Les Soulevains ne tarderaient pas à attaquer, ils se préparaient déjà. Tous avaient le même sac à dos accroché aux épaules, avec un possible leurre à l'intérieur, pour tromper l'ennemi : en effet, chaque sac à dos pouvait potentiellement contenir la Soule.
– Regarde, expliqua Malik. Tous les groupes ont la même constitution. Il y a l'Éclaireur, qui reste à l'écart des combats, c'est généralement nos jeunes qui jouent ce rôle, ils sont plus légers et ne sont pas encore suffisamment aguerris au combat. Ensuite, il y a le noyau d'attaquants. Parmi ces derniers, le premier s'appelle le Pilier, il est protégé par une combinaison rembourrée et possède deux Renforts sur les côtés qui doivent l'aider. A eux trois, ils constituent la tête de proue. Ce seront eux qui enfonceront les défenses ennemies.
– Il y en a un autre derrière eux avec une combinaison plus légère, remarqua Milan.
– Celui-là n'est pas un Pilier ni un Renfort. C'est un Offensif. Ce sont eux qui se faufilent à travers les rues une fois que les défenses sont enfoncées. Ils ont pour rôle d'éviter les ennemis et de foncer au but. Ils sont aidés en cela par deux Ailiers.Malik poursuivit avec ferveur.
– Le groupe sur lequel nous pointons est l'un de nos meilleurs. Nos ennemis l'ignorent car tous nos hommes sont masqués, mais le Pilier de ce groupe, c'est Rancor, le fils de Parvis lui-même. Tu vas pouvoir voir sa puissance à l'œuvre...
– Quant à l'Offensif, dit Milan, se prenant au jeu, c'est Taronne...
– Exact, il est protégé par deux Ailiers, ses plus solides gars, qui devront l'accompagner le plus loin possible dans son assaut. Taronne est notre meilleur offensif, aucun autre ne combine aussi bien que lui rapidité et puissance - je veux dire, à part Sandoz.
– Et toi, n'est-ce pas ? fit Milan au tueur, sourire en coin.Malik ne semblait pas avoir entendu. Il poursuivait ses explications avec emphase. Milan ne pouvait s'empêcher de se demander comment un assassin d'Alamut, un tueur professionnel, calculateur par définition, marginal par habitude, avait pu devenir un supporter fervent.
– Tu as bien deviné, poursuivait Malik. Ils n'ont pas la Soule avec eux. C'est un coup à blanc. Ils vont tester l'adversaire et essayer de voir jusqu'où ils peuvent aller, pour en même temps en apprendre le maximum sur les défenses, notamment l'intérieur de l'église. Ils fonceront comme si c'était leur dernière chance, en comptant sur le coucher de soleil pour les sortir du pétrin en cas de problème, sans prendre le risque de perdre la Soule.
Milan hocha la tête.
– Et donc, la Soule...
– Est à l'abri, ici, dans le village.
– Que se passerait-il si un commando de Tarsis attaquait à ce moment ?Malik haussa les épaules.
– Nous avons gardé suffisamment de sentinelles pour contrer une attaque éclair. Tu crois qu'ils abandonneraient leur défense pour nous attaquer, sans être sûr qu'elle est là, à trente minutes à peine du coucher de soleil ? En prenant le risque qu'elle soit bel et bien parmi nos attaquants ? Ce serait un risque énorme.
– A moins qu'ils aient été prévenus par quelqu'un... intervint le Toubib, en pointant bien entendu l'intrus de ses paroles, sans pour autant se déconcentrer de ses instruments.
Milan se contenta de hausser les épaules à cette accusation.
Puis la réaction abrupte du Toubib les rappela à l'ordre.
– Attention, c'est parti !
L'assaut final vers le village était lancé. Aussitôt, Milan et son compagnon se jetèrent sur leurs télescopes.
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Milan Lazsco : La Soule [E2 Quadrilogie du vampire]
VampireAu détour d'une route des Pyrénées, deux villages se livrent à une compétition antique et mortelle. Serait-ce l'œuvre d'une malédiction ? Il se trouve que même quand on est un vampire, on ne plaisante pas avec les malédictions. ...