Chapitre 20 : Cause commune

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   Ma première réaction fut de l'incompréhension. Ses mots ne me paraissaient pas réels. Ils ne résonnaient que comme des sons dénués de sens, que mon cerveau refusait strictement de comprendre.

   Ma deuxième réaction fut de m'énerver. Zack mentait, c'était évident. Ce n'était rien de plus qu'un stratagème pour me faire baisser ma garde. Mais s'il s'agissait d'un mensonge, alors pourquoi avait-il l'air de m'avoir fait part d'un terrible aveu ?

   — Qu'est-ce que tu racontes ? parvins-je enfin à balbutier.

   — Dario cache son jeu. Il y a trop d'éléments louches autour du décès de son épouse, et toutes les femmes avec qui il a eu des relations poussées ces dernières années ont disparues de la circulation. Dario est un mec dangereux, et quelqu'un doit l'arrêter.

   C'était une ruse. Ça ne pouvait être que ça, car tout ce qu'il disait ne pouvait être que des inepties. Je devais le mettre à terre, l'emmener à Dario, et ne surtout pas l'écouter. Et pourtant...

   — Quels éléments louches ?

   — Baisse ton arme et je te dirai tout.

   — C'est hors de question.

   Le piège était trop évident.

   — Pourquoi est-ce que tu tiens autant à t'opposer à Dario ? Pourquoi est-ce que ça t'importerait ?

   Il ne répondit pas tout de suite. Au lieu de cela, il sembla peser longuement le pour et le contre, et son visage s'alourdit d'une expression grave. Ce n'est que lorsque je m'apprêtai à le menacer à nouveau qu'il ouvrit finalement la bouche.

   — Parce que j'étais amoureux de sa femme. J'étais amoureux d'Helena.

   Surprise, je ne pus m'empêcher de cligner des yeux à multiples reprises. Depuis ma première rencontre avec Zack, lui qui était toujours si froid et menaçant, j'avais eu du mal à le voir comme une personne capable de ressentir quoi que ce soit. Mais en cet instant précis, l'expression de tristesse et de mélancolie sur son visage le rendait plus humain que jamais.

   Sauf s'il était secrètement le plus talentueux des acteurs, la façon dont ses pupilles cherchaient les miennes ne laissait aucun doute : il était sincère. Mais à quel point ? C'était peut-être stupide et dangereux, mais il fallait que j'écoute ce qu'il avait à dire.

   — Explique, lui ordonnai-je d'une voix ferme.

   — Peu de temps avant la mort d'Helena, leur couple était en plein naufrage. Elle voulait qu'il abandonne les Leoni Notturni pour se ranger avec elle. Ils se disputaient sans arrêt, jusqu'à ce qu'elle fasse un scandale lors d'un dîner avec d'autres alliés mafieux, et avait même évoqué devant eux de dénoncer les crimes de chacun à la police. La situation a tellement tourné au vinaigre que cet incident a rompu plusieurs accords commerciaux entre Dario et certains de ses plus anciens alliés.

   Mm, cela me paraît étrangement familier.

   — L'incident a eu lieu quelques jours à peine avant la fusillade qui lui a coûté la vie, à l'ancien manoir de Dario. J'étais avec lui quand c'est arrivé. Il était censé être à la maison avec elle ce jour-là, mais il a prétendu devoir se rendre à une réunion aux locaux de son entreprise. Cependant, il n'y avait en réalité personne. Pas de réunion. Il s'est enfermé seul dans une pièce, sans moi, et a attendu que le temps passe.

   — Tu veux dire que...

   — Que c'était un coup monté de sa part pour se créer un alibi. Il a fait tué sa femme pour se venger et a prétendu une attaque d'un ennemi. Je vis avec ce secret depuis toutes ces années.

[EN PAUSE] Douce ViolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant