📚𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝓿𝓲𝓷𝓰𝓽𝓲𝓮𝓶𝓮📚

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— Bonjour, ce serait pour passer commande

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— Bonjour, ce serait pour passer commande.

— Je vous écoute.

Tandis qu'Oka ouvrait la base de recherche sur son ordinateur, Reki et Langa vaquaient à leurs occupations. Langa arrangeait la vitrine à côté du comptoir tandis que Reki s'occupait de celle qui était située derrière l'étagère à mangas. Langa haussa un peu les sourcils en jetant un œil au client qui était en train de passer commande. Il n'avait pas l'apparence des gens qui avaient l'habitude de passer à la librairie.

La plupart du temps, les personnes qui déambulaient dans les rayonnages étaient des gens âgés, probablement retraités. « The infinity » était une petite librairie de quartier, côtoyée principalement par le voisinage. Il y avait parfois des parents accompagnés de leurs enfants, ou des ados qui venaient en groupe. Cet homme-là, aux singuliers cheveux bleus, avec son costume propre et sa cravate sombre, avait l'allure d'un homme d'affaire.

Ce genre de personne préférait généralement fréquenter de grandes enseignes dans de grandes villes, comme la Fnac par exemple, plutôt que de se perdre au coeur d'un trou perdu pour s'engouffrer dans une librairie de la taille d'un appartement modeste. Ses sourcils étaient étrange : le bout rebiquait vers le haut, semblables à des queues de démons.

La déchéance d'un homme, d'Osamu Dazai.

— Vous désirez une édition particulière ?

— Non. Commandez seulement le plus cher.

Oka se garda de tout commentaire et se contenta de passer la commande attendue par le client. De son côté, Langa descendait de son tabouret pour rejoindre Oka. Il se dit qu'il avait vu juste au sujet de ce client extravagant : il n'était pas d'ici. Au vu de la grosse montre qu'il portait au poignet et de sa demande inattendue, il gagnait trop bien sa vie pour travailler dans une ville de campagne comme celle-ci.

Et puis, s'il se fiait à ses habits, il devait travailler dans une grande entreprise, avec de grands bureaux, sûrement dans la métropole d'à côté. Il se demandait ce qu'il pouvait bien venir faire ici.

— J'aurais besoin de votre nom et de votre numéro de téléphone.

— Ainosuke Shindo.

Alors qu'il commençait à lui dicter son numéro, un autre client atypique pénétrait dans la boutique. Lui aussi, n'avait pas l'air d'être un retraité ou un parent venu chercher un livre jeunesse pour distraire son enfant trop remuant. Vêtu d'un costume cravate semblable à ce « Ainosuke Shindo », le nouvel arrivant aux cheveux noirs semblait plus taciturne.

Lorsque Reki rejoignit Langa, il l'interrogea du regard. Il voulait savoir pourquoi il fixait les deux hommes avec une telle curiosité. Langa lui répondit d'un sourire pour lui faire comprendre que ce n'était pas important.

La déchéance d'un homme devrait nous parvenir en fin de semaine prochaine, mais je vous enverrai un sms pour vous prévenir de son arrivée.

La déchéance d'un homme ?

Interloqué, Ainosuke se tourna vers le nouveau venu. Oka avait également relevé la tête vers lui, tout comme Reki et Langa.

— Je suis également venu pour commander ce livre, s'expliqua-t-il, gêné d'être au centre de l'attention.

Il y eut un instant de flottement pendant lequel on entendit rien d'autre que le vrombissement des voitures qui roulaient au loin et le bruit des travaux à quelques rues d'ici.

— Ça pour une coïncidence, souffla Oka, plus pour mettre fin au malaise qui s'était créé que par réel étonnement. La dernière fois qu'on m'a commandé ce livre, c'était il y a six mois. Et voilà qu'on m'en prend deux le même jour ! Ça n'arrive pas souvent.

Tandis qu'il s'apprêtait à commander un second exemplaire de La déchéance d'un homme et que les deux clients en costume-cravate se dévisageaient, Reki et Langa les observaient avec intérêt. Il ne savaient ni comment ni pourquoi, mais ils sentaient que les regards qu'ils se jetaient n'étaient pas seulement de la curiosité. Il y avait quelque chose en plus, une sorte d'étincelle, d'atmosphère, de tension, qui semblait les avoir lier en un instant...

— Votre nom et votre numéro de téléphone s'il vous plaît.

L'interpellé haussa rapidement les sourcils, comme s'il venait de sortir de son trouble. D'un pas incertain, il dépassa Ainosuke pour poser une main sur le comptoir.

— Tadashi Kikuchi.

Ainosuke l'écouta dicter son numéro avec attention, comme s'il souhaitait mémoriser chaque chiffre. Langa et Reki avaient senti les battements de leur coeur s'accélérer. Ils se demandaient s'ils venaient d'assister à un coup de foudre. Il se jetèrent un regard complice et un sourire timide, comme s'ils avaient deviné ce que l'autre pensait aussi.

— C'est commandé. Comme pour monsieur Shindo, le livre devrait arriver en fin de semaine prochaine, mais je vous enverrai de toute façon un sms pour vous prévenir.

— Je vois, merci.

— Il me faudrait également votre numéro.

Tadashi dévisagea Ainosuke, l'air de se demander si c'était une plaisanterie ou non. Déstabilisé, il se demanda même s'il avait bien entendu.

— Pourquoi ? l'interrogea-t-il par réflexe.

— Pour vous inviter à dîner.

Tout comme Tadashi, Reki et Langa avaient piqué un fard. Oka faisait semblant de n'avoir rien entendu et de taper quelque chose sur son clavier d'ordinateur. A leur grande surprise, alors qu'ils pensaient que Tadashi allait s'enfuir en courant tant il semblait embarrassé, il commença à balbutier les mêmes nombres qu'il avait énumérer à Oka un peu plus tôt. Reki et Langa assistaient à la scène avec un mélange de gêne et d'émotion.

— Vous habitez dans le coin ? questionna-t-il alors qu'ils sortaient de la librairie.

— Non, mais je vais rester chez mes tantes pendant quelques jours, j'ai posé ma semaine de vacances aujourd'hui. Et toi ? Tu peux me tutoyer.

Reki et Langa n'avaient pas bougé mais avaient tendu l'oreille au maximum pour percevoir ce qu'ils se disaient.

— C'est ce qui s'appelle aller droit au but, commenta Oka. Il a raison d'y aller franco. Même si ça peut déstabiliser, au moins, on est sûr qu'il n'y a pas de quiproquo.

Reki et Langa acquiescèrent, synchrone. Eux aussi, ils avaient l'intention d'être clairs.

 Eux aussi, ils avaient l'intention d'être clairs

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Au cœur de la librairie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant