Bonne lecture !
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Peter s'est réveillé en ayant l'impression que le ciel allait lui tomber sur la tête.
May a insisté pour qu'il avale entièrement son déjeuner avant de partir, et a ajouté au moins trois bananes dans son sac à dos pendant qu'il prenait sa douche. Elle l'a embrassé sur le front, a replacé quelques mèches de ses cheveux : Peter est parti comme ça, alors qu'elle venait tout juste de rentrer du boulot, qu'elle était fatiguée, et qu'elle a passé plus de trente minutes à lui préparer un petit-déjeuner mangeable qu'il a failli vomir tellement cela faisait beaucoup (trop) d'un coup.
Il s'est réveillé avec tous ses sens en éveil, avec l'impression que le plafond de sa chambre allait s'écrouler sur lui, et a quitté son appartement avec l'estomac lourd et un sac sûrement trop plein.
Peter avait hâte : il adore les sorties scolaires. Ça n'arrive pas souvent (enfin, un peu plus grâce au club de décathlon qui trouve des fonds grâce à leurs victoires) et à chaque fois ça lui permet de voir des choses qui sortent de son environnement habituel. Un environnement qui se restreint à un quartier qui tombe en ruine, à un lycée qu'il a intégré grâce à une bourse, et à un appartement où le robinet de la salle de bain fuit toutes les deux semaines.
Il a fait une sortie scolaire à Oscorp et en est ressorti avec une morsure, qui l'a sûrement tué pendant quelques longues minutes, cette fameuse nuit. Il s'est endormi avec de la fièvre, les lèvres sèches et la respiration haletante ; le noir, l'incapacité de bouger, puis quand Peter a ouvert les yeux il avait des muscles, et la capacité de marcher sur le mur.
— Mec, t'es presque en retard.
— Désolé, Ned.
Depuis la fin de la file, MJ leur lance un regard à tous les deux. Depuis quelque temps, elle ne fait pas que s'asseoir à leur table : ils rient, s'échangent des piques. Parfois elle vient de leur côté de la bibliothèque, entre les cours, à l'endroit même où Peter et Ned ont reprogrammé certains PC pour qu'ils aillent un peu plus vite. Elle s'assoit, et lit un livre.
Peter la trouve super cool.
— Poussez-vous, les nuls. On a failli louper le bus, à cause de vous.
— En fait, le bus est loué par le lycée donc on peut partir quand on le souhaite ! corrige Mr Harrington avec une expression un peu trop enthousiaste. Le Musée d'Art Moderne n'attend que vous les enfants, tout le monde en voiture !
Il les pousse presque un par un vers la porte ouverte, et Peter prend place vers l'arrière : ses yeux se posent vers la route, et il s'installe devant Ned car aujourd'hui lui aussi a besoin de la fenêtre. Son estomac se retourne à chaque pas un peu trop appuyé, et s'il ne voit pas la route il a l'impression qu'il va être malade.
— Je peux m'asseoir ?
Quand il relève la tête, c'est MJ qui le fixe avec un sourcil haussé. Ses deux mains sont serrées autour de la bandoulière de son sac, et ses cheveux sont grossièrement attachés vers l'arrière, ne laissant qu'une mèche bouclée devant l'un de ses yeux.
Peter l'observe : en général, MJ ne demande pas, elle le fait ou elle ne le fait pas. Et habituellement, elle ne le fait pas.
Ses mains deviennent moites, et Peter s'apprête à répondre « oui, bien sûr », il veut pousser ses affaires immédiatement pour lui laisser toute la place dont elle a besoin. Mais alors que le premier mot veut passer ses lèvres, sa gorge se serre d'un coup et cette impression qu'il a eue en se réveillant revient.
Revient, encore plus forte.
Ça lui donne envie de vomir, et il pâlit.
Quelque chose arrive. Quelque chose arrive. Personne ne peut être à côté de moi. Personne ne doit être à côté de moi.
— MJ, je suis désolé mais... je me sens pas bien aujourd'hui. Il vaudrait mieux pour toi que t'ailles ailleurs, au cas où je...
Il mime quelque chose qui sort de sa bouche, et MJ laisse échapper un « oh ».
— Ok, je comprends. Pas grave.
Elle hausse les épaules et continue le long de l'allée pour aller s'asseoir plus loin. Presque aussitôt la tête de Ned passe au-dessus du siège.
— Mec, t'es sérieux ? Tu viens vraiment de refuser ?
Son regard croise celui de Peter, au moment même où le bus se met en marche.
— T'es vraiment malade ? Mais je pensais que...
Il regarde autour de lui : le bus est loin d'être plein, ils ne sont pas tant que ça dans l'équipe du décathlon. Ned chuchote un peu trop fort :
— Je croyais que tu pouvais pas être malade. Tu sais avec...
Peter serre les lèvres. Super-récupération, super-force, super-sens. C'est ce que Peter en avait déduit, mais il a eu de la fièvre il y a quelques semaines, alors force est de constater que quand sa super-récupération déconne, c'est tout le reste de son corps qui prend avec.
Il devient faible. Tout ça pour quelques repas sautés, et un peu trop de nuits blanches (et des blessures par balle, des coups de couteau, des chutes trop hautes).
Il soupire.
— Je croyais aussi. Mais aujourd'hui, je... je sais pas trop. J'ai l'impression... j'ai une très mauvaise sensation, Ned.
— Oh. C'est un truc que tu peux sentir avec tes pouvoirs ? On va avoir un accident ?
Peter secoue la tête.
— J'en sais rien. J'en sais vraiment rien.
Ned fait une drôle de tête, mais se rassoie finalement. Bien enfoncé dans son fauteuil, Peter regarde ses mains un peu tremblantes, puis la route qui défile. L'odeur du bus est forte, mais pas autant qu'une salle de cours ou que les couloirs du lycée.
S'il se concentre assez sur une seule chose, il a parfois l'impression que c'est silencieux. Depuis la morsure, la concentration est devenue quelque chose de presque plus important que la force. On lui enlève sa capacité à rester immobile plus d'une trentaine de minutes, mais on lui demande rester concentrer pour ne pas devenir fou.
C'est l'une des raisons par lesquelles il apprécie énormément le laboratoire de Mr. Stark : des oreillettes antibruit, des murs qui ne vibrent pas, des lunettes réductrices à portée de main.
Le bus passe au-dessus d'un fleuve, et Peter le sent dans la texture de la route : il inspire, pose son visage entre ses mains pour s'offrir une minute, une seule minute de « ne devient pas fou pour rien, tes sens te jouent des tours, tu ne peux pas leur faire confiance à 100 %, tu as trop mangé, tu as inquiété tante May tu as refusé que MJ s'assoie à côté tu as passé la nuit dehors tu t'es endormi pendant un devoir tu es arrivé en retard tu... ».
Les poils de ses bras se hérissent tous d'un seul coup, et Peter relève la tête vers le côté (car il sait, à présent tout son corps hurle).
Il sait, et il voit un immense vaisseau descendre vers la terre, juste au-dessus de New York. Sa bouche s'ouvre, sa mâchoire se décroche. Peter se retourne immédiatement vers Ned.
— Mec, souffle-t-il presque bruyamment. Il faut que tu fasses diversion, j'ai besoin que tu...
Le regard de Ned se pose sur ce que Peter essaye de lui montrer de l'autre côté de la vitre, et il n'attend pas une seconde de plus pour hurler :
— On va tous mourir !
Peter déclenche immédiatement les bracelets noirs qui entourent ses poignets, et attrape son sac à dos pour filer vers la fenêtre du côté opposé : il ne pense même pas à ce qu'il ferait si quelqu'un le voyait, à ce qu'il dirait si une paire d'yeux était posée sur lui au moment où il passe son corps dans l'ouverture.
Il ne pense pas une seconde à dire au revoir, enfile son masque, et saute dans le vide en direction de l'eau.
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Will it matter when I'm gone | Peter Parker
Fanfiction| Peter Parker-centric / IronDad & SpiderSon | Fiction terminée | ❝ - Je ne me sens... pas très bien. Il aurait dû dire cette phrase des mois plus tôt. Il aurait dû appeler à la première blessure, la première balle, la première coupure. Il aurait d...