𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚝𝚛𝚘𝚒𝚜

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Bonne lecture !

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Le lendemain, à l'aube, alors que Peter remonte encore le cours de tous les événements qui ont eu lieu pendant les six dernières années (tellement de dessins, de montage : Spider-Man qui claque des doigts, partout, tout le temps), sa porte s'ouvre. Il ne détache pas tout de suite son regard de l'écran : assis dans l'embrasure de la fenêtre, sur le sol, les pieds sur la terrasse, il prend un instant avant de relever la tête.

Tony entre, s'avance dans la pièce, puis traîne le fauteuil pour qu'il soit juste à côté de Peter ; il s'y assoit en silence.

Pendant quelques secondes, ce n'est que ça. Un silence agréable, qui force les paupières de Peter à se fermer doucement.

— On m'a dit que tu voulais partir.

Sa voix est curieuse, lente et fatiguée, mais surtout légèrement craintive. Tony Stark a une voix de papa, Peter l'a entendu quand il parlait à Morgan l'autre jour. C'est presque ça, à présent.

— Pepper aime bien discuter quand... eh bien quand je me décide enfin à aller me coucher. Ta tante lui a dit. Presque tout le monde est au courant, apparemment.

Il hausse les épaules.

— Je suis le dernier, c'est pas grave. Mon ego s'en remettra.

Sa jambe tressaute, et Peter pose la tablette sur le côté. Il écoute sagement.

— Tu veux rentrer à New York, alors. Je peux faire en sorte que vous retrouviez votre appartement. Je comprends pas bien pourquoi ce truc miteux vous est si précieux, mais ta tante a manqué de me jeter une bouteille à la figure la dernière fois que j'ai dit que je pouvais vous trouver mieux. C'est en rapport avec ton oncle, je me doute. Tant que ça vous va...

Il passe une main sur sa barbe.

— Et pour l'école, on avait pas vraiment pensé à les prévenir quand on t'a ramené alors faudrait les recontacter, peut-être que tu passeras un test si tu veux rester dans la classe de ton pote Ted, mais ça devrait pas être compliqué.

Peter tourne la tête pour le regarder : il le fixe un long moment.

— Spider-Man ?

— N'y pense même pas. Donne-toi encore un peu de temps. Si tu sautes de plus de trente étages maintenant, je peux t'assurer que ta tante en fera une crise cardiaque.

Il a l'air sérieux, alors Peter hausse les épaules à son tour.

— D'accord.

— C'était bien plus simple que ce que j'aurais cru. Je suis sérieux, tu sais ? Pour Spider-Man, t'attends encore un peu.

— J'ai compris.

Tony a l'air dubitatif, mais il abandonne rapidement. Au loin, derrière les arbres et l'eau calme, le soleil se lève doucement. C'est orange et chaud.

— Tu as dit à ta tante que tu pensais nous déranger.

Le changement est tellement soudain que Peter fronce les sourcils : il est fatigué, tout est si lent.

— C'est chez vous.

La bouche de Tony se tord.

— C'est aussi... chez toi.

— C'est chez vous, répète-t-il.

Il a l'air d'avoir envie de le contredire une nouvelle fois, mais à la place se contente de dire :

— C'est faux, ce que tu lui as dit. Tu ne déranges personne, et je ne... je ne t'ai pas ramené ici parce que je me sentais coupable, ou peu importe.

Peter ne répond rien. Il détourne le regard, revient sur son bras noir : il peut bouger, de plus en plus, mais sa peau reste sombre, tellement que Morgan pourrait dessiner dessus avec un crayon blanc. Ça ne changera peut-être jamais.

Une marque à vie, qu'il sera obligé de cacher. Un secret de plus.

— Peter, écoute-moi pour une fois. Tu peux partir, mais tu peux aussi revenir, d'accord ? Je me suis occupé de toi parce que tu nous as sauvé la vie. Tu as sauvé la vie de tout le monde. Ça n'aurait pas dû être toi, jamais : tu n'es qu'un gamin. Mais tu l'as quand même fait. Je pensais que tu nous le dirais si jamais tes souvenirs revenaient, mais ça fait des semaines, n'est-ce pas ?

— Petit à petit. Le moment où j'ai claqué des doigts, c'est seulement depuis trois jours.

Tony acquiesce lentement.

— Tu nous as sauvé la vie. Et tu... ça te semble si bizarre que je... je ne t'ai pas invité au labo toutes les semaines pendant des mois simplement pour Spider-Man, Peter. J'aurais sans doute dû faire quelque chose dès la première alerte de FRIDAY concernant la première de toutes ces vidéos où tu semblais... épuisé. Mais je pensais que c'était pas mon rôle. Que je n'avais pas le droit. Mais là, franchement, j'ai un peu plus d'expérience dans l'art de... de parler aux gamins.

— Je suis pas...

— Je ne t'évite pas. Pas vraiment. Le labo, c'est juste ma façon à moi de gérer les choses. T'as été endormi pendant... pendant longtemps. J'ai fini par essayer de me faire une raison, de me dire que si jamais tu ne revenais pas, je pouvais pas... je ne pouvais pas craquer.

— Morgan et Pepper.

— Morgan et Pepper, acquiesce Tony. Ça fait longtemps pour moi, Pete. Je ne sais plus comment agir, je ne me souviens plus : je me souviens de toi, mais pas de moi.

Il se passe une main dans les cheveux, et Peter ne se souvient pas non plus avoir déjà vu Tony Stark aussi honnête.

— Alors ne dis pas des trucs comme ça à ta tante, d'accord ? Tu n'es un poids pour personne ici. On sait juste... pas vraiment quoi faire.

Dehors, il fait frais. Peter n'a pas bougé depuis un moment, et la morsure l'a toujours rendu beaucoup plus sensible aux changements de température. Il frissonne.

— Moi non plus, je sais pas quoi faire. C'est pour ça que je veux New York. Je veux juste... redevenir moi. Au moins un peu.

Il essaye de sourire, et Tony passe soudain sa main dans son dos : il frotte, appuie, puis la seconde d'après il le serre contre lui. Le câlin est inattendu, surprenant, et Peter fond dedans en expirant tout l'air de ses poumons.

— Ça va faire bizarre, sans toi.

— Essayez de... moins de labo, d'accord ? Je crois que Morgan se sent un peu seule.

Tony ouvre la bouche, et Peter s'attend à tout (ce n'est pas ses affaires, c'est peut-être un peu trop). Mais Mr Stark rit doucement :

— On va vraiment devoir reparler du vouvoiement.

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FIN

Partie DEUX

Will it matter when I'm gone | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant