XIX- "Happy End".
C'est alors que, dans un écho de regret, je réalisais que toute tentative de réparation s'avérait désormais vaine, lorsque Mikey se présenta à ma porte, sonnant le glas de toute possibilité de retour en arrière.
Alors que j'étais sale, si sale.
»»--⍟--««
6 septembre 2005, Shibuya
ELLE
𝐋'𝐀𝐏𝐑𝐄𝐒-𝐌𝐈𝐃𝐈 était déjà bien avancée. En cette fin d'été, les rayons hardis du Soleil jouaient à cache-cache derrière la fine couche de nuages qui recouvrait le ciel. Tokyo, dans son diadème rougeoyant, semblait comme figée dans un éclat surnaturel, teintée de cette couleur qui aurait pu presque réchauffer les cœurs, si seulement elle n'avait pas été choisie par le Diable comme papier peint pour habiller son royaume. Chaque rue, chaque bâtiment semblait imprégné de cette teinte, comme si le rouge avait tissé sa toile dans les moindres recoins de la ville, transformant Tokyo en un ignoble dessin-animé que seuls les adultes pervertis pourraient réellement comprendre.
Je plissai les yeux sans trop savoir quoi faire. La vie devant moi s'étirait comme un jeu de l'élastique sur le point de céder alors que j'avais l'impression d'être en pleine déréalisation. De toute façon, mes paupières alourdies par l'insomnie peinaient à discerner les subtilités des nuances dans le ciel assombri par l'arrivée du crépuscule à travers les sortes de meurtrières en verre aux murs.
Ça ne s'arrangeait pas avec les néons colorés agressant ma rétine. Verts, jaunes, violets, bleus... Il y avait tellement de nuances, éclipsant aisément les couleurs de la palette de maquillage Barbie qu'on m'avait offerte à mon dernier Noël, il y avait bientôt dix ans. Leurs éclats était presque aussi éblouissant que celui des étoiles que j'aimais observer le soir, seule dans ma chambre, et, comme si la défaillance d'un adhésif avait rencontré mes pensées, l'une des LEDs se décolla du mur sur lequel elle semblait avoir été collée il y a peu, pourtant, et vint se rétamer au sol, à mes pieds, à la vitesse d'une étoile filante. Mamma, est-ce que j'avais le droit de faire un vœu ? Des souhaits, j'en avais autant qu'il y avait de cratères sur madame la Lune – cette vilaine fille – cependant, j'avais la vision encore trop floue et pas assez claire pour réussir à m'extasier devant, comme si j'observais le monde à travers un rideau pourpre déformant cette marée de couleurs criardes. Je n'avais même pas mes lunettes pour me protéger du monde extérieur et, chancelante, j'en payais le prix.
Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Encore. Ce n'était pas inhabituel mais, aujourd'hui, je sentais bien que mon corps ne tiendrait pas la journée. Mes sens étaient émoussés, mes réserves d'énergie épuisées bien avant l'heure, et l'idée d'affronter la folie exubérante de Mikey ne faisait que renforcer mon malaise croissant. Mes émotions s'affrontaient lors d'un jeu de plateau où la déception serait vainqueur. Mais pour le moment, je souhaitais juste enfiler un costume rose à froufrous de princesse et les talons trop grands pour moi de mamma puis courir m'enfermer à double tours dans une tour gardée par un féroce dragon, et ne ressortir que le lendemain car personne ne serait venu me secourir de cette terrible journée.
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Aphrodite [MIKEY] - ⌜ TR- MANJIRO SANO x fem! (OC) ⌟
FanfictionHappy end ⁿᵒᵐ ᶠᵉ́ᵐⁱⁿⁱⁿ : Heureuse fin, souvent considérée comme une concession au goût du public. Dénouement heureux (d'une histoire, d'un récit). On les surnommait Bonney et Mikey. L'un, chef du gang Aphrodite, l'autre, chef du gang Tokyo Manji. ...