Chapitre 11

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Le stress : lorsque tu t'endors avant une compétition. Incapable de fermer l'oeil pour ma part. Je ne sais pas à quoi m'attendre, je ne connais pas mon adversaire.

L'anxiété : avant de monter sur le cour. Sensation mêlée à la boule au ventre. Je sens que je vais être malade.

La crainte : quand j'aperçois enfin la fille que je vais devoir affronter en cette phase finale. Elle est grande, brune aux cheveux courts et retenus par un bandeau. Ses bras sont semblables à ceux des plus grandes tenniswomen. Son teint me laisse présager qu'elle est surement d'origine hispanique.Elle a l'air beaucoup plus forte que je ne l'imaginais.

♧♧♧

La première fois que Mike était venu me voir à une compétition, c'était au début de notre relation. Nous devions être ensemble depuis seulement quelques semaines et je lui avais proposé de venir partager ma passion.

La veille au soir, mon stress avait redoublé. Non seulement je ressentais la pression du match mais aussi celle de la présence de Mike. Je ne voulais pas me ridiculiser devant lui. Rien que l'idée de me faire battre me rendait malade.

Je n'avais rien avalé ce soir-là. Même pas la merveilleuse soupe aux potirons que maman avait pris l'habitude de me préparer la veille d'une finale. C'était une sorte de rituel que je n'avais pas pu respecter ce soir là. Le noeud que j'avais à l'estomac était sûrement bien trop gros pour laisser passer ne fut-ce qu'une cuillerée.

Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Si ce n'est quelques minutes lorsque mes yeux tombaient de fatigue avant que je ne me réveille en sursaut et en sueur. J'avais déjà essayé tous les moyens. La tisane, le verre de lait, le décompte des moutons, même si ça peut paraître complètement ridicule à 15 ans, rien n'avait marché.

Dans la voiture, pendant le trajet vers le club, j'avais failli vomir. Quoi ? Je ne sais pas, puisque je n'avais absolument rien avalé. Je me sentais extrêmement mal, un tourbillon d'émotions me traversaient.

Lorsque j'étais enfin montée sur le cours, j'avais ressenti un énorme soulagement. C'était un paradoxe. J'étais plus rassurée en face de la chose que j'appréhendais que lorsque j'y pensais la veille.

Mon adversaire était une jeune fille de mon âge, légèrement plus petite que moi. Je me sentais en position de force.

Pendant le match, quand j'avais aperçu Mike, isolé dans la foule et qu'il m'avait lancé un de ses sourires charmeurs, ma puissance avait redoublé. Je voulais l'impressionner, qu'il soit fière de sa petite amie.

Le score final était sans appel. 6-4, 6-2.

Après le match, j'avais tant bien que mal réussi à semer mes parents pour aller dîner avec Mike et ses amis. Il m'avait serré particulièrement fort dans sds bras avait répété à qui voulait l'entendre que j'étais la meilleure et que j'avais littéralement explosé mon adversaire.

Même si j'étais gênée par tant d'éloges, très peu habituée aux compliments, une bouffée de chaleur montait en moi chaque fois qu'il faisait allusion au match.

Cette étincelle dans son regard, cette lueur semblable à celle que je voyais lorsque papa regardait maman quand elle faisait quelque chose de merveilleux, je ne m'en serais jamais lassée. On me l'a enlevée bien trop tôt...

♧♧♧

Je suis frustrée. Menée au score depuis le début de la rencontre, j'ai l'impression de ne pas pouvoir tenir le rythme. J'ai l'impression d'être complètement larguée et de seulement courir pour rattraper la balle. Je déteste ne pas avoir le contrôle. Comme Mike, je déteste sentir que la situation m'échappe. Je ne veux pas être uniquement spectatrice de mon propre match. Ressaisis-toi, m'ordonné-je.

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