30 - Sérotonine

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Chris.


Quand j'ai appris le suicide de James, j'ai été tellement soulagé. Il ne pourrait plus jamais nous faire de mal, c'est peut-être dur de dire ça comme ça, c'est vrai que c'est mal de se réjouir de la mort de quelqu'un, mais quand cette personne vous a causé autant de douleur vous voulez juste qu'elle paye, sans vous soucier de ce qui est bien ou mal. J'ai essayé de ne pas lire la presse à scandale mais malheureusement la curiosité a été plus forte que ma lucidité.
C'est complètement fou que ces gens soient payés pour raconter des conneries pareilles. D'après eux, James s'est suicidé car il ne supportait pas qu'Addison et moi nous nous soyons remariés. J'ai lu aussi qu'on filait le parfait amour sans se soucier de son pauvre sort. S'ils savaient la vérité ils se sentiraient bien cons ! Ou non, trop contents de pouvoir raconter nos vies dans leurs torchons.

J'ai eu le temps de réfléchir et je me suis rendu compte que tout était tellement différent de notre premier mariage, on ne se déchire plus comme avant, on ne pète plus les plombs l'un sur l'autre, nous sommes plus unis que jamais. On a compris, je pense, que quoi qu'il arrive personne ne pourra se mettre entre nous, plus rien ne viendra nous séparer. Malgré le fait que l'on peut rester très jaloux, on apprend à se contenir et à ne plus agresser personne, Addison apprend surtout à ne plus empoisonner quelqu'un à coup de laxatif, même si je dois le reconnaître, ça ma bien fait rire après coup. Gabrielle n'ose même plus nous regarder et nous approche que quand on lui demande de s'occuper de l'un de nous.

J'ouvre les yeux doucement et constate qu'on s'est endormi sur le canapé après s'être envoyé en l'air comme des bêtes.
Je regarde Addison dormir, elle est tellement apaisée, son sommeil est beaucoup moins agité qu'avant. Maintenant qu'elle a toutes les réponses à ses questions je pense que ça lui a enlevé un gros poids.
Et moi je me sens bien parce qu'elle est bien.

- Arrête de me regarder dormir. Me dit-elle sans ouvrir les yeux.

- T'es tellement belle quand tu dors et c'est le seul moment où tu ne râle pas, alors j'en profite. Quoi que...

Elle me donne un coup dans la tête avec le revers de sa main et je ris de son petit air renfrogné.

- Je vais prendre une douche. Me lance t-elle en se levant.

- J'arrive !

Elle me regarde en plissant les yeux, je sens qu'elle a envie de jouer.

- Sauf si je ferme la porte à clé !

Elle finit à peine sa phrase qu'elle se met à courir. Je me lève aussitôt et me met à sa poursuite, je ris, mon Dieu ce rire qu'elle a. C'est de ça dont je suis tombé amoureux en premier quand on s'est rencontrés, et plus elle riait moins j'étais incapable de me contrôler face à elle.
Elle me ferme la porte au nez et j'ai juste le temps d'ouvrir la porte avant qu'elle ne m'enferme hors de la salle de bain, elle rit de plus belle quand j'entre après elle et je viens passer mes bras autour de son cou en riant moi aussi.

- Raté... Je suis plus rapide que toi.

- Je t'ai laissé gagner ! S'amuse t-elle

- Ouais c'est ça, t'es vraiment une mauvaise perdante ! Rié-je.

- Moi ? Non mais t'es sérieux ? Tu ne t'es certainement pas regardé comme il faut.

- Mais moi je le sais chérie, je joue pour gagner mais honnêtement, toi tu es capable de tricher pour ne pas perdre ! Et en plus tu deviens méchante quand tu perds !

- C'est faux... J'accepte la défaite !

Je souris et allume l'eau, la jette dessous alors qu'elle est encore froide, ce qui lui arrache un petit cri strident.

- Ça, tu vas me le payer !

- Je tremble de peur ! Repondé-je sur de moi avant de voir un sourire narquois déformer son visage qui me fit perdre toute assurance. C'est à ce moment là qu'elle passe sa main sur mon torse et me griffe jusqu'à mon ventre, laissant une belle trace rouge vif, je recule aussitôt en criant.

- Mais t'es malade ! Ça fait super mal !

- Oh pauvre petit bébé, mais tu devrais être content, tu avais totalement raison, je n'aime pas du tout perdre ! Me dit-elle en souriant de toutes ses dents.

- Ça saigne en plus ! T'as intérêt de me soigner après.

- Tu veux pas aussi que je t'emmène à l'hôpital ? Non parce que tu dois avoir besoin de points !

- T'es une vraie peste... Dis-je en croisant les bras sur mon torse.

- Tu te plaind moins quand je te laisse des marques après le sexe.

- Ouais mais là il n'y avait pas l'excitation qui allait avec !

Elle me regarde en mimant un bébé qui pleure et j'éclate de rire. Cette femme est complètement folle. Et en plus c'est la mienne, je le savais et je l'ai quand même épousé, deux fois. Peut-être que je devrais aller consulter un psy, il découvrira sûrement un penchant sado-masochiste chez moi. En même temps, est-ce que ça me dérange vraiment de devoir supporter son mauvais caractère, ses sautes d'humeur, son irritabilité ? La réponse est non, bien évidement. On ne choisit pas quelqu'un parce-que il est facile à vivre, la vie serait d'un ennuie ! On choisit quelqu'un parce qu'il nous coupe le souffle chaque jour, parce qu'il nous emmène ailleurs, parce qu'il nous fait rire, vivre, nous fait sentir aimé, parce qu'on a autant envie de l'étriper que de le câliner. C'est ça le vrai amour. Il faut savoir le reconnaître quand il se présente à nous, et pas seulement penser que c'est un emmerdeur, parce que, vous savez, on a tous un idéal, mais c'est rarement celui que votre cœur choisit, c'est ce qu'il vous pousse hors de votre zone de confort, à faire des choix difficiles... C'est ce qui faut que la vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Cœurs coupablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant