C'est plus de deux cents Soulevains remontés à bloc qui traversèrent la faille, vers le milieu d'après-midi du lendemain, conformément aux plans de Sandoz.
Fait qui pouvait rassurer en apparence, ils purent traverser sans le moindre encombre. Contrairement à la veille, les Tarsiens avaient complètement déserté la ligne de la Doule. Pourtant, cette absence de résistance ne rassura personne. Sandoz connaissait la tactique de Cintra : elle avait déjà fonctionné une fois, elle pensait donc poursuivre dans cette voie.
Les Tarsiens les attendaient vraisemblablement là où ils seraient le moins dispersés, avec l'objectif non pas de les arrêter - pour cela ils comptaient sur leurs dernières lignes musclées - mais bien pour tuer le plus possible d'entre eux.
Comme cette fois, les attaquants emmenaient la Soule, cela signifiait que s'ils échouaient, elle tomberait entre les mains de Tarsiens considérablement plus nombreux qu'eux.
En effet, d'après le Toubib, les comptes n'étaient pas à leur avantage. Ils alignaient plus de deux cent cinquante guerriers, mais l'effectif des Tarsiens s'élevait probablement à quatre cents éléments. Si ces derniers appliquaient leur technique au pied de la lettre, il était possible qu'à la fin de cette bataille les proportions se retrouvent à un pour trois en leur faveur.
Les combattants Soulevains, sans connaître toutes les subtilités, avaient néanmoins compris cet enjeu, et plus que jamais s'efforceraient de limiter les pertes humaines ; cependant, leur jeu n'était malheureusement pas défensif. Pour leur part, ils devaient foncer et passer en force, ce qui ne rendait que la stratégie de la meneuse Tarsienne plus prometteuse.
Après leur passage éclair de la Doule, bien trop facile, tous s'étaient réunis, par groupes, sous couvert de la forêt Tarsienne, en attendant le signal de l'assaut.
Sandoz coordonnait leurs groupes. Hormis quelques uns, les plus jeunes, les plus âgés, tous les combattants étaient présents : hommes, femmes, blessés, adolescents, vétérans, anciens, tous. Ils savaient qu'ils auraient en face d'eux des guerriers bien valides, mais la question n'était plus là.
La technique de bélier explosant en plusieurs groupes d'attaquants rapides avait été conservée. Ils se répartissaient ainsi en une bonne quinzaine de groupes de quinze membres, avec chacun leur Pilier et ses deux Renforts, plus trois Renforts de soutien et un pilier de secours, emportant avec eux chaque fois deux groupes d'attaquants constitués d'un Offensif et trois Ailiers.
Les groupes dont attendait le plus, étaient ceux des Offensifs les plus prestigieux de Soulevan : Taronne, plus déterminé que jamais ; Yacin et Cambra qui porteraient la bannière du clan Buldor ; Sandoz, Malik, Verdun et Manille celle du clan Sandoz... A ces groupes phares s'ajoutaient les outsiders Francesca Martinez et Giuseppe Donatello.
Chacun de ces offensifs possédait un sac au dos, afin de donner le change ; et dans un sac, un seul, se trouvait la Soule.
L'objectif était d'amener un maximum d'Offensifs vers l'église, avec chaque fois le nombre suffisant d'Ailiers pour mener à bien la tactique de pénétration du monument mise au point par Sandoz.
Dans la nervosité et la concentration, un peu partout, les groupes se mettaient en place sous couvert. Un temps de latence nécessaire pour échanger avec le Toubib qui depuis son Nichoir donnait les dernières informations à Sandoz.
Buldor vint retrouver le meneur qui se concentrait, seul, sur un rocher, à l'écart de son groupe.
– Je te dérange ? lui demanda-t-il.
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Milan Lazsco : La Soule [E2 Quadrilogie du vampire]
VampireAu détour d'une route des Pyrénées, deux villages se livrent à une compétition antique et mortelle. Serait-ce l'œuvre d'une malédiction ? Il se trouve que même quand on est un vampire, on ne plaisante pas avec les malédictions. ...