📚𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝓭𝓲𝔁-𝓼𝓮𝓹𝓽𝓲𝓮𝓶𝓮 📚

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Mercredi matin

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Mercredi matin. Tandis que Reki, en réserve, finissait de vérifier les livres contenus dans le gros carton qu'ils avaient reçu la veille, Langa, dans les rayonnages, réarrangeait la présentation des bouquins de jardinage. Tous deux ne s'étaient pas beaucoup parler depuis la veille, lors du départ de Miya.

Absorbé dans une grosse commande à passer pour un collège du département, Oka ne faisait pas vraiment attention à eux. Quant à Sketchy, il s'étirait dans un coin, se faisant dorer au soleil derrière l'une des vitrines de la librairie.

Assis sur une chaise derrière la table en bois qui trônait au centre de la réserve, Reki vérifiait la présence de chaque livre inscrit sur la liste fournie par le carton. Bien qu'il soit occupé, il n'arrivait pas à se concentrer sur ce qu'il faisait. Ses pensées étaient toutes tournées vers Langa et les paroles que Miya avait prononcées à son égard.

« Une occasion comme celle-ci a peu de chance de se représenter ». Il le savait. Bientôt, le stage de Langa se terminerait, et il se retrouverait seul dans la librairie. Il n'aurait plus de raison d'arriver en avance, la boutique lui semblerait bien fade. Il ne lui restait que quelques livres à décompter, mais il faisait exprès de prendre son temps. Il profitait de ce moment de calme et de solitude pour réfléchir.

De son côté, les méninges de Langa ne travaillaient pas moins. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il s'était autant pris la tête, ce n'était pourtant pas son genre de se laisser submerger par ses émotions. Mais il n'y pouvait rien, il n'arrivait pas à se concentrer. Tout comme Reki, les allusions de Miya quant à leur relation ambiguë tournaient en boucle. « Vous sortez ensemble ? ». Langa s'était immédiatement senti visé, de peur que Miya ait deviné ses sentiments. Mais son regard s'était surtout accroché à celui de Reki. Alors tout comme lui, qui ne sortait plus de la réserve, il réfléchissait.

— Bon, Reki, c'est bientôt fini ce carton ?! demanda Oka en ouvrant la porte de la réserve avec fracas.

— Oui, pardon !

— Et toi Langa, c'est bon aussi ?

Jetant un dernier coup d'œil aux livres de jardinage étalés sur le dessus d'une étagère, il hocha la tête.

— Bien. J'aurais besoin que vous me comptiez les cartes postales, je me suis aperçu que je ne les avais pas encore rentrées dans l'inventaire.

— C'est barbant ça.

— C'est pour ça que c'est un boulot de stagiaire.

Alors que Reki et Oka se tiraient mutuellement la langue, Langa sortit dehors afin de s'occuper d'une première série de cartes postales. Elles n'étaient pas très jolies, le texte était commercial et la photo assez clichée, montrant la mairie de la ville sous un ciel bleu. Mais elles se vendaient bien aux touristes qui ne cherchaient qu'un souvenir, aussi laid soit-il. S'asseyant sur le trottoir pour être plus à l'aise, il fut rapidement rejoint par Reki qui s'assit à côté de lui sans un mot.

— J'ai apporté du papier et un stylo pour ne pas perdre le compte, dit-il finalement après s'être emparé des cartes postales du présentoir d'à côté, celles qui montraient une vue imprenable et assez mensongère sur le fleuve qui traversait la ville.

Dans la réalité, le fleuve était loin d'être aussi bleu et translucide.

Langa hocha la tête et se saisit du stylo pour y noter le premier chiffre qu'il avait obtenu. Il se leva, rangea les cartes postales qu'il venait de compter, en prit de nouvelles et se rassit. Les pavés n'étaient pas très confortables, mais c'était toujours moins fatiguant que de rester debout en piétinant. Leurs cheveux ondulaient au gré du vent, Langa passait parfois une main dans ses mèches pour qu'elles cessent de le gêner.

Le silence qui les enveloppait était ponctué par les pas pressés des passants et le vrombissements des voitures dont les pneus avaient du mal à adhérer aux pavés. Mais si les pensées n'étaient pas aussi silencieuses, sans doute y aurait-il eu beaucoup plus de vacarme venant de la librairie.

— Tu as déjà été en couple ? demanda soudain Langa alors qu'il venait de finir de compter une énième poignée de cartes postales.

Reki haussa les sourcils, surpris par cette question inattendue.

— Une fois. Et toi ?

Langa secoua la tête par la négative. Malgré lui, un air triste s'était emparé de son visage. Il savait pourtant que Reki avait une vie avant de le rencontrer. Qu'il avait des amis, et que vu comment il était sociable et enthousiasme, ça n'aurait pas été étonnant qu'il soit déjà sorti avec quelqu'un. Pourtant, il n'avait pu empêcher le sentiment pernicieux de la jalousie s'enrouler autour de son coeur. Il se demandait à quoi pouvait bien ressembler l'heureux.se élu.e qui avait eu la chance d'être le/la partenaire de Reki.

Inquiet du silence de Langa, Reki se sentit obligé de développer un peu. Il n'aimait pas cette expression amère qui s'était peinte sur son faciès.

— Mais ça n'a duré qu'un mois. Cette fille était très gentille, mais je n'étais pas vraiment amoureux. T'as déjà été amoureux de quelqu'un ?

— Je ne sais pas trop, avoua Langa. Et toi ?

Un sourire songeur vint étirer les lèvres de Reki.

— Oui. Il y a d'ailleurs quelqu'un qui prend beaucoup de place dans mes pensées, ces derniers temps. Je crois que je tombe amoureux trop vite.

Langa rougit un peu. Il avait perdu le compte des cartes postales qu'il avait dans ses mains, trop préoccupé par les dires de Reki. Il ouvrit la bouche avant de la refermer, se demandant s'il pouvait lui poser la question qui lui taraudait désormais l'esprit. Mais ce temps de réflexion ne dura pas longtemps, son désir de savoir l'avait emporté.

— Comment s'appelle cette personne ?

Il ne sut comment interpréter le regard malicieux que venait de lui lancer Reki.

— C'est un secret !

— C'est un secret !

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