Séquelles

Chapitre 8

Je me réveille de bonne heure le lendemain. Il n'est sûrement pas plus tard que 7h. Je vais prendre ma douche avant d'enfiler une tunique avec des bas et des bottes chaudes. Il fait encore plus froid qu'hier soir et mes articulations me le font bien ressentir.

Je descends me préparer un petit - déjeuner. Le frigo est plein à craquer. Je suppose que Maria a fait les courses pour moi et ses petits enfants qui passent souvent la voir ici.

Je sors de quoi faire des pancakes. Je m'active en essayant de me concentrer uniquement sur ce que je fais et non sur tout ce qui me rappelle mes parents. En réalité, tout me les rappelle. C'est normal, on est dans leur maison.

Lorsque j'ai fini, Maria entre dans la pièce, rayonnante.

- Tu as bien dormi ? Demandé-je en voyant un large sourire fendre son visage lorsqu'elle me voit.

- Oui et toi ? Je suis vraiment heureuse que tu sois venue.

- Moi aussi. Ça me fait énormément de bien.

- Tu vas aller au cimetière aujourd'hui?

- Sûrement. Au moins déposer une gerbe de fleurs pour son anniversaire.

- Je suis contente de voir que tu vas de l'avant Anna. Tu es tellement forte, tu m'impressionnes.

Ses paroles me vont droit au coeur.

- J'essaie, dis-je avec un petit sourire.

- Tout ça m'a donné faim.

On s'installe à table et on se met à discuter de tout et de rien. On parle de ce qu'elle devient, de ce que je deviens et on parle même d'eux. J'ai eu peur d'être mal à l'aise lorsqu'elle a abordé le sujet mais je me rends compte que ça me fait réellement du bien d'en parler. Surtout avec elle, elle qui a été la depuis le début, celle qui m'a soutenue comme personne lorsque je me suis réveillée de mon coma. Je ne la remercierai jamais assez pour tout le soutien qu'elle m'a apporté.

Elle me raconte des anecdotes dont je n'arrive plus à me souvenir même si elles me concernent pour la plupart, me parle de ses réticences au sujet de Mike la première fois qu'elle l'avait vu mais qu'elle avait fini par se rendre que c'était un garçon bien.

Je me surprends à rire plusieurs fois alors qu'elle imite étonnement bien ma mère lorsque celle-ci pétait un câble pour des futilités ou encore quand Jamie l'embêtait.

Lorsque je décide enfin d'aller au cimetière, je me rends compte que j'ai parlé avec Maria beaucoup plus longtemps que je ne l'aurais cru. Il est déjà 11h et il n'y a plus un seul pancake.

J'enfile ma veste et me dirige chez le fleuriste pour acheter une gerbe de fleurs. Maria propose de m'accompagner mais je tiens à y aller seule. Je n'ai pas refusé que Cam m'accompagne pour rien.

Dans les rues de notre quartier résidentiel, je reconnais certains visages, certaines maisons, certains lieux publiques. C'est comme si je n'étais jamais partie. C'est comme si ma vie n'avait pas radicalement changé.

- Anna ! Ça fait tellement longtemps. Quel bonheur de te revoir. Me dit M. Beck, le fleuriste du quartier. Je ne vois aucune lueur de tristesse ni de compassion dans on regard, juste de la joie. Je lui en suis reconnaissante.

- Oui, merci. Dis-je en souriant. J'aimerai une gerbe de roses blanches. C'est possible ?

- Bien sûr, tu veux une de celles que l'on a déjà faites ou tu préfères qu'on t'en prépare une ?

- Non, ça prendra trop de temps. Celles qui sont dans la vitrine me paraissent très bien. Je vais en choisir une.

Je règle rapidement mes achats et me dirige vers le cimetière. Maria m'a donné quelques indications quant à l'emplacement des tombes de Mike et mes parents. Je n'y suis jamais venue, ni avant, ni le jour de leur enterrement puisque mon état ne me le permettait pas.