Cœurs coupables

23 - Shopping et confessions

Addison.

Je ne pensais pas que les retrouvailles avec Lisa se passeraient si bien, je m'attendais plutôt à nous faire incendier pendant des heures mais je pense que sa joie de nous revoir enfin ensemble a pris le dessus sur sa colère, ce n'est pas plus mal car je n'avais pas le courage d'écouter ses remontrances, justifiées, certes, mais qui auraient été plus que déplaisante à mon avis. Mais le week-end ne fait que commencer et elle pourrait revenir sur le sujet assez vite.
Malgré tout, je suis tellement heureuse de me retrouver ici, de les retrouver. Je ne me rendai pas compte à quel point ils m'avaient manqués, on était resté en contact par téléphone mais c'était seulement quelques messages par an, j'avais toujours eu peur de les revoir, les affronter serait un mot plus juste. Lisa et Robert ne se sont jamais mêlés de notre couple mais quand on divorce c'est toujours plus complexe et tout le monde essaye de mettre son grain de sel, prenant parti pour l'un ou l'autre. Mais eux non, ils ont su rester neutre et j'ai apprécié qu'il ne me considère pas comme la méchante de l'histoire.
La famille c'est quelque chose de tellement compliqué, je n'avais jamais vraiment connu ça auparavant alors j'avance à tâtons sur beaucoup de chose encore.

En début d'après midi, Lisa m'a demandé d'aller faire les magasins avec elle. Je sens venir le temps des questions mais ça ne me dérange pas d'y répondre. Je me suis toujours sentie très à l'aise avec elle, et quand on discute ensemble, je lui confie tout, comme si elle était ma maman. J'ai perdu la mienne jeune et étant adolescente j'ai toujours envié la relation mère/fille qu'entretenaient mes amies. C'est à ce moment là que ma mère me manquait le plus, l'époque où on a besoin de conseils, d'écoute de réponses... Je ne pouvais rien demander à mon père qui me présentaient à ses "copines" de passage comme "le résultat d'une mauvaise utilisation de capote" et ces femmes ne restaient pas assez longtemps dans sa vie pour que je me sente assez en confiance pour leurs poser des questions. C'est peut-être pour ça que j'ai eu tant de mal à trouver le bon équilibre dans ma vie.
Nous sommes donc partis bras  dessus, bras dessous au renouvellement - ou à la surcharge - de nos gardes robes. J'ai craqué dans plusieurs magasins et je pense qu'il va me falloir une seconde valise pour rentrer à L.A, Chris va me tuer.
C'est les bras chargés et le compte bancaire allégé que nous nous installons sur la terrasse d'un café, Lisa a proposé qu'on aille boire quelque chose avant de rentrer, mon instinct me dit que c'est maintenant qu'elle veut me tirer les vers du nez.

- Ça me fait plaisir tu sais que Chris et toi soyez à nouveau ensemble, j'ai l'impression de le voir revivre. Commence t-elle.

- J'ai mis du temps avant d'ouvrir les yeux, mais c'était peut-être un mal pour un bien, depuis que l'on s'est retrouvés je sais que plus rien ne pourra se mettre entre nous.

- Tant mieux, je suis heureuse pour vous. Au fond je savais que vous ne pourriez pas vivre l'un sans l'autre.

Je souris à sa remarque en prenant une gorgée de mon cappucino, tout le monde semblait savoir mieux que moi ce dont j'avais besoin.

- Non c'est vrai, on ne le pouvait pas. Quand j'ai enfin ouvert les yeux, je me suis rendu compte que ces trois dernières années ont été les pires de ma vie...