XVIII- Ah, l'Amour !
Puis, par pur esprit de contradiction, je détachais les premiers boutons de ma chemise - si transparente.
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1er septembre 2005, Shibuya
LUI
𝐉'𝐀𝐕𝐀𝐈𝐒 𝐄𝐔 𝐌𝐀 𝐏𝐑𝐄𝐌𝐈È𝐑𝐄 𝐂𝐎𝐏𝐈𝐍𝐄 à l'âge de huit ans. Elle s'était déclarée à moi dans la cour de récré après m'avoir montré sa petite culotte rose fleurie, et j'avais accepté son amour en échange des réponses du prochain contrôle de soustractions. Je ne l'avais pas aimée. C'était logique. Je ne m'étais jamais prononcé concernant l'amour, ce n'était pas pour moi et je n'avais toujours eu que très peu d'expériences notables.
Mon premier souvenir d'amour n'était pas celui de ma mère me serrant dans ses bras après que je lui aie tendu un collier de pâtes réalisé à la maternelle. Ce n'était pas non plus le seul souvenir de mon père qu'il me restait, m'offrant un jouet que j'avais vu et aimé à la télé. Non, la première fois que j'avais ressenti mon cœur pulser dans ma poitrine plus fort que d'habitude et mes joues se réchauffer au point que j'en devienne cramoisi, c'était avec cette fille du dojo, une élève de papy. Je ne me souvenais plus de son visage, plus de sa voix, ni même de son nom, mais je me souvenais encore qu'elle avait été la première fille pour laquelle j'avais craqué. Je me rappelais juste de son parfum de fruits qui m'avait envahi quand elle m'avait plaqué au sol et étouffé la cage thoracique après que je me sois disputé avec un ami à moi. Je ne me souvenais plus qui c'était, peut-être Sanzu ? Baji ? Je ne savais plus. En tout cas, ça ne lui avait pas plu, et cette cinglée m'avait sauté dessus et m'avait frappé avec un kendo en bambou, ensuite. Pourquoi est-ce que ça m'avait tant émoustillé, à l'époque ? Est-ce que j'aimais autant qu'on me résiste, moi, Mikey l'invincible ? Je ne connaissais plus rien de cette fille, je ne savais pas ce qu'elle était devenue et je m'en fichais, à vrai dire. Elle n'était qu'un souvenir d'enfance auquel je pouvais rattacher le titre "premier amour", à la limite, mais n'était plus rien pour moi qui n'avais finalement, jamais vraiment expérimenté l'amour.
Parce qu'en fait, ma vie avait plutôt toujours tourné à l'inverse, à la douleur et la déception. On pouvait prétendre avoir plus aimé que moi, avoir plus été aimé que moi, je l'accepterai sans broncher... Mais si quelqu'un répétait avoir plus mal que moi, je lui gueulerais à m'en péter les cordes vocales qu'il mentait.
Tu mens.
Tu mens.
Tu mens.
Pourquoi tu mens ?
Moi, j'avais mal. J'avais mal, mal, tellement mal, si mal ! Aux jeux olympiques de la douleur, je remportais toutes les médailles. Mon cœur se comprimait à chaque inspiration. Il n'était pas fait de verre, je le savais, car il était resté dur et solide pendant toutes ces années de souffrances, mais il arrivait quelques fois, quand le noir me rattrapait et que le silence me hurlait dans les tympans, je l'entendais se briser comme un vase de verre pourtant assez opaque pour dissimuler tous mes maux, ne pouvant justement plus les retenir. Ça faisait mal, bizarrement. Pourtant j'étais habitué, non ? Les éclats de verre s'enfonçaient dans ma chair, dans ma poitrine, dans mon âme et m'immobilisaient. Ils coulaient dans mes vaisseaux sanguins et m'irritaient au point que parfois, le bleu de mes veines m'irritait. Ça grattait, grattait, grattait. Mais je me contentais de masquer la douleur sans réussir à la faire taire en y collant quelques pansements puis, lorsqu'elle était trop vive, trop puissante, trop fraîche, je vidais mon vase de ses gouttes transparentes, plutôt que celles rouges pourpres. Je ne faisais pas ça, moi. Mais j'y pensais, deux ou trois fois par saison.
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Aphrodite [MIKEY] - ⌜ TR- MANJIRO SANO x fem! (OC) ⌟
Fiksi PenggemarHappy end ⁿᵒᵐ ᶠᵉ́ᵐⁱⁿⁱⁿ : Heureuse fin, souvent considérée comme une concession au goût du public. Dénouement heureux (d'une histoire, d'un récit). On les surnommait Bonney et Mikey. L'un, chef du gang Aphrodite, l'autre, chef du gang Tokyo Manji. ...