Bonne lecture !
_______________________
Au départ, ils semblaient tous ravis de voir Peter réveillé.
Il y avait toujours du monde dans sa chambre, et les visites étaient constantes : des caresses sur le front, quelques larmes, des questions, des sourires tremblants. Peter n'avait jamais été autant entouré qu'en ouvrant les yeux avec des souvenirs défaillants.
À présent, il marche, mange, parle, et remarque que quand il sort de sa chambre pour aller dans le salon, c'est le silence qui l'accueille. Tony est souvent dans son labo, au sous-sol. Happy n'est jamais dans la maison. May travaille. Pepper travaille encore plus.
Il n'y a que Morgan, qui s'occupe comme elle peut : Tony joue avec elle, Pepper aussi, mais occuper une fillette de son âge qui passe son temps à la maison (car pour le moment, Tony ne semble même pas envisager la possibilité de faire autre chose que l'école à domicile). Souvent, elle vient trouver Peter quand il construit des petites choses sur le comptoir de la cuisine, et le pousse à jouer aussi.
Ça ne le dérange pas. Pas tout le temps, en tout cas.
Un jour, May le trouve dans un fauteuil, sa tablette sur les genoux. En passant derrière lui, elle lance un coup d'œil et manque de faire tomber le verre d'eau qu'elle tient en reconnaissant l'interface d'un réseau social.
— Peter, tu...
— La technologie a tellement évolué en si peu de temps. C'est pas très étonnant, étant donné qu'on est passé de téléphones lourds comme des pierres à des écrans pliants en à peine quelques années, mais quand même...
Il fait la moue.
— J'ai mis un moment à m'y faire. Avec un maximum de quelques minutes de concentration par jour, je me suis sûrement pas trop mal débrouillé. Ça a toujours été Ned, le pro des ordinateurs.
Il fait défiler le fil d'actualité qu'il a créée avec le simple mot clé « Spider-Man ».
— Peter, Tony a dit...
— Personne ne sait pour Peter Parker, dit-il. Par contre, ils pensent tous que Spider-Man est mort.
May fait le tour du fauteuil, et vient s'installer en face de lui. Elle, au moins, elle n'a pas vieilli : elle est toujours jolie, fatiguée. Et elle l'observe toujours comme une mère.
— Je sais pas du tout qui est le président. Le directeur de Midtown a changé. Je comprends pas la moitié des memes sur Twitter.
— Il est peut-être encore un peu tôt pour internet.
— Je vais mieux.
— Peter...
— Je vais mieux. Dr Strange l'a dit, la dernière fois qu'il est passé. Je suis presque comme avant, à la différence près qu'avant, personne ne m'enfermait dans l'appart'.
May se mord la lèvre.
— Pete, personne ne t'enf...
— Je veux retourner à New York. Je veux... redevenir comme avant.
Son regard lui dit ce qu'il ne veut pas entendre. Que c'est impossible. Que même s'ils retournent à New York, ça ne sera jamais comme avant, car Peter vient de passer un an dans la maison de Tony Stark, à revenir peu à peu à la vie. Il n'est pas encore tout à fait vivant, mais il est en vie.
Peter remue les doigts, et May baisse les yeux vers sa main. Elle fronce les sourcils.
— Tu viens de claquer des doigts ?
— Mmh.
— Peter, tu...
— Ça change rien. Je pensais que ça changerait quelque chose, que je comprendrais. Mais ça... ne change rien.
Sa bouche se tord. Elle renifle discrètement.
— Pourquoi tu n'as rien dit ?
Il hausse les épaules.
— J'ai juste claqué des doigts. Ça faisait... tellement mal. Et j'étais...
L'écran de la tablette s'éteint entre ses mains, et Peter la laisse tomber sur le côté, contre un coussin. Sa gorge est serrée.
— Il faut qu'on retourne à New York. C'est chez eux, ici. C'est pas... c'est pas chez moi. Je sais que toi tu t'y es fait, et c'est normal parce que... parce que j'étais pas là et... et t'as pas à faire ta vie en fonction de moi mais...
Il renifle à son tour. Le visage de May est complètement décomposé.
— Je peux pas continuer à me réveiller tous les jours en ayant l'impression de squatter, de prendre trop de place. Mr Stark avait déjà du mal à me voir quelques heures par semaine, avant, et d'un coup je... May, je sais pas quoi faire. Il passe ses journées dans le labo, et si c'est pour m'éviter alors c'est... c'est à moi de partir. C'est à moi de leur rendre leur vie.
— Peter, je t'assure que tu ne...
— Je sais ce que tu vas dire, May. Je sais, d'accord ?
Il sourit, mais c'est tremblant.
— Tony me garde ici parce qu'il se sent coupable. Parce que c'est dans ses bras que j'ai disparu, parce qu'il pense que c'est à cause de lui que je me suis retrouvé avec ce gant dans les mains. Il ne dira jamais... il ne dira jamais rien.
Elle ne semble pas savoir quoi dire. Tout à coup elle est proche, ses mains dans les siennes : elle tend les doigts pour écraser des larmes sur les joues de Peter, puis inspire profondément.
— Tu veux vraiment retourner à New York ?
Il acquiesce. Lentement.
— J'ai envoyé un message à Ned, sur Twitter. Si jamais tu préfères rester ici, il veut bien m'héberger pendant quelques...
— Oh, Peter. Si tu veux aller à New York, on prend le prochain vol, d'accord ? On peut même aller en Italie ou au Canada si c'est ce que tu souhaites. C'est toi qui décides, Pete. Après tout ça, c'est... on fera uniquement ce que tu veux.
La seconde d'après, ses bras entourent ses épaules et elle le serre si fort que Peter a presque mal. Ses lèvres n'arrêtent pas de trembler.
May le garde contre elle jusqu'à ce que Morgan se réveille de sa sieste et entre dans le salon avec les yeux bouffis.
_____________________________
🕷️
VOUS LISEZ
Will it matter when I'm gone | Peter Parker
Fanfic| Peter Parker-centric / IronDad & SpiderSon | Fiction terminée | ❝ - Je ne me sens... pas très bien. Il aurait dû dire cette phrase des mois plus tôt. Il aurait dû appeler à la première blessure, la première balle, la première coupure. Il aurait d...