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La pièce était plongée dans le noir et un silence total y régnait. La terre humide d'un pot de fleurs brisé recouvrait le sol. Les rideaux tirés filtraient un léger clair de lune atténué par le brouillard.
L'immobilité de l'appartement fut interrompue lorsque des pas résonnèrent derrière la porte. Une ombre faible et déformée se profila aux interstices de l'entrée.
Le bruit des rouages de la serrure se fit entendre, la poignée tourna et grinça. Quelques secondes passèrent, puis la porte pivota, poussée par une large main blanchâtre.
Dans l'appartement, l'agitation naquit, le pot de fleurs fut à nouveau renversé et trois chiens se précipitèrent sur un homme imposant au teint pâle. A peine trouva-t-il le temps d'allumer la lumière que les bêtes l'encerclèrent.
"Oh, oh, oh, bonjour, mes petits !"
La surprise passée, il tenta de caresser les animaux qui sautaient, s'agitaient et tentaient de lui mordiller les doigts, voir le bras. Le bonhomme se fraya un chemin dans la pièce, posa ses clés et détacha l'étiquette "Bob Burton" accrochée à son uniforme de travail. Les chiens ne le lâchèrent pas.
"Vous avez fait des bêtises", lâche-t-il en constatant les fleurs éparpillées.
Malgré cela, un large sourire s'étala sur son visage et il leur offrit de gros morceaux de viande rouge sortis du frigo. Aussitôt, les bêtes se jetèrent sur la viande crue en grognant et battant de leurs queues. En quelques secondes à peine, il ne restait plus aucune trace du gibier.
L'homme souriait devant l'appétit de ses bêtes. Elles étaient pour lui la touche de bonheur de ses journées monotones. Il travaillait dans une vieille entreprise ennuyeuse et vivait seul. De ce fait les journées s'enchaînaient, toutes les mêmes, dans une routine monotone à en mourir.
Alors quand Mr Burton s'était rendu à l'animalerie, c'était dans la ferme intention de trouver une compagnie agréable qui égaierait ses semaines.
En voyant les trois bergers allemands japper derrière les barreaux, il avait tout de suite senti un lien se créer entre eux.
Depuis, une nouvelle routine s'était mise en place pour Mr Burton. Ainsi que pour ses chiens. Chaque soir comme ce soir-ci, il rentrait du boulot et son visage s'illuminait à la vue des mollosses. Les chiens, eux, s'extasiaient face à l'arrivée de l'homme qui leur offrait de la viande crue.
Bien sûr, quelques fois, il arrivait des mésaventures. Comme le pot de fleur brisé de ce jour-là. Comme le coussin déchiré de la semaine d'après. Comme l'altercation avec la vieille dame le mois suivant.
Ses collègues disaient qu'il ne s'occupait pas bien d'eux. Mais qu'en savaient-ils, eux ? A chaque fois, Mr Burton leur répondait qu'ils ne savaient que critiquer.
Oui, leur énergie les rendait un peu plus difficiles à surveiller, et alors ?
En effet, il leur arrivait de se montrer méfiants envers les invités, mais de là à les qualifiers de méchants ?
Un jour qu'il n'y avait plus de viande dans le frigo, Mr Burton les avait nourris aux vieux bonbons pour chiens qui traînaient dans un placard. Les bergers allemands n'y avaient pas touché.
Ils grognaient et couinaient devant la maigre récompense. Attristé, leur maître tendit la main pour leur caresser la tête, mais un chien lui la mordit violemment. Mr Burton retira son bras dans un cri : il était mordu jusqu'au sang.
Le lendemain, ses collègues de boulot, sa mère, ses amis lui dirent que les chiens devenaient dangereux. Il ne voulut rien entendre. Il ne s'agissait que d'un malheureux accident.
Un autre jour encore Mr Burton rentra chez lui plus tard qu'à l'accoutumée. Il régnait dans l'appartement une forte odeur nauséabonde. Mr Burton découvrit alors un vrai carnage dans le salon.
D'une façon obscure et qui échappait totalement à l'esprit de Mr Burton, les chiens étaient parvenus à ouvrir le frigo de leurs griffes. La viande gisait sur le parquet du salon et les chiens s'échinaient à déchiqueter, mâchouiller, ingurgiter chaque morceau, sans même se soucier de leur maître.
Mr Burton fut tellement surpris par la situation qu'il en rit. Ces chiens étaient brillants. Mais il lui faudrait trouver une solution pour que cela ne se reproduise plus. D'ici là, il n'achèterait plus de viande.
Voilà trois jours que les chiens vivaient de légumes mal cuits et de bonbons pour nettoyer leurs dents, et l'irritation les rendaient difficiles à gérer.
Mr Burton regardait la télévision, tranquillement installé sur son canapé. Ses chiens réclamaient son attention, d'abord en s'agitant devant lui, puis en lui tirant la manche, puis en le mordant.
Leur maître s'amusait de ces marques d'affection qui l'attendrissait et essayait de caresser ses bêtes avant qu'elles ne fuient de sous ses mains. Il se retrouva vite encerclé, tiré de toute part par les animaux. Mr Burton éteignit la télévision et parti dans sa chambre, laissant les chiens à leur frustration.
Cette nuit-là, ils saccagèrent le canapé, mâchouillèrent la télécommande, vidèrent le frigo, qui ne contenait pratiquement pas de viande.
Une semaine après la scène, les collègues de Mr Burton s'inquiétaient pour leur bon ami. Voilà plusieurs jours qu'on ne le voyait plus au travail. Ses amis n'avaient pas plus de nouvelles. Sa mère n'avait pas discuté avec lui depuis un moment.
Le patron laissait chaque jour un message dans sa boîte vocale, car il ne répondait jamais au téléphone. Il ne rappelait jamais non plus.
Et pendant que tout le monde s'interrogeait sur le silence soudain de Mr Burton, dans son appartement, une forte et désagréable odeur de je-ne-sais-quoi flottait, et des morceaux de viande gisaient au sol.
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