𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚍𝚎𝚞𝚡

686 74 4
                                    

Bonne lecture ! 

______________________

Peter regarde le vide en contrebas.

Il y a un peu de vent ce soir, et il a neigé l'avant-veille. Il n'y a plus vraiment de traces, à part les talus de boue sur le coin des rues : Peter ferme les yeux. Les bruits sont forts, les odeurs aussi. Cela fait à peine dix minutes qu'il se trouve là, mais il sent que c'est le moment.

— Karen ?

— Oui, Peter ?

— Connecte-toi aux radios de police dans le quartier. Trouve-moi quelque chose à faire.

L'interface de son masque s'allume, et Peter voit que Karen est en pleine recherche. Ça ne dure que quelques secondes, mais il peut sentir son cœur battre frénétiquement dans sa poitrine.

— Il y a eu un vol dans une épicerie à deux rues d'ici. Et je capte un signalement pour une agression à moins d'un kilomètre, mais une voiture est en route. Et...

Peter se redresse.

— Un fourgon transportant des armes est en train de se faire braquer sur la 73e avenue. Les équipes sur place semblent avoir demandé du renfort.

— Montre moi le chemin.

Un point rouge s'affiche sur son champ de vision, et Peter inspire profondément. Il attend, pendant ou deux secondes, que son esprit face le vide et que le calme revienne.

L'instant d'après, il se penche petit à petit et laisse l'attraction faire son travaille : Peter chute d'un immeuble de sept étages à toute vitesse. Avant de sauter, en sortant de la fenêtre de sa chambre, il a eu légèrement peur. Quoi faire si jamais son corps a oublié, si jamais être Spider-Man n'est plus du tout dans sa nature, si jamais ses sens le trahissent, si jamais ils ne sont plus aussi affûtés qu'avant.

Mais Peter le sent au moment même où il tend son bras pour lancer une toile sur le premier bâtiment adéquat. Il le sent dès le premier salto qu'il fait dans les airs, dès le premier hélicoptère qu'il dépasse, dès le premier tournant un peu serré qu'il prend. Les sensations sont incroyables, il se sent si léger et si libre que ça lui donne envie de crier : il fait sûrement plus de pirouettes que nécessaire et frôle chaque immeuble d'un peu trop près, mais il s'en fiche.

La voix de Karen dans son oreille le guide. Les bruits de la ville le guident. Il écoute les murmures, les cris sur son passage. Il voit le garçon qui souffle « Spider-Man... » et il entend les ouvriers, pompiers et policiers qui ouvrent grand la bouche pour laisser échapper des cris étouffés.

— Si je me base sur ce que je lis sur le net, ton retour ne passe pas inaperçu, Peter. « Spider-Man » est en train de devenir un sujet de première page sur Twitter.

Peter sourit. Il ne répond rien, tourne à droite puis sur lui-même tout en finissant la tête en bas, et plonge à toute vitesse vers le carrefour bloqué par les voitures aux gyrophares.

Quand il se pose sur le goudron entre le fourgon blindé transformé en prise d'otage et la ligne de flics qui visent les hommes depuis le derrière de leurs portières, il a l'impression que le temps s'arrête.

Peter se redresse lentement.

— Putain de merde.

— Vous voyez ça ou... ?

— Mais je croyais que —

— Eh, mec ! Fais pas de conneries, d'accord ?

— T'as vu d'où il est venu ? Son costume a pas l'air imité.

— Merde...

Les voix sont graves dans son dos. Les responsabilités sont lourdes sur ses épaules. Peter inspire.

En face, les braqueurs ont la bouche ouverte et les bras mous : la plupart n'ont même plus le doigt posé sur la gâchette. Le silence qui les entoure est presque amusant.

— Karen, ils ont quoi comme arme ?

— Ce sont de simples balles. Aucune technologie étrangère détectée. Tu veux activer le mode armure ?

L'armure de Spider-Man. Celle qu'il a porté pendant presque toute la bataille, là-haut : Tony lui a dit qu'il devrait la porter à chaque fois, à présent. Ce n'est pas comme si elle était lourde.

Chaque chose en son temps.

— Nan, c'est bon. Dis-moi, c'est une flaque que je vois là ?

— Le fourgon s'est arrêté dans une crevasse. C'est bien de l'eau.

— Génial. Prépare mes toiles.

Peter se redresse encore plus, et profite du courant qui parcourt ses veines. Les policiers se sont tus ; ils se contentent de l'observer.

— Alors les gars ? dit-il bien plus fort, avec la voix assurée qu'il a toujours réservée à Spider-Man. Vos mères vous ont pas donné assez d'argent de poche pour acheter vos propres trucs ? Vous savez ce que j'ai entendu récemment ? Voler, c'est mal.

Ça sembler réveiller tout le monde : en un instant, des balles fusent dans sa direction et il évite les trois quart sans problème. Certaines finissent dans le pare-choc des voitures derrière lui.

Peter clique sur ses lance-toiles en arrivant sur un réverbère, et change le mode rapidement.

Jamais il n'aurait cru que les braqueurs pouvaient lui paraître aussi petits, mais après l'espace et le gant et le lit dans la chambre de la maison du lac et les cauchemars et l'immeuble et tout le reste, et bien il n'a plus vraiment les mêmes sentiments qu'avant à propos des petits braqueurs.

Il ne les sous-estime pas. Une balle peut encore lui faire mal. Une balle peut blesser n'importe qui autour de lui.

Peter lance une toile taser, qui touche le sol humide et fige tous les hommes armées pendant quelques longues secondes. Assez long pour que Peter puisse les entoiler un par un au camion. Pour faire les choses proprement, il s'avance pour leur prendre leurs armes et en faire un petit tas à côté des roues.

Un instant plus tard il atterrit sur une voiture blanche et bleue. L'homme le plus proche le fixe avec des yeux écarquillés.

— Tu... n'es pas mort.

— Eh nan. On m'a pas aussi facilement, les gars. J'espère que tout le monde a été sage pendant que j'étais pas là.

Il leur offre un petit mouvement de la main.

À une époque, certains auraient essayé de lui tirer dessus. Auraient tenté de le poursuivre, de l'attraper. Mais depuis, d'après ce qu'il a vu sur les réseaux, il est devenu populaire. Un Avenger. Celui qui a... claqué des doigts.

Celui qui s'est sacrifié.

— À plus tard, les gars.

Et juste comme ça, Peter lance une toile et s'envole, prenant de l'altitude jusqu'à dépasser les immeubles.

— Ok, Karen. Prochaine étape ?

— Accident sur le pont.

— T'es le guide, montre moi la voie.

_________________________

🕷️

Will it matter when I'm gone | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant