Aux portes de la tempête

66 12 11
                                    



Soudain ce fut comme si la forêt de Soulevan elle-même se mettait en mouvement. Un sifflement résonna dans les ultrasons, puis une pluie de projectiles s'abattit sur le front Tarsien : trop petits pour réellement les blesser, mais suffisants pour déstructurer leur organisation.

Alors, sans prévenir, des dizaines d'hommes hurlants surgirent du couvert des arbres du côté Soulevain et foncèrent sur le pont de liane. Tandis que dans le même temps, des dizaines de perches surgissaient dans les airs pour franchir la faille.

Comprenant ce qui se passait, les fuyards éperonnèrent leurs montures et foncèrent de toutes leurs forces vers le pont assiégé.

Les Soulevains n'avaient pas lésiné sur leurs forces dans cet assaut : tandis que le gros de leur attaque se portait sur le pont de liane, dans une vague brutale menée par Sandoz et Malik en première ligne, plus de trente perchistes prenaient pied de l'autre côté.

Une fois ces perches tendues en travers du précipice, des Soulevains accouraient en traversant la faille comme en volant ; tandis que la cohorte ennemie prise à revers faisait demi-tour pour les rejoindre, de manière dispersée.

Les combats éclatèrent avec brutalité du côté Tarsien. Ces derniers avaient tardé à s'organiser, permettant aux Soulevains d'établir de nombreux points forts qui étaient autant de façon de diviser les forces adverses.

Pendant ce temps, Sandoz et Malik avançaient sur le pont de liane en renversant un à un les adversaires qui se présentait à eux. Sandoz était comme un ouragan déchaînant sa colère, quant à Malik, rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Le tueur progressait à coup de feintes et d'esquive, laissant le rouleau compresseur qu'était Sandoz cueillir les Tarsiens derrière lui.

Telle était sa rage que le meneur Soulevain ravageait les rangs ennemis. Les Tarsiens sombraient dans les flots tumultueux des gorges, les uns après les autres, situés huit mètres plus bas. Ils formaient un duo parfaitement soudé et complémentaire.

Grâce à cette force d'assaut, les Soulevains traversèrent rapidement le pont de liane et prirent pied du côté adverse. A cet endroit, cependant, ils firent face à forte partie et furent stoppés par le gros de la troupe Tarsienne. Là où le pont de liane permettait au duo Sandoz Malik de donner toute la mesure de sa puissance, n'ayant que peu d'adversaires en même temps face à eux, ici c'en était tout autre. Les deux masses hargneuses se télescopèrent et l'attaque s'embourba dans le blocus mis en place par l'ennemi.

Les autres groupes de Soulevains arrivés partout en bondissant par dessus la gorge n'étaient pas plus avancés, la plupart se voyaient même contraints de reculer dangereusement vers la falaise en arrière. Face au surnombre Tarsien, aucun ne parvenait à progresser. Quant à Yacin et Manille, en dépit de l'appui de leurs montures, ils n'avaient pas réussi à rejoindre les lignes alliées. Seuls les sabots de leurs chevaux tenaient encore à distance leurs adversaires.

En réalité, Sandoz n'avait pas réellement cherché à percer les lignes ennemies, seulement à s'implanter pour offrir un point de résistance aussi longtemps que possible, dans l'attente de l'avènement du couchant. Celui-ci cependant tardait à venir, et les Soulevains, après une première phase à leur avantage, en profitant de l'effet de surprise, souffraient désormais de la durée du combat. Ils tenaient de plus en plus difficilement leurs positions, et reculaient les uns après les autres, tandis que les Tarsiens au contraire, renforcés par les secours provenant en continu du village, progressaient.

La seule consolation, pour les uns comme pour les autres, résidait dans le fait que l'attaque inattendue se déroulait sans autres consignes ni stratégie que celle de l'instant, si bien que Soulevains comme Tarsiens combattaient à l'ancienne, sans chercher à abattre leurs adversaires. Nulles morts ne résulteraient de cet affrontement imprévu.

Milan Lazsco : La Soule [E2 Quadrilogie du vampire]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant