas changé d'un pouce : toujours la même allure majestueuse, les rayons de lumière rouge frappant le sol et le plafond, les sièges en cercle depuis lesquels chaque Conseiller les dévisageaient. Furimgash alla se jucher sur le sien, croisa les bras et fixa le trône encore vide de Sarlor, le dirigeant des dirigeants.

Les Hybrides s'avancèrent jusqu'au centre du cercle et attendirent, nerveux et pressés d'en terminer. Plusieurs minutes s'écoulèrent dans un silence de mort, pendant lesquelles pesa une atmosphère lourde et tendue, jusqu'à ce qu'entre le Conseiller Suprême depuis une large porte rouge derrière son trône et s'installa. Zircon ne put s'empêcher de hausser un sourcil : la plus haute des autorités du Monde Humain avait l'air essoufflé, sa robe semblait avoir été mise à la hâte et son regard semblait plus alerte que lors de leur première rencontre. Le Conseiller semblait avoir perdu quelques années de vieillesse, mais Zircon estima qu'il ne s'agissait que d'une impression.

« Toutes mes excuses pour ce retard imprévu, déclara-t-il, j'avais d'urgentes affaires à régler.

— Il est tout de même rare de vous voir parmi nous, Conseiller Suprême, souligna l'un des dirigeants. Nous allons commencer par croire que vous ne vous souciez plus du sort de notre monde.

— Ce que je fais de mon temps libre ne regarde que moi, maugréa le dirigeant de tous avant de reporter son attention sur Zircon et ses amis. Hybrides, nous vous écoutons. »

Au cours des dix minutes qui suivirent, les trois amis se relayèrent pour relater leurs aventures et faire le bilan de l'enquête qu'ils avaient si ardemment menée. Ils passèrent certains détails sous silence, volontairement, pour pouvoir s'en servir dans un futur plus ou moins proche. Une fois le récit terminé, les Conseillers prirent un moment pour se concerter. Ils congédièrent les guerriers pendant un moment puis, après quelques minutes d'intenses débats, ils les rappelèrent.

De nouveau au centre du cercle formé par les dirigeants, ils attendaient patiemment le verdict :

« Après avoir rapidement débattu à propos de la véracité de ce que vous venez de nous raconter, proclama l'un des meneurs du Monde Humain, nous en avons conclu à la quasi-unanimité que des mesures devaient être prises sans tarder. »

Zircon buta sur un terme employé par celui qui venait de s'exprimer et osa :

« Quasi-unanimité, Conseiller ? L'un d'entre vous est en désaccord avec cette décision ?

— C'est exact, Hybride, répondit Furimgash. Nous avons tous approuvé cette conclusion, excepté la plus haute autorité de notre civilisation : le Conseiller Suprême. »

Le jeune homme écarquilla les yeux et fixa le concerné avec incrédulité, dans l'attente d'explications. De toute évidence, il n'était pas le seul à espérer les détails de ce refus de sauver leur monde, puisque toute la salle se murait dans le silence et guettait une réaction du dirigeant des dirigeants :

« Cette réaction me paraît disproportionnée quand tout ce que nous avons est la parole de trois Hybrides qui n'ont jamais rempli de mission auparavant.

— Vous êtes en train de suggérer qu'ils mentent ? demanda l'un des Conseillers.

— Je souhaite simplement vous rappeler, mes chers confrères, que l'imagination d'enfants peut être débordante et que les événements ne sont pas forcément aussi dramatiques que ce qu'ils laissent supposer. »

Zircon n'en croyait pas ses oreilles : le Conseiller Suprême était en train d'insinuer qu'ils exagéraient lorsqu'ils parlaient d'une catastrophe mondiale. La colère et la frustration commençaient à affluer en lui, toutefois il fit ce qu'il pouvait pour les contenir tandis qu'il se rappelait le danger planant autour du silence d'Arca. Chaque minute comptait, aussi il se calma et rétorqua :

Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du DépeceurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant