Séquelles

Chapitre 23

Je bois la tasse à plusieurs reprises. J'essaie tant bien que mal de me maintenir à la surface de l'eau mais le poids de ma robe m'attire sans cesse vers le bas.
Je me débats pour pouvoir l'enlever mais elle est coincée. Je me calme pour pouvoir garder de la force. Le bateau est déjà loin et il m'en faudra si je veux me tirer de cette galère. Je passe la main sur le zip de la robe et enfin il cède. Je m'en débarrasse au plus vite. Maintenant, il ne me reste plus qu'à me maintenir en vie.

J'ai l'impression que ça fait des heures que j'y suis. Peu à peu le désespoir commence à me gagner. Ils ne me retrouverons jamais à temps. Je suis épuisée et je meurs de froid. Mes paupières se ferment sans que je ne m'en rende compte.

***

- Anna ?

J'ouvre un oeil puis l'autre. Mon coeur manque de rater un battement. Il est là. Il est en face de moi. Je cligne plusieurs fois des yeux mais pour la première fois, son image ne s'estompe pas. Pas comme dans tous ces cauchemars que j'ai pu faire, le renvoyant seulement l'espace d'un battement de cil.
J'essaie tant bien que mal de me relever mais mes essais sont tous des échecs. Il me regarde tristement, comme s'il voulait m'aider mais qu'il ne pouvait pas. Je tente une dernière fois et pousse de toutes mes forces sur mes jambes. Mes efforts paient enfin. Quand je suis enfin debout, mon regard se pose tout autour de moi. Je suis dans une prairie. Un terrain de jeu plus précisément. Je ne sais toujours pas lequel jusqu'à ce que je remarque les petits goals et les écuries au loin. Le polo, bien sûr.

- Est-ce que ça va ? Me demande Mike en me scrutant intensément.

Mon regard passe des écuries à son visage. Exactement le même que dans mes souvenirs. Des traits fins, un petit nez à croquer, des sourcils broussailleux et des yeux gris d'une profondeur abyssale.
Il est en tenu d'équitation. Un legging blanc enfilé dans des bottes de cavalier de luxe. Son polo, blanc également épouse parfaitement la forme de ses pectoraux et de son ventre musclé. Son odeur est la même. Un mélange de gel douche pour homme, d'herbe fraîche et de cheval. Une odeur bien à lui qui m'enivrait déjà à l'époque. Il n'a jamais été aussi beau.

- Est-ce que je suis ... ? Demandé-je déconcertée.

- Non... Non heureusement.

- Mais alors ?

- Tu n'es pas ici pour de bon. Tu vas devoir repartir.

- Pourquoi ?! M'exclamé-je.

- Tu as encore la vie devant toi mon coeur. Tu ne peux pas tout abandonner maintenant.

A l'évocation de ce surnom, mon coeur se fend. Mike n'avait jamais été très "mots doux et déclarations enflammées". Je tends la main vers pour pouvoir lui caresser la joue mais ma main est bloquée à une certaine distance de son visage. Je pousse de toutes mes forces mais rien n'y fait. Des larmes de frustration coulent le long de mes joues. C'est tellement injuste. J'ai rêvé de le revoir pendant des mois, de le toucher, de le sentir et alors qu'il est en face de moi je dois me contenter de le regarder...

- Je suis désolé, dit-il en me couvant du regard.

- Je veux être avec toi Mike. Pourquoi est-ce que je ne peux pas te rejoindre ?

- Ton heure n'est pas encore venue.

- Arrête de parler comme un philosophe.

- Désolé, dit-il en esquissant un sourire. Tu as encore tant de choses à vivre. Et tu dois vivre pour 4 maintenant. Nous on compte sur toi.

- C'est tellement dur sans toi. Parfois je pense que je vais craquer.

- Et pourquoi tu te relèves?