𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚎𝚞𝚡

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Bonne lecture ! 

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Peter fixe le tableau sans vraiment le voir : la professeure écrit des formules, interroge quelques personnes sur les réponses, sur les calculs inscrits sur le manuel qu'ils ont tous acheté en début d'année.

En cours, il prête de moins en moins attention à ce qui se passe. Ce n'est pas qu'il fait exprès, ou qu'il a envie d'être dissipé, mais depuis la morsure plus rien n'est réellement comme avant. Il ne peut plus rester immobile sur une chaise pendant des heures ni se concentrer sur un morceau de papier qui ne lui a jamais apporté l'intérêt ou le challenge dont il a besoin.

Avant, il s'ennuyait un peu au lycée. Maintenant, il tente d'occuper son esprit avec tout et n'importe quoi, du moment que ça l'empêche de vouloir sauter par la fenêtre, agiter sa jambe, agripper le bureau avec trop de force, ou toute autre chose qui afficherait immédiatement sur son front : je suis un mutant hyperactif.

Alors Peter, quand il a le temps, lit des manuels : il travaille avec Mr Stark, alors il sait (très souvent) ce qu'il y a à savoir sur ce qu'ils font en cours. Seulement la maîtrise de certains théorèmes ne l'empêche pas de devoir expliquer son raisonnement sur sa copie : c'est toujours une réflexion, que peut-il écrire et que faut-il éviter, s'il ne veut pas directement sauter une ou deux classes, et terminer à l'université bien avant son heure (il n'a ni envie de finir seul, ni envie d'être encore plus celui qu'on montre du doigt : si tout le monde connaît Spider-Man, personne ne doit remarquer Peter Parker). Il connaît les formules de l'arc réacteur de Tony Stark, mais doit ouvrir un manuel pour savoir expliquer la continuité des fonctions selon le système scolaire.

— Peter, tu es avec nous ?

Il relève la tête de son ordinateur. C'est un vieux truc, dont il a récupéré les composants dans les poubelles de grandes entreprises : Peter est bon en ingénierie, alors il a également fait celui de Ned, en un peu plus puissant car son ami lui sait faire autre chose que lancer un jeu et traîner sur les réseaux. Deux PC faits maison, qui fonctionnent très bien même s'ils ne payent pas de mine.

Et il est bien content d'avoir le droit de l'amener en cours, car un lycée scientifique comme le sien prône l'indépendance dans la prise des cours et le travail.

— Oh, hm, oui.

Il referme l'écran où une vidéo récente de Spider-Man tournait : avant, il n'y avait que lui qui postait ces vidéos. Il prenait quelques petits trucs avec son téléphone, et les mettait en ligne en se disant que si les gens le regardaient ou le connaissaient, ça serait sûrement une bonne chose. Pour faire fuir les criminels, les petits bien sûr, ou quelque chose comme ça.

Et aussi parce que Peter trouvait ça cool. À présent, ça lui laisse une impression dérangeante : Peter a fait quelque chose de mal, quelque chose de dangereux, et les gens s'en sont rendu compte. Sur YouTube.

— D'accord, alors comment calcule-t-on l'accélération linéaire entre les points A et B ?

Sur l'un des bureaux de devant, Flash lève aussitôt la main. Peter l'observe du coin de l'œil alors qu'il répond :

— C'est le produit du sinus de l'angle et de la gravité divisé par la masse.

Son dos s'affaisse légèrement quand la professeure lui dit que c'est faux.

— Peter, toujours avec nous ?

— Oh.

Quelques têtes se tournent vers lui, et cette fois Peter se redresse vraiment. Il cligne des yeux pour faire taire les pensées qui lui embrouillaient l'esprit, et quand enfin tout redevient silencieux il regarde le tableau. Il n'a pas écouté une seule seconde du cours, mais le schéma dessiné lui apprend tout ce qu'il a besoin de savoir.

Il serre les lèvres puis agite la main en disant :

— La masse s'annule donc c'est juste gravité par sinus de l'angle.

— Bravo, sourit la prof. Tu vois Flash être le plus rapide n'est pas toujours un avantage quand on se trompe.

Peter essaye d'ignorer le regard irrité de Flash lorsque ce dernier se retourne vers lui : tout le monde se détourne, oublie, et écoute la suite du cours, et Peter se retrouve à nouveau seul avec ses pensées. Ned n'a pas pris cette option, alors il n'a personne pour lui parler en continu de manière presque irritante parfois, mais en ce moment les pensées de Peter sont presque plus bruyantes que tout le reste.

Comme maintenant, à présent qu'il n'a plus l'écran de son ordinateur pour l'occuper, ou toute autre chose. Son sixième sens, sa petite antenne, son petit chatouillis : il a l'impression que d'une seconde à l'autre, quelque chose arriver.

N'importe quand, n'importe où. Quand il prend le métro, quand il regarde tante May, quand il parle avec Ned, quand il tente de faire ses devoirs. Il se sent détaché, perdu, et inquiet : car désormais, si quelque chose arrive, alors il a le devoir de faire quelque chose.

La responsabilité, c'est lourd.

Un soupir s'échappe de sa poitrine, et cette fois il attrape une feuille de papier et commence à travailler sur autre chose. S'occuper, et oublier.

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Will it matter when I'm gone | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant