Mehonir s'assura qu'ils avaient bien leurs affaires avec eux, les prix de se serrer, puis ferma les yeux et prit une inspiration bruyante. Elle claqua des mains, provoquant presque une onde de choc, puis se mit à psalmodier des paroles incompréhensibles. En un instant, le monde parut se clouter puis se retourner. Quelques secondes plus tard, ils faisaient face à une ville similaire à Udrar, à ceci près que la Luciole n'apparaissait nulle part : ils étaient bien arrivés à Centillon.
« On dirait qu'on arrive à temps, constata la meneuse dans un soupir de soulagement. Sarlor n'a pas encore activé... »
Un bruit sourd l'interrompit : ils eurent l'impression qu'un feu d'artifice venait d'exploser juste au-dessus de leur tête et les avait, l'espace d'un instant, rendus sourds. Au milieu des bâtisses de la ville, s'élevant tel un message funeste, un nuage opaque apparut et se répandit dans les cieux.
« ... et j'ai parlé trop vite. On s'active, ou le Monde Humain risque de sombrer dans le chaos. »
Ne perdant pas de temps, ils s'élancèrent vers l'endroit d'où semblait provenir le cataclysme. Après cinq minutes, ils arrivèrent à destination : au milieu des décombres d'immeubles et de maisons, une titanesque colonne de pierre s'élevait petit à petit du sol et dépassait maintenant la cinquantaine de mètres. Dans les ruines et gravats, ils s'arrêtèrent brusquement, s'équipèrent rapidement de leurs armes et entreprirent de gravir l'immense monticule.
Quelques minutes plus tard, ils atteignirent la plateforme au sommet qui semblait assez grande pour accueillir un stade de football. En son centre, au milieu d'une forêt d'immeubles dévastés ou prêts à s'effondrer, entouré de quatre Dépeceurs artificiels, le Conseiller déchu manipulait une interface complexe depuis une console ancrée dans le sol. Face à lui, une espèce de noyau tournait sur lui-même et brillait de toutes les couleurs, vibrant tel un essaim d'abeilles géantes en pleine activité.
« Sarlor ! aboya Arca. Il est temps de payer pour vos actes contre notre monde ! Rendez-vous sans faire d'histoires, et vous aurez une chance d'en sortir vivant.
— Jeune fille, toi et tes amis ne comprenez pas la gravité de la situation. Cela ne fait rien, vous serez les premiers à être sacrifiés pour sauver l'humanité d'elle-même. Approchez ! »
Sarlor claqua des doigts, donnant le signal aux Dépeceurs artificiels d'attaquer. Les quatre Hybrides, cependant, étaient prêts à les recevoir. Dans un rugissement de défi, le combat pour le destin du Monde Humain débuta.
Zircon, armé de sa lance, lui fit décrire un arc-de-cercle et balaya la créature qui fonçait vers lui avec force. Cette dernière poussa un glapissement blessé et s'écroula par terre. L'adversaire ne s'avoua pas vaincu pour autant : il se releva presque immédiatement et contre-attaqua avec deux rangées de dents aussi acérées que des poignards.
L'Hybride confronta son adversaire, pencha la tête pour ne pas se la faire arracher et frappa le Dépeceur à l'estomac plusieurs fois. Sonnée et perdant son souffle, la créature recula sur plusieurs mètres pour reprendre du poil de la bête, ce que Zircon refusa de lui offrir. Il s'avança, lance à la main, déterminé à en finir rapidement. Son ennemi ne l'entendait toutefois pas de cette oreille : il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour relancer le combat.
Le jeune combattant grogna : il ignorait combien de temps ils avaient avant le début d'une seconde apocalypse, et il savait que celle-ci serait la dernière pour l'humanité. Il ne voulait et ne pouvait pas laisser cela arriver en tant que protecteur de leur civilisation. Un animal qui n'était même pas supposer exister n'allait pas le retarder.
Ce dernier se jeta sur lui à une vitesse ahurissante. Zircon, désemparé, eut tout juste le temps de parer un puissant coup de patte avec la hampe de sa lance et de se défendre. L'Hybride, surpris, nota que la créature gagnait en vitesse et en précision à mesure que le combat avançait. Aussi, alors qu'il avait décidé d'économiser ses forces pour confronter Sarlor, il se résolut à opposer une résistance avec toute l'énergie qu'il possédait.
VOUS LISEZ
Chroniques de Pleym-Shurg : Le complot du Dépeceur
Science FictionCela fait un millénaire que les humains ne règnent plus en maître sur leur planète. Pourchassés et tués par des créatures de cauchemar appelées « Dépeceurs », les derniers vestiges d'une civilisation au bord de l'extinction se sont repliés derrière...