31Histoires Pour Attendre Halloween 🎃

6.Les Déguisements

Je m'étais finalement décidée à participer. Je n'osais pas parce que dévoiler mon talent me faisait peur. Mais chaque année, mes amis sont déçus que je refuse de prendre part au concours de déguisement d'Halloween.

Alors cette fois, sous leurs supplications, j'inscris mon nom sur la liste des candidats.

"Enfin ! hurle Madeleine. Bravo !"

Et nous allons tous chez moi, dans un enthousiasme débordant. Je propose des bières à la troupe et nous nous atablons dans la cuisine.

"Des idées ! cria soudain Jack en se levant. Il nous faut des idées pour les costumes !"

Je ris, enivrée par la chaleur de l'alcool.

"Je vais chercher des feuilles."

Très vite je reviens avec un paquet de crayons et un autre de croquis, lâchant un splendide "TA-DA !" sous les exclamations.

Les crayons grattent le papier jusqu'à très tard dans la nuit. Les idées fusent, les verres se vident, les rires s'amplifient.

En tant que nommée par le groupe Styliste Aguerrie, j'aide les autres avec leurs dessins. Enfin, j'aide Jack. Surtout Jack.

Le sommeil commence à se faire sentir. Certains veulent rentrer, d'autres rester. Finalement, nous nous endormons tous dans le salon.

Le lendemain, je me lève aux aurores, me lave, m'habille. Puis je réveille les feignasses qui ronflent encore, sur le canapé ou par terre, pour leur annoncer le programme.

"Préparez vos porte-monnaie. On part acheter du tissu, du tissu et encore du tissu, où vous vous présenterez au concours d'Halloween les fesses à l'air !"

Ma menace ne semble pas faire mouche. Je crois même que Madeleine voit ce destin funeste comme une option envisageable.
Cependant, malgré les gueules de bois, nous finissons tous dans la voiture, en route vers les magasins.

Mes amis affichent une moue un peu perplexe face aux tissus de marque et aux fils de toutes tailles.

Heureusement je suis là pour les aiguiller et leur enthousiasme reprend vite le dessus.

Évidemment, la séance shopping ne sert à rien si l'on ne s'arrête pas à une boutique spécial Halloween. Nous entrons donc dans un magasin fraîchement décoré, aux couleurs marron, orange et rouges.

Les déguisements pour enfants - et adultes - s'entassent, ainsi que les citrouilles, les chapeaux, le faux sang et les masques. Très vite nous ne comptons plus notre argent et ressortons avec un caddie bien trop plein.

Après un déjeuner bien rempli, le travail s'impose. J'affiche nos six croquis et explique les étapes. Je laisse ma machine à coudre à disposition, à condition qu'ils en prennent soin, ainsi que des ciseaux, crayons, mètres, etc, etc.

Tout le monde se met à l'ouvrage dans la bonne humeur et les plaisanteries.

Simon, le plus jeune du groupe, lance un film d'horreur.

"Histoire de nous mettre dans l'ambiance" nous explique-t-il.

En une semaine, les costumes sont prêts. Nos œuvres d'art resplendissent, nos cœurs à tous se remplissent de fierté. Nous fêtons le travail accompli avec un bon vin, discutant et épiloguant.

Maintenant, il faut juste attendre le soir d'Halloween. Tout le monde convient qu'il vaut mieux laisser les costumes chez moi, pour éviter de les abîmer en les transportant et, malheureusement, je n'ai pas mon mot à dire !

Les jours passent et mon impatience grandit. L'anxiété un peu, aussi, car je vais me présenter dans ma création, sous le regard de dizaines de personnes.

Plus que trois longues journées d'attente.

Deux jours

Plus qu'un...

Et enfin nous y voilà : le 31 octobre au soir !

Toute la petite troupe se réunit à nouveau chez moi. Nous nous préparons et, au besoin, effectuons les derniers ajustements.

Enfin, nous sommes tous prêts et le spectacle est magnifique. En ligne droite, les uns à côté des autres, les cinq plus beaux monstres qu'on n'ait jamais vus se dressent devant moi.

Madeleine, déguisée en Draculaura de Monster High ;

Jack, bien sûr en tant que le terrifiant Jack l'éventreur ;

Simon, un cavalier sans tête des plus réussis ;

les amoureux Jim et magie, en siamois terrifiants.

Et moi, la princesse déchue à moitié morte, qui me place à côté des siamois.

Nous nous prenons la main et nous aventurons dans la nuit noire d'Halloween, à la queue leu leu, le pas léger.