Le lendemain se révéla être identique à la journée précédente. J'accompagnais Rebecca à l'école, allais la chercher à la fin de la journée, et passais le reste de la soirée à veiller sur elle tandis qu'elle vaquait à ses occupations d'adolescente pourrie gâtée.
Une chose avait cependant changée : Dario. Il était devenu bien trop présent, et surtout bien trop collant.
Depuis qu'il m'avait fait part de ses intentions à mon sujet, il était constamment là. À me dire des "Bonjour, Ellie" avec le ton le plus inapproprié possible, à me faire des remarques sur chacun de mes faits et gestes et à tout simplement être l'insupportable personne qu'il était. Au moment d'aller me coucher à la fin de la journée, j'étais complètement exténuée.
Même lorsqu'il était occupé avec ses affaires ou avec d'autres personnes, nos regards finissaient constamment par se croiser. Je le voyais cependant souvent faire les yeux doux à ses associées féminines. Ça me laissait toujours un sale goût en travers de la gorge. Ce qui était ridicule. Je n'allais tout de même pas être jalouse !
Mais ce fut le surlendemain, le vendredi, que quelque chose d'inhabituel se passa. Et cette fois-ci, Dario n'en fut même pas la cause.
Le soleil était presque couché. Rebecca était occupée, après une dure journée à l'école des mafioso, à vernir chaque ongle de ses mains dans le plus grand soin. Elle était allongée sur le dos, sur son lit, et me demandait occasionnellement mon avis sur la couleur ou sur sa technique.
Pendant qu'elle parlait, je ne pouvais m'empêcher de remarquer quelque chose de nouveau dans le timbre de sa voix. Comme une pointe de malice qui n'était pas là les jours précédents. Ce ne fut que lorsqu'elle eut complètement fini son œuvre qu'elle se décida enfin à m'en expliquer la raison.
— Ellie.
La simple façon qu'elle avait eu de prononcer mon nom me fit déjà imaginer le pire.
— Ellie, j'ai eu une idée.
— Quelle idée, mademoiselle ?
Tel le chat du Cheshire, ses yeux se déformèrent en deux croissants de lune et sa bouche s'étira en un sourire malicieux. Oh oh.
— Tu sais, ce soir, mon père a encore une de ces réunions d'affaires.
— Oui, il a dit qu'il devait discuter avec des partenaires commerciaux de longue date.
— Et, tu sais, je suis presque une adulte.
Le fait qu'elle le précise ne présageait rien de bon.
— Je crois que je suis assez grande pour assister aux réunions de mon père.
J'en étais sûre.
— C'est vrai quoi, continua-t-elle, moi aussi je veux participer ! Je devrai bien prendre la relève un jour !
— Mademoiselle, je ne suis pas sûre que votre père soit d'accord...
— Mais Papa me traite toujours comme une gamine ! Ça lui prouverait enfin que je suis tout à fait capable de faire marcher les affaires.
— Mademoiselle, je ne pense pas que ce soit une bonne idée...
— Et puis, je te rappelle que tu travailles pour moi, pas pour mon père, alors c'est à moi que tu dois obéir !
Touché. Elle n'avait pas tort, en un sens. Et puis, si cela pouvait permettre de faire les pieds à Dario, alors pourquoi pas. Je n'avais pas mon mot à dire dans cette histoire, alors j'allais tout simplement faire ce qu'on m'avait ordonné : protéger Rebecca Romano et veiller sur elle.
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[EN PAUSE] Douce Violence
RomanceEllie Winters est une garde du corps entièrement dévouée à l'homme qui l'a sauvée il y a plusieurs années. Mais cet homme est loin d'être un saint : c'est un gangster, et depuis qu'elle est à son service, Ellie s'est complètement habituée à agir pou...