𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚘𝚞𝚣𝚎

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Bonne lecture !

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 — Papa veut pas que je vienne. C'est vrai que ton bras est un peu moche, mais on voit pire à la TV.

Peter a l'impression que c'est juste là. Pas loin. À portée de bras.

— Ils me parlent jamais, pas à propos de toi. Pourtant j'ai lu plein de choses sur internet, et y'a des documentaires sur Spider-Man tous les week-ends. Je trouve ça cool. Enfin, je trouverais ça encore plus cool si ça rendait pas papa, maman et mademoiselle May aussi tristes.

Il se sent fatigué. C'est la première fois qu'il se sent fatigué. Il a l'impression que c'est la première fois. Découvrir une sensation, c'est curieux.

— Je vais revenir, promis. Happy m'a acheté de la peinture, discrètement, donc je pourrais venir dessiner des choses sur tes murs. Le blanc, je trouve ça pas top. Même maman a dit que papa devrait faire quelque chose pour cette pièce, mais en ce moment il ose plus trop venir. Je l'ai entendu dire que c'était difficile, et je pensais qu'il parlait de toi. Je pensais que tu serais comme tous les ados, ceux qu'on voit dans les films. Mais... t'es pas très bavard.

Ça picote. Ses doigts, sa poitrine.

— C'est pas grave, tu sais ? On aura le temps de parler plus tard. Papa dit toujours que je suis intelligente, et mademoiselle May m'a dit que tu l'étais aussi.

Le silence a des émotions. Le silence est presque douloureux.

— Je vais y aller. Papa passe toujours devant ma chambre quand il dort pas.

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Peter ouvre les yeux.

La bouche entre-ouverte, le cœur battant à cent à l'heure : il sent, sent tout à coup tellement fort. Pas de douleur, pas spécialement. D'autres choses, en revanche, comme la peur, la panique, l'incompréhension.

Les pensées peinent à se former dans sa tête. Il pense qu'est-ce que je fais là. Il pense où est-ce que je suis. Il pense qu'est-ce qui s'est passé. Il pense...

Une grande inspiration remplit ses poumons. Peter ne peut même pas remuer un orteil. Il essaye. Il essaye de bouger. Ça ne fonctionne pas.

Il ne sent rien, son corps aurait très bien pu ne pas être là. Sa tête est pleine de coton, ses doigts picotent, mais le reste n'existe même pas.

Il ne peut voir que le plafond. Un plafond blanc, entièrement blanc, à peine éclairé. Il fait nuit. Il fait sombre.

Peter est seul.

Il inspire.

La machine s'emballe un peu.

Ça fait du bruit.

Peter ferme les yeux, et attend que le silence revienne.

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— Il y a un village, à côté. Il est pas très grand, mais ils ont construit un hôpital ici. Ils n'y font que quelques urgences, des accouchements simples, et des opérations comme l'appendicite ou les amygdales. Mais le personnel s'est fait rare, alors ils prennent les volontaires sans broncher.

Il y a des odeurs, cette fois. Le désinfectant. La vanille. Du shampoing à l'aloe vera.

— J'avais besoin de m'occuper, tu comprends ? Je ne fais rien de mes journées, rien à part... attendre. J'attends, je me lève, j'attends, je mange, j'attends. À force d'attendre, j'oublie même pourquoi j'attends. Pepper est une femme incroyable, très forte, j'aime beaucoup parler avec elle, en plus leur fille est adorable, mais la voir me rappelle...

Il entend un reniflement. Il a l'impression qu'il pourrait tendre le bras.

— Je me suis proposée à l'hôpital, parce que je supportais plus de rester ici. Un beau chalet à côté d'un lac, au milieu des bois : on se croirait presque en vacances. Et, mon dieu Peter, j'ai rêvé de vacances à peine un an plus tôt, j'aurais adoré pouvoir t'emmener dans un endroit comme celui-ci. J'aurais donné n'importe quoi pour que tu te baignes, plutôt que tu travailles pour payer les factures, plutôt que tu... que tu te laisses tomber du haut d'immeubles immenses. J'ai vu les vidéos, tu sais ? Pepper m'a montré comment aller sur YouTube, et j'ai vu toutes ces vidéos où Spider-Man se prend des murs, où il tombe, où il... Je ne comprends pas pourquoi tu ne m'en avais pas parlé, ou plutôt ; je ne comprenais pas, mais maintenant que j'ai eu tellement de temps pour réfléchir...

Un nouveau reniflement.

— Tu lui ressembles tellement, Pete. Ben aurait... il aurait été fier.

Il est fatigué. Si fatigué.

— Quand tu te réveilleras, tu es privé de sortie jusqu'à ta retraite, mon garçon.

Des bruits de tissus froissés, quelque chose de chaud sur lui.

— Je... oui, voilà. Je disais que je m'étais proposé à l'hôpital. J'ai refusé d'être payé, étant donné que Tony Stark semble vouloir à tout prix me faire économiser le moindre centime, donc je n'ai rien payé de ma poche depuis un moment. J'aide les gens. Ça me fait du bien. Ça m'occupe. Je suis.... j'ai hâte que tu te réveilles, Pete.

C'est chaud. Il est fatigué.

— Hm. Tu sais quoi ? J'ai rencontré plein de monde à l'hôpital. D'abord, il y avait cette femme au service gynéco qui dirigeait tout le monde avec....

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Will it matter when I'm gone | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant