Séquelles

Chapitre 15

Je pose ma tête contre la fenêtre. Je ne vois pas le paysage défiler. Mes yeux sont embués de larmes qui coulent à intervalles non réguliers. Mon cerveau tourne au ralentit. Luke - Maman - Papa - Mike. Ces noms associés à leurs visages tournent en boucle dans ma tête. Je n'arrive pas à les en effacer.

Et puis je revois Adam me courant derrière, m'empêchant de faire mes valises, s'opposant à ce que je prenne un taxi. Sa manière de passer nerveusement sa main dans ses cheveux. Ils ne savent pas où je suis et c'est le plus important. Peut être que je ne devrais plus les revoir. Seulement me contenter de demander à Collin d'aller récupérer mes affaires.

Une larme coule à nouveau quand je repense à eux. Adam, Cam, Jay. En seulement quelques mois, j'ai vu en eux de très bons amis. Toujours présents quand ça n'allait pas. Ça me fait tellement mal de partir comme ça. Mais au fond, c'est peut être la solution. Le meilleur moyen d'éviter de leur porter malheur...

***

- Est-ce que ça va mademoiselle? Me demande un garçon d'à peu près mon âge en s'installant en face de moi. Il a les cheveux très brun et la peau tellement hâlée qu'on dirait qu'il revient de vacances sur une île paradisiaque. Ses yeux gris m'envoutent pendant quelques secondes ou centièmes de secondes, je ne saurai le dire.

- Oui ça va merci, parviens-je à dire.

- On ne dirait pas vraiment.

- Je vais bien. D'accord ?! Je regrette immédiatement mon ton un peu abrupte. Je suis désolée. Mais ça va.

- Très bien. Finit-il par m'accorder.

Je l'observe avec attention. Il me rappelle quelqu'un. Je ne saurais dire qui. Une fille. Oui, une fille. Il sort un livre de son sac et se met à lire. Le Rouge et le Noir. Stendhal.

- Vous savez que c'est mal de vivre dans le déni ? Reprend-il en levant subitement les yeux de son roman.

- Je sais. J'en paie le prix maintenant.

- Qu'est-ce qui a bien pu vous arriver ?

- Des tas de choses.

- C'est vrai qu'il nous arrive tous des tas de choses tous les jours.

- Pas de jolies choses.

- Je m'en doute bien. On ne pleure pas quand on est heureux.

- Je dois lire ce bouquin pour le mois prochain.

- Celui que j'ai entre les mains ?

- Vous en voyez un autre ici ?

- Non, c'est vrai. Dit-il en souriant. J'adore ce roman. Vous voulez que je vous le prête ? J'y ai surligné mes passages préférés.

- Avec plaisir.

Le train arrive dans la station juste avant celle où je dois descendre et il se lève.

- Attendez! Comment est-ce que je pourrais vous le rendre ? Crié-je par la fenêtre alors qu'il est déjà dehors.

- Ça nous donne un bon motif de nous revoir.

- Je ne connais même pas votre prénom.

Ses lèvres bougent mais je n'arrive pas à entendre ce qu'il dit, le train est déjà trop loin.

Pendant l'espace d'un instant, je me rends compte que je ne pleure plus. Plus pour longtemps. De nouveaux spasmes me reprennent quand je vois un couple passer, une petite fille à la main et un adolescent de peut être 15 ans les suivre la mine renfrognée. C'est exactement le genre de famille que nous étions...