Les combats pour la victoire durèrent la journée entière.
En dépit de leur surnombre, les Tarsiens eurent toutes les peines du monde à triompher de la résistance désespérée coordonnée par Sandoz et Malik. Ils attaquaient à trois contre un, les Soulevains ayant tout donné lors de leur assaut, perdant bien plus d'hommes, ou subissant davantage de blessures graves empêchant leurs combattants de revenir sur pied à temps.
Malgré ce rapport de force inégal, les Soulevains combattirent de toute leur âme et de tout ce qui leur restait de vigueur. Ils défendirent leur église pied à pied contre l'invasion, ne cédant pas un centimètre de terrain s'ils n'y étaient désespérément contraints. Les mercenaires et les champions adverses subirent les plus lourdes pertes au cours de cette attaque.
Pourtant, la victoire de Tarsis était inéluctable. Et elle leur échut finalement.
Lorsque Milan vit revenir chez eux le comité triomphant de Tarsiens, la journée touchait à sa fin. Ils avaient bataillé des heures entières avant de gagner. Les villageois chantaient cette glorieuse victoire. Ils portaient Cintra aux nues.
Leur chemin les conduisit sur la place centrale de Tarsis, où Milan avait été contraint de passer la journée enchaîné, se protégeant comme il pouvait des rayons du soleil, dans l'ombre de la statue de bronze à présent rendormie. La seule chose qui pouvait le consoler était peut-être l'aspect serein du visage de bronze noir au-dessus de sa tête...
Cintra s'arrêta devant le prisonnier, plus coriace et déterminée que jamais, quoique portant un air différent dans le regard, plus grave et triste, auquel la perte de son père, ainsi que de tant d'autres concitoyens, n'étaient sûrement pas étrangers.
– Alors c'est fait ? lui demanda Milan sur un ton fataliste.
– Nous avons dompté la Soule, Tarsis remporte une fois de plus la partie, déclara Cintra avec fierté, quoique sans la morgue qui l'accompagnait avant tous ces événements. Gloire et félicité nous attendent, pour les vingt prochaines années.
Milan ne répondit pas à cette sentence.
– J'ai dit que je vous devais une vie, Lazsco, reprit ensuite la meneuse, sur un ton plus bas. Je tiendrai parole. Vous nous avez sauvé de ce monstre, vous avez vengé mon père. Je vous suis redevable.
– Comment ferez-vous pour me libérer ? s'enquit le vampire en esquissant un sourire fatigué. Vous êtes en train de me demander en mariage ?
– Moi, ou une autre Tarsienne, si vous préférez, dit soudain plus humblement la meneuse. Les vampires n'ont-ils pas le droit de convoler ?Milan sourit à nouveau.
– C'est une proposition alléchante, répondit-il. Sachez que j'aurais été flatté de vous recevoir pour épouse.
– Mais... fit Cintra, devinant à ce moment, à son tour, que le vampire n'en avait pas terminé.
– Mais j'aurais trop peur de votre crochet du droit.Cintra émit un haussement d'épaule bon perdant, chassant d'un revers de cils la tension provoquée par ce bref échange. Quand bien même, Milan s'en doutait, la proposition n'était pas tout à fait sincère. Cintra se sentait redevable, plutôt qu'attirée, par ce qu'il représentait.
– Qu'allez-vous faire alors ? demanda-t-elle.
– Je vais juste retourner à Soulevan, merci.Cintra n'émit pas un soupir à ce choix.
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Milan Lazsco : La Soule [E2 Quadrilogie du vampire]
VampirAu détour d'une route des Pyrénées, deux villages se livrent à une compétition antique et mortelle. Serait-ce l'œuvre d'une malédiction ? Il se trouve que même quand on est un vampire, on ne plaisante pas avec les malédictions. ...