📚𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝓬𝓲𝓷𝓺𝓾𝓲𝓮𝓶𝓮📚

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— Bon, aujourd'hui, on change les vitrines, déclara Oka à ses deux apprentis libraires

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— Bon, aujourd'hui, on change les vitrines, déclara Oka à ses deux apprentis libraires. J'ai déjà repéré des livres en rapport avec l'infinité, alors il ne vous reste plus qu'à les placer !

Langa acquiesça mollement. A ses côtés, Reki souriait comme à son habitude et semblait impatient de commencer. A peine eut-il fini de leur annoncer le programme de la matinée qu'Oka les abandonnait pour aller conseiller un client.

— Attends-moi là, je vais chercher l'escabeau dans la réserve !

Reki n'attendit pas la réponse de Langa pour s'éclipser. Langa l'observa s'éloigner d'un regard éteint, les cernes sous ses yeux témoignaient de la mauvaise nuit qu'il avait passée. Il n'avait cessé de se repasser en boucle les paroles d'Oka quant aux nombreux stagiaires qui l'avaient précédé et qui avaient côtoyé Reki. Même si ça ne faisait que trois jours qu'ils se connaissaient, Langa avait tendance à s'attacher rapidement. Savoir qu'il n'était pas aussi spécial aux yeux de Reki qu'il l'était pour lui était un sentiment désagréable.

Langa était un solitaire qui n'avait pas beaucoup d'ami. Mais ça ne l'attristait pas plus que ça. Étant introverti, il aimait passer du temps seul, à lire ou à jouer à des jeux vidéos. Ayant peu d'interactions sociales avec les autres — et ses réponses se contentant souvent du minimum syndical, c'est à dire « oui »ou « non » sans chercher à développer —, la moindre conversation qu'il avait avec autrui était marquante.

Ainsi, il avait tendance à s'attacher plus vite que la moyenne lorsqu'on lui accordait un tant soit peu d'attention. Ça n'avait pas manqué avec Reki.

Il avait oublié que les extravertis ne ressentent pas souvent les mêmes choses que lui, en particulier vis à vis des interactions sociales. Reki n'avait aucun mal à communiquer et était sans doute le bout-en-train de son université. Il devait parler à tellement de gens que les petites discussions qu'il avait avec Langa-le-stagiaire-réservé n'étaient sûrement pas très importantes pour lui.

Alors que pour Langa, passer du temps avec Reki ces quelques jours avait été comme flotter sur un petit nuage chaud et douillet.

— Langa ? Ça va ? T'as l'air fatigué.

— Hm.

Reki venait de revenir avec l'escabeau et observait Langa les sourcils froncés. Il semblait inquiet, mais Langa n'y prêta pas attention, songeant que ses sentiments lui jouaient encore des tours.

— On va commencer par retirer les livres qui sont déjà en vitrines avant de les remplacer. Tu veux que je te montre comment faire ?

Langa hocha la tête. Reki posa donc l'escabeau contre la première vitrine, grimpa dessus et se pencha pour enlever les livres exposés. Il retira ensuite les petites planches qui les maintenaient pour attraper les livres en dessous. Il les tendit à Langa qui les empilait dans un coin au fur et à mesure.

— Bon, maintenant que la vitrine est vide, tu vas pouvoir t'y mettre pour installer les nouveaux livres ! Attends, j'ai une trop bonne idée, je vais aller dehors pour te dire si c'est bien aligné !

Langa le regarda quitter la librairie sans comprendre. Quelques livres sur l'infinité en main, comme des bouquins sur l'astronomie ou les mathématiques, il grimpa sur l'escabeau et haussa les sourcils devant le grand sourire que lui offrait Reki derrière la vitre. Debout sur le trottoir face à lui, il levait son pouce vers le haut lorsque Langa choisissait un joli livre à placer, lui faisait signe lorsqu'il fallait mettre plus d'espace entre les livres et grimaçait lorsqu'il mettait un livre qu'il y avait déjà.

Quand Langa eut fini de remplir la vitrine, Reki applaudit derrière la vitre. Il lui souriait, Langa se demanda un instant si ce qui lui réchauffait le visage était le soleil tapant contre la vitre ou le visage rayonnant de Reki. En tout cas, ça lui avait suffi pour chasser les quelques nuages qui avaient envahi son coeur.

— Allez Langa, il nous reste encore trois autres vitrines à faire, au boulot ! s'exclama-t-il en revenant dans la librairie.

Langa hocha la tête, son sourire retrouvé. Il lui en fallait peu pour retrouver sa bonne humeur, tout comme il lui en fallait peu pour la perdre à nouveau. Mais pour le moment, il préférait se concentrer sur le bonheur que lui apportait la compagnie de Reki sans préoccuper du reste.

— Quand vous aurez fini, vous pourrez accrocher ces affiches ? les interpella Oka alors qu'ils emmenaient l'escabeau face à la seconde vitrine, derrière les mangas. Le scotch est dans la réserve.

— OK !

Il s'agissait d'une espèce de peinture de l'espace, avec le signe de l'infini et un petit texte expliquant que la librairie fêtait ses un an. Une fois les vitrines parées de leurs livres sur l'infinité, Reki alla ranger l'escabeau et chercher le rouleau de scotch pendant que Langa mettait en pratique ce qu'on lui avait appris : ranger et aligner les livres, l'activité principale des libraires.

Lorsque Reki revint, leurs doigts se frôlèrent au moment de se passer le scotch. Ils partirent coller leur affiche chacun de leur côté, chacun sur une vitrine. Ils ne savaient pas trop si c'était le hasard, ou si c'était eux qui, consciemment ou non, revenaient vers le scotch en même temps que l'autre, toujours est-il que leurs mains timides et maladroites n'avaient cessé de s'effleurer au moment d'arracher des bouts de scotch. Mais encore une fois, Langa préféra se dire que ce n'était que de malencontreuses coïncidences.

 Mais encore une fois, Langa préféra se dire que ce n'était que de malencontreuses coïncidences

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