Le labo de recherche scientifique dans lequel je travaillais vivait de sa grande réputation. On lui attribuait quelques avancées médicales et beaucoup de progrès technologiques. Personne ne se doutait que derrière ce travail officiel se cachaient des recherches moins... Légales.
Je faisais partie du petit comité de travailleurs qui plongeaient les mains dans ce marché noir. Nous en tirions des profits considérables, c'est pourquoi nous formions la totalité du personnel le mieux payé de l'entreprise.
Un soir, je rentrais plus tard qu'à l'accoutumée car j'étais chargé d'une ou deux tâches concernant notre activité officieuse. Je venais de terminer et fermai la porte arrière du bâtiment. La température ne dépassait pas les cinq degrés et la nuit était depuis longtemps déjà tombée.
Je rentrais seul chez moi, longeant la rue calme. Non loin du laboratoire, je remarquai une silhouette immobile, tête baissée, capuche sur la tête. Elle ne bougea pas lorsque je passais devant elle.
Au passage piéton je tournai la tête, la silhouette avait disparu. Il me fallut un temps pour comprendre que la silhouette à côté de moi, c'était elle. Je ne l'avais pas entendue marcher derrière moi.
Le feu passa au vert. Déboussolé, j'attendis. La silhouette ne bougea pas. Je commençais à me sentir mal-à-l'aise, mais il ne pouvait rien m'arriver, n'est-ce pas . La silhouette encapuchonnée traversa presque au moment exact où je m'engageais. Coïncidence, bien-sûr. Elle n'allait pas non plus me suivre sur toute la rue qui menait jusqu'à chez moi...
Si.
Je commençais à paniquer. Jamais encore de ma vie je n'avais eu affaire à ce genre de situation. Les mains moites, le cœur battant, je déviai de ma trajectoire.
Rester là où il y a du monde. Faire des détours pour la semer.
Je n'osais pas m'arrêter de marcher, ni me retourner. J'observais la ville et les passants, à la recherche d'une échappatoire.
Un taxi. Oui, prenons un taxi.
Je couru, la main levée, appelant mon sauveur qui roulait sans me voir... Les pieds douloureux, frigorifié par le contact de l'air contre mon corps en sueur, j'accelerai, criai plus fort...
Le taxi sembla ralentir, je me trouvai à sa hauteur au moment où il s'arrêta. Soulagé, tremblant, j'ouvris la portière arrière, observai la rue. La silhouette, quelques mètres plus loin, m'observait, campée sur ses deux pieds, droite et rigide. Je montai dans la voiture.
"Où allez-vous ?"
Un peu perdu, je bredouillai une adresse. L'homme sembla remarquer mon trouble, il ne dit rien pendant un moment.
Je parvins à retrouver contenance, mon cœur revint à un battement régulier. La frayeur était passée, tout allait bien, je n'avais plus qu'à me détendre tandis qu'on me conduisait chez moi.
"Dure journée ? demanda le chauffeur.
- Oui. Je crois bien que je me faisais suivre par un type, il devait vouloir me vendre de la drogue..."
L'homme n'ajouta pas un mot. Ses yeux se détachèrent du rétroviseur intérieur pour se concentrer sur la route.
Il portait un bonnet, pourtant il ne faisait pas froid dans le véhicule. Je remarquai ses affaires posées sur le siège passager à sa droite. Il y avait un sac en toile de jute d'où sortaient un mouchoir en tissu, des cordes et un étrange flacon que je ne parvenais pas à identifier.
Des... Cordes ?
Un sédatif.
Le chauffeur freina violemment et ma tête heurta de plein fouet un matériau solide. Je n'avais pas attaché ma ceinture.
*
Une odeur âpre m'irritait le nez et me brûlait la gorge. Ma tête subissait une pression qu'elle ne savait supporter.
Je gémis de douleur en me redressant, il me semblait que j'avais passé plusieurs heures dans une position inconfortable. J'ouvris les yeux, et pourtant je ne vis rien. Un tissu serré et autour de mon crâne me bloquait la vue.
Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait, mes poignets et mes chevilles attachés me brûlaient, mon mal de crâne m'empêchait de réfléchir.
Je me débâtis quelques instants, mais c'était inutile. J'inspirai alors profondément et tentai de me souvenir.
J'étais... Je... Je travaillais au labo et... Il faisait nuit. Quelqu'un me suivait. Mais je l'ai semé. Comment ? Et d'où venait cette horrible migraine ?
Un bruit résonna au loin. Une porte. Des pas. Ils étaient plusieurs. Des rires ricochèrent contre les parois de la pièce, tout près de moi.
On m'arracha le tissu qui m'obstruait la vue. La pièce faiblement éclairée ressemblait au salon d'une maison abandonnée. Cinq individus se trouvaient devant moi. Je dut lever la tête pour voir leurs visages. Ils étaient masqués.
Je ne voyais que leurs yeux, je reconnus ceux du conducteur. Ils se cachaient derrière la figure du diable.
Ils commencèrent à me parler. Me menacer. Ils voulaient connaître le sujet de mes recherches secrètes au laboratoire, et comment y accéder. Je ne voulais rien leur dire, mais les sédatifs m'embrumaient le cerveau.
Les cordes qui me retenaient me brûlaient la peau. Les cinq visages du diable se confondaient devant moi, leurs cornes noires me menaçaient.
D'abord de simples décorations en plastique, elles devenaient de vraies cornes, grandes, dangereuses. Leurs peaux rouges m'agressaient la rétine, leurs sourires démesurés me donnaient la nausée, leurs cris s'enfonçaient dans mes tympans et me faisaient sombrer un peu lusieurs enfers.
Quand ils en sont venus aux mains, j'ai craqué. Je leur ai tout dit. Je leur ai donné le mot de passe. Expliqué que la clé qui se trouvait dans ma veste servait à ouvrir la porte de derrière.
Les hommes étaient devenus des diables. Lorsqu'ils partirent, lorsqu'ils me laissèrent seul dans cette pièce froide, leurs visages rouge sang restèrent imprimés dans ma rétine, et continuèrent à danser devant moi.
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