Chapitre 10 : À cœur ouvert

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   La journée s'était définitivement installée, et j'avais enfin l'occasion de savourer le calme après la tempête.

   Après que Rebecca se soit habillée, nous nous sommes tous retrouvés dans le salon principal au rez-de-chaussée. Elle s'était assise sur la terrasse en bois pour faire je ne sais quoi sur son portable tandis que j'étais restée à l'intérieur avec Dario, sur le canapé. Seule une baie vitrée nous séparait de l'adolescente, ce qui me permettait de continuer à la surveiller tout en profitant du confort de la maison. Du moins, cela aurait été confortable si Dario n'était pas assis juste à côté de moi, complètement silencieux.

   Au bout d'un certain moment, il se leva pour se saisir d'un paquet de cigarettes laissé sur une étagère. Il m'en proposa une, que je refusai, mais j'acceptai le verre de whisky qu'il me tendit juste après. Je n'avais ordinairement pas l'habitude de boire pendant mes heures de travail, mais après tous ces évènements, j'en avais bien besoin.

   À l'aide d'un briquet sorti de sa poche, il alluma sa cigarette et la "savoura" longuement dans sa bouche. Lorsqu'il s'en détacha, une fumée grisâtre s'échappa de ses lèvres pour embaumer l'air de son odeur si particulière.

   — ... Je suis désolé, dit-il abruptement.

   Pardon ? J'avais bien entendu ce que je venais d'entendre ? Dario Romano, grand chef mafieux, venait de s'excuser ? Auprès de moi ?

   — ... Qu'est-ce que vous avez dit ? Articulai-je.

   — Tu m'as très bien entendu.

   Il n'avait pas tort, mais c'était tellement irréel que mon cerveau refusait de l'accepter. Et puis, c'était étonnamment amusant de le voir aussi désemparé. Au vu de son attitude et de sa façon d'éviter mon regard, il n'était apparemment pas habitué aux excuses.

   — Je me suis comporté comme un con avec toi, poursuivit-il.

   — À quel sujet ? Raillai-je en connaissant déjà parfaitement la réponse.

   — À tous les sujets.

   Une petite ride s'était formé entre ses deux sourcils, et je compris qu'il pensait sincèrement ce qu'il disait.

   — Je n'aurais pas dû te parler comme je l'ai fait hier. Et aujourd'hui non plus. Tu as dû le remarquer, mais je manque un peu trop souvent de retenue. Si tu ne m'avais pas empêché de partir ce matin, j'aurais pu faire quelque chose de terrible.

   — Vous vous souciez de votre fille, c'est normal.

   — Il n'y a pas que ça. Il y a quelque chose en toi qui m'attires, je te l'ai déjà dit. Mais hier, je t'ai forcé la main. C'est inexcusable de ma part. Tu as dû avoir peur.

   J'avais essayé de refouler ce souvenir au plus profond de ma mémoire, mais l'entendre en reparler mit le feu à mes joues. En vérité, ce côté dominant de sa part ne m'avait pas totalement déplu, même si j'aurais préféré mourir que de lui avouer. C'était surtout les circonstances de la situation qui m'avaient autant chamboulée.

   — J'accepte vos excuses. Mais ce n'est pas mon genre de m'en faire pour si peu, le rassurai-je. Je n'ai pas eu peur une seule seconde.

   Une étincelle de malice naquit aussitôt dans ses pupilles, comme allumée par ma dernière phrase. 

   — Même pas un tout petit peu ?

   Il avait repris son ton habituel, à la fois charmeur et un peu sadique.

   — Non, pas le moins du monde.

   — Tu peux me le dire, tu sais, continua-t-il avec le même air. Je suis tout de même le chef des Leoni Notturni, il n'y aurait aucune honte à avoir peur.

[EN PAUSE] Douce ViolenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant