𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚘𝚒𝚜

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Bonne lecture ! 

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Peter a appris quelques trucs très rapidement.

Quelques trucs comme l'expression que fait Tony Stark quand il commence à être fatigué (fatigué de Peter, d'avoir un gamin dans ses pattes, ou bien de toute autre chose, ça n'a pas vraiment d'importance). Parfois, quand le vendredi arrive et que Peter a l'occasion de passer entre deux ou quatre heures à Stark Industries pour son stage (son stage, qui au départ ne devait être qu'une excuse et qui s'est retrouvé être plus que réel quand Mr. Stark a trouvé son carnet de notes et a décidé que « peut-être il pouvait être utile ou peut-être pas mais en tout cas c'est l'occasion de faire une bonne action et Pepper devrait être contente, elle essaye toujours de redorer mon image ») et bien ça ne se passe pas toujours comme prévu.

Parfois, Tony Stark est dans un mauvais jour. Et Peter parle trop, trop souvent, trop longtemps, de tout et n'importe quoi, surtout quand il est stressé (et en compagnie de Tony Stark, Peter est toujours stressé car 1. il se souvient encore de la sensation incroyable de regarder la TV à ses 7 ans pour voir un homme important qui vend des armes devenir non seulement un super héros mais également un pacifiste (presque, plus ou moins, en tout cas plus de vente d'armes et Peter déteste les armes) et 2. Peter veut prouver sa valeur, tellement qu'il en devient parfois plus embêtant qu'un ado ne l'est déjà).

Donc, parfois Peter arrive après les cours, descend dans le labo, et se rend compte que Mr. Stark a des énormes cernes, un teint pâle, et qu'il grommelle dans son coin en travaillant sur Dieu-sait-quoi sans même relever la tête. Au départ, il restait : il restait et se sentait gêné, de trop, et s'est même fait engueuler pour rien plus d'une fois (ce qui a mené à des presque excuses de la part de Tony, alors que techniquement il est chez lui et que Peter s'invite). Donc maintenant, il entre, voit que Tony Stark n'a pas l'air en forme, et dépose ses dernières notes sur le bureau pour qu'il y jette un œil dans la semaine, quand ça ira un peu mieux.

Quand il a fait ça les premières fois, il rentrait directement : Peter enfilait son costume dans une ruelle à côté de SI et partait en patrouille pour quelques heures avant de rentrer voir tante May. Jusqu'à ce qu'un jour, en descendant les étages, il se retrouve dans les labos. Des labos où des gens travaillent vraiment, où des internes déjà à l'université bossent sur des choses qui changeront sûrement le monde : l'étage des labos de recherche est incroyable, et un jour Peter s'est surpris à passer devant, à lire ce qui était inscrit sur les tableaux, à entrer dans une salle et à faire des maths.

Tout simplement.

C'est un peu comme ça que, dans l'ordre, Peter a manqué de se faire sortir par la sécurité, a dû prouver que son badge était vrai, a parlé, parlé, parlé pendant des heures à une ribambelle d'internes qui au départ semblaient prêts à le tuer pour au final trouver que ses calculs étaient utiles, que ses idées étaient sympas, et que Peter était un gamin mignon. Intelligent, gentil, trop bavard, et désorganisé (une heure avec lui et ils ont retrouvé des feuilles noircies de calcul sans aucun lien un peu partout à l'étage pendant plus d'une semaine).

Et donc, Peter est revenu.

— Parker, je te jure que si je retrouve mes post-its disparus de ton côté, t'es mort.

Par-dessus une montagne de paperasse entassée et de tubes à essai vides, Rodriguo est en train de le fixer. Son sourcil haussé l'accuse directement, et Peter baisse les yeux vers le bloc de post-it qui traîne de son côté, et qu'il a déjà bien entamé.

— C'est... pas moi.

— C'est ça. Espèce de voleur.

Avec un petit sourire, Peter attrape le bloc pour le lancer dans sa direction : un lancer parfait, qui arrive presque immédiatement dans sa main. Il récolte un sifflement impressionné venant de derrière.

Kat, une autre interne, passe la porte avec un immense mug de café fumant.

— Fais gaffe, Rodrig'. Si t'entres dans le collimateur de Peter, il pourrait bien se plaindre à M. Stark.

Sa remarque attire quelques rires étouffés, et Peter rougit légèrement. Il remue dans le fauteuil sur roulette qu'il squatte à chaque fois, et fait tourner son crayon entre ses doigts.

— Oh, non. Pitié Peter, pas Iron Man.

Ce dernier fait la moue.

— Aha, très drôle.

— Moi je trouve que ça l'est, sourit Stacy. T'inquiète, on t'en veut pas.

— Mmh.

— C'était mignon, comme tentative. Qui n'en a jamais rêvé ?

La première fois, Peter a bêtement dit la vérité. Car il dit beaucoup de mensonges au quotidien, tout le temps et sur tout : Spider-Man, ses bleus, son boulot chez SI, son niveau à l'école, ses idées, ses sentiments, son ressenti.

Il travaille pour Mr. Stark. Depuis des semaines, des mois. Dans son labo, avec lui. Oh, et il a quinze ans. Tellement crédible.

Il a rapidement dû changer de discours en essayant de ne pas accidentellement casser le nez du vigile qui a tenté de le faire sortir de force : il a dû dire quelque chose comme « j'ai menti », « j'ai un oncle qui travaille à SI » (et ce mensonge-là à manqué de le faire vomir sur place), « je m'ennuie juste, je veux déranger personne », « mon badge est réel, vous pouvez demander à l'accueil ». En résumé, il a finalement eu le droit de rester, simplement car il a mis son nez là où il n'aurait pas dû, et que ça a quand même payé.

Et ce schéma s'est répété beaucoup trop de fois pour qu'il en tire une conclusion autre que « fouiner et toucher et écrire des calculs partout, c'est une bonne chose ».

— Peter ? Attrape ça.

Il relève la tête, et sa main s'enroule immédiatement autour d'un bloc note épais un peu froissé. Deux filles lèvent les yeux au ciel.

— Arrêtez de tester ses réflexes. Il est doué, on a compris.

— C'est fou, sourit celui qui vient tout juste de lui lancer quelque chose. Ça m'épate à chaque fois.

— Tu dois être le premier choisi au sport, au lycée. Je me serais battu pour que tu rejoignes l'équipe de base-ball, y'a quelques années.

Peter serre les lèvres et se frotte la nuque d'un air gêné.

— Aha, ouais. J'essaye de faire au mieux, disons.

— Et humble, en plus de ça. Quel bon garçon.

Stacy passe à côté de lui avec un clin d'œil. Peter baisse les yeux sur le bloc qu'on vient de lui lancer : des équations, des formules, des chiffres barrés. Son regard parcourt la feuille une fois, puis une deuxième fois et les voix des internes disparaissent petit à petit alors qu'il attrape un crayon.

Quelques minutes plus tard, son crayon à papier a recouvert une partie de l'écriture au stylo bic, et il observe les quelques modifications d'un air satisfait. Ce n'est sûrement pas parfait, mais c'est un déblocage : Peter est un petit génie, c'est Tony lui-même qui l'a dit. Il ne l'aurait jamais pris avec lui si cela n'avait pas été le cas, ou en tout cas pas comme ça, et ces internes qui ne doivent avoir que six ou sept ans de plus que lui ne l'auraient pas non plus laissé revenir si son cerveau avait été inutile.

Il n'attend pas une seconde de plus pour renvoyer le bloc note de l'autre côté.

— Putain, souffle l'autre garçon. Quand tu seras à la fac, si Tony Stark lui-même ne t'engage pas c'est moi qui vais devoir aller le supplier de le faire.

Et Peter rit, car parfois être le seul à savoir la vérité être presque amusant.

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Will it matter when I'm gone | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant