Chapitre 16 : Le tueur

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   Dans un silence morbide, Dario me guida jusqu'à l'endroit où se trouvait cette fameuse personne. C'était une cave sombre et ancienne, comme il l'avait décrit. L'architecture laissait penser qu'elle avait dû servir de cave à vins par le passé, mais elle ne comprenait désormais plus aucun meuble, ce qui signifiait que son usage devait maintenant être strictement réservé à accueillir les invités indésirables.

   Dario avait parlé de "lui soutirer des informations", mais depuis le temps que je travaillais dans ce milieu, je savais très bien ce que cela signifiait : de la torture. Je n'étais pas particulièrement choquée. Le milieu était ainsi, et je n'étais moi-même pas innocente. Par le passé, j'avais déjà briser quelques doigts et fracturer quelques côtes. Ce n'était pas quelque chose que j'aimais faire, mais le monde était ainsi.

   Sans un mot, Dario m'ouvrit la porte et mes yeux se posèrent alors sur un homme attaché à une chaise, éclairé seulement par les quelques rayons de lumière qui perçaient les murs abîmés. Son épaule saignait et il avait un œil au beurre noir, et je conclus que Dario ne m'avait visiblement pas attendu pour commencer les festivités.

   Son visage m'était familier. Je me remémorai aussitôt le soir où tous les hommes d'Alexei avaient leurs armes pointées sur moi, et son visage me revint en tête. Je me rappelais distinctement de son air agressif lorsqu'il m'avait menacée comme les autres et des mots très colorés dont il avait fait preuve à mon égard.

   — J'ai cru que vous m'aviez oublié, gémit de manière sarcastique l'homme.

   — Ta gueule, répondit froidement Dario.

   Ce dernier se tourna vers moi.

   — Est-ce que tu sais qui c'est, ce type ?

   — Non, c'est la première fois que je le vois. À qui ai-je l'honneur ?

   — Ce mec c'est Maxim Pavlov, un tueur qui bosse pour Alexei. Du genre pas très discret, apparemment. Je l'ai repéré alors qu'il se planquait dans les jardins. Il a essayé de me planter mais je lui ai tiré dessus le premier. Il avait réussi par je ne sais quel moyen à passer outre les caméras de surveillance, et il avait l'air de connaître les lieux par cœur.

   Je contemplai Maxim à nouveau. Sa musculature et son regard vide et froid ne laissaient aucun doute : il avait bien le profil d'un assassin, et le fait que Dario ait réussi à le mettre à terre tout seul était d'autant plus impressionnant.

   — Je l'ai emmené ici sans rien dire à personne, continua-t-il. D'habitude on ne fait pas comme ça, mais pendant notre confrontation, il a dit des choses troublantes.

   Dario se tourna vers son otage, le surplombant de sa stature imposante, et lui adressa un regard d'une noirceur sans nom.

   — Répète ce que tu m'as dit.

   Maxim se contenta de détourner le regard, ne répondant que par un simple 'tss'. Dario s'approcha de lui d'un pas décidé et lui saisit le visage. Sa main se serra sur lui comme pour l'écraser.

   — Répète, lui ordonna-t-il.

   — Va te faire foutre !

   De son autre main, Dario appuya alors sur la plaie ensanglantée sur son épaule. Maxim cria de douleur avant de finalement céder.

   — Arrête ça ! Tu sais très bien ce que j'ai dit ! Y a des traîtres dans ta meute, Dario !

   Dario lâcha son emprise et revint vers moi.

   — Des traîtres ? Répétai-je.

   — C'est pour ça que je ne peux en parler à personne. Cela pourrait n'être que des paroles en l'air, mais ça fait un moment que je sens une odeur de pourri dans mes rangs, et ça ne fait que confirmer mes soupçons. Il n'a pas pu se guider ici tout seul, quelqu'un de l'intérieur a dû l'informer.

[EN PAUSE] Douce ViolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant