𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚌𝚒𝚗𝚚

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Bonne lecture ! 

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Au départ, Peter ne sort pas beaucoup.

Il reste dans l'appartement avec May, et regarde avec elle les films qui sont sortis pendant leur cinq années de disparition. Il y a tellement de choses à rattraper qu'ils ne savent même pas par où commencer. Peter voit bien que parfois May a envie de faire autre chose, de travailler, de bouger, mais pourtant elle accepte de rester là, avec lui.

La journée, il s'assoit très près d'elle et profite de la chaleur et de la présence. Enroulé contre son bras, écrasé sous les couvertures, les genoux contre son torse et ses pieds recroquevillés à côté d'un coussin. Le soir, la fatigue prend le dessus et il a du mal avec la proximité, avec une main sur son front ou une peau contre la sienne. Il se sent à l'étroit, il se sent gêné, il se sent engourdi.

May ne semble jamais lui en vouloir, même quand il se décale à l'autre bout du canapé et commence à remuer plus que nécessaire.

Un jour, pourtant, Peter sort. May a besoin d'aller faire des courses, d'aller marcher, d'aller voir des gens, et elle ne le fait pas car son neveu ne met pas le nez dehors : Ned envoie un message à Peter pour lui proposer quelque chose, et il dit oui.

Dehors, c'est un peu différent de ce qu'il entend tous les soirs avec la fenêtre ouverte. C'est plus bruyant, plus sec, plus odorant : Peter inspire profondément par la bouche au moment où Ned se pointe à l'autre bout de la rue.

Il cligne des yeux, et soudain il est là.

— Salut, mec. Alors, comment tu te sens ?

Ned a l'impression que Peter est guéri. Il n'ose pas encore le toucher, pas aussi facilement qu'avant, mais il lui a dit l'autre jour qu'il était « trop content que ça aille mieux » et Peter ne sait pas quoi répondre à ça.

Ils vont à la bibliothèque lire des BD, vont traîner dans des magasins vintages, vont voir un film (et Peter sort au bout de vingt minutes car le son est trop fort et il avait oublié) et vont finalement squatter le rayon technologique d'un supermarché pour que Ned lui montre les nouveautés (les Starkphones sont les plus vendus depuis des années).

Quand, au bout de quelques heures à déambuler un peu partout (le métro n'a presque pas changé, ce qui s'est retrouvé presque rassurant) Ned a eu envie d'aller manger quelque part.

Sans trop réfléchir, Peter insiste pour qu'ils aillent chez Delmar's. Il s'attend à ce que Ned lui apprenne que le magasin n'est plus là, que monsieur Delmar ne fait plus de sandwich, qu'il n'est même plus vraiment là, mais il se contente de dire « oh mais oui, ça fait longtemps ».

L'enseigne n'est plus tout à fait pareille. Ça fait plus propre. Les étales de devant empiètent sur la rue. La porte est ouverte même s'il ne fait pas très chaud : il n'y a quelques personnes à l'intérieur, qui ne mangent même pas.

Quand Peter s'arrête à côté du comptoir, il voit le regard de M Delmar s'arrêter sur lui, sans réelle réaction.

— Bonjour, dit Ned.

Et cette fois, Peter voit des sourcils froncés et des yeux qui passent de l'un à l'autre : la bouche de M. Delmar s'ouvre, mais rien ne sort. Son chat, en revanche, saute sur le comptoir et marche tranquillement vers Peter en évitant tout ce qui se trouve dessus. Sa queue blanche frôle son épaule, son museau se frotte contre son pull, et il tend la main gauche pour le caresser.

— Peter ? Putain de merde.

Ned hausse un sourcil, car en général M. Delmar n'est pas aussi grossier. Enfin, peut-être que cela a changé, car si avant Peter était celui qui venait le plus souvent, à présent cela semble avoir changé vu le regard qu'ils échangent, avec Ned.

Will it matter when I'm gone | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant