— Reki, Langa, vous me rentrez les cartes postales ? Ça va être l'heure d'y aller.
Les deux stagiaires acquiescèrent, le coeur battant. Samedi soir, la place du centre-ville était bien animée. Les terrasses des cafés étaient encore occupées par quelques derniers amateurs de boissons tandis que d'autres se pressaient dans les magasins pour effectuer un dernier achat. Les mains rendues moites, Reki et Langa rangèrent les présentoirs à cartes postales.
— Allez, Sketchy, c'est l'heure de la fermeture.
Le matou, allongé derrière les livres d'une étagère — Oka se demandait sérieusement comment il avait réussi à se mettre là —, sembla avoir de la peine à se réveiller, baillant à plusieurs reprises pour montrer à son maître qu'il aurait volontiers dormi quelques heures supplémentaires. Langa et Reki étaient revenus vers lui pour lui dire au revoir.
— J'espère que ton stage parmi nous t'aura plus Langa !
— Oui, j'ai passé un bon moment et j'ai appris beaucoup de choses, merci pour votre bienveillance.
— Oh euh bah y a pas de quoi, balbutia Oka, gêné par cet excès de reconnaissance. J'ai pas l'habitude d'avoir des stagiaires aussi efficaces, t'as pu voir comme se coltiner Reki tous les jours peut être fatiguant !
— Eh ! Je viendrai plus t'aider à la boutique si c'est comme ça.
Il venait de lui tirer la langue. Oka sourit avant de lui ébouriffer les cheveux.
— Allez, à la prochaine Langa ! Et Reki, j'espère que tu continueras à arriver en avance, hm ?
— On verra.
— Au revoir.
Langa et Reki sortirent pour une fois par la porte de devant, profitant qu'elle ne soit pas encore fermée. A peine eurent-ils passés le pas de la porte qu'ils entendirent le store descendre derrière eux et une clé s'insérer dans la serrure. Ils se sourirent timidement, puis s'engagèrent sur l'allée de pavés du centre-ville.
Les mains maladroites de Langa pendaient des deux côtés de son corps tandis que celles de Reki s'étaient rejointes pour jouer avec ses doigts. L'air était doux, le vent qui venait leur chatouiller le nez était assez agréable. Le stage de Langa venait de se terminer et leurs joues colorées étaient bien la preuve que chacun savait ce que cela signifiait.
C'était le moment où jamais pour avouer ce qu'ils avaient sur le coeur.
Alors que d'habitude, ils se séparaient dans deux directions différentes pour rentrer chez eux, ils prirent naturellement un chemin commun pour marcher le plus longtemps possible à côté de l'autre, pour retarder au maximum le moment de leur séparation, et pour trouver le temps de rassembler leur courage.
— On va au parc ? proposa Langa alors qu'ils sortaient du centre-ville.
Reki sursauta avant d'acquiescer. Aucun d'eux n'avait pourtant clarifié la situation, aucun d'eux n'avait convenu de la route qu'ils empruntaient ce soir. Pourtant, aucun d'eux ne fit le rapprochement avec ce qu'ils s'apprêtaient à faire, ne songeant pas un seul instant que l'autre puisse penser à la même chose.
Malgré l'heure tardive, le ciel était toujours aussi clair. Le mois de juillet était bien entamé, la nuit ne tombait plus aussi vite qu'avant. Ils s'assirent sur les balançoires où ils s'étaient déjà balancés une fois, après leur déjeuner chez Joe. Il n'y avait personne autour d'eux. Fixant ses pieds, Reki serrait les cordes de la balançoire de toutes ses forces. Il était temps de dire à haute voix ce qu'il pensait tout bas depuis plusieurs soirs.
Cependant, Langa ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche. Il avait simplement été le plus rapide à passer à l'action.
Il se leva et se planta devant Reki qui releva la tête vers lui, les sourcils haussés de surprise. Lentement, alors que le coeur de Reki s'affolait, se demandant si Langa allait réellement faire ce à quoi il pensait, le visage de Langa s'abaissa à sa hauteur jusqu'à frôler ses lèvres des siennes. Il y eut une seconde de flottement où Langa ne bougea pas, comme s'il attendait le moindre signe d'un quelconque rejet. Reki s'était immobilisé, paralysé par ce rêve dont il croyait être prisonnier.
Puisque aucune main ne chercha à le repousser, Langa prit ça comme une autorisation et concéda enfin à poser ses lèvres sur celles de Reki, à la fois timides et désireuses. Au début, ce n'avait été qu'un smack, mais comme encore une fois, Reki n'avait pas cherché à s'éloigner, Langa l'avait embrassé une seconde fois, plus longuement. Puis une troisième, lorsqu'il avait voulu s'écarter et que les mains de Reki s'étaient enfin décidées à bouger pour se glisser derrière sa nuque et l'empêcher de s'éloigner.
— Tu me plais, Reki.
Langa avait soufflé cette phrase alors que leurs lèvres venaient de se séparer. Reki plongea son regard dans celui de Langa, comme pour s'assurer que la situation était bien réelle. Puis ses yeux dévièrent jusqu'à ses lèvres gonflées. Esquissant un sourire, il les embrassa rapidement avant de serrer Langa contre lui.
— Toi aussi, tu me plais. Et même un peu plus que ça.
Trop heureux de cette déclaration, Langa n'attendit pas plus longtemps pour répondre à l'étreinte de Reki et le presser contre lui en entourant ses bras autour de son dos. Sa posture n'était pas très confortable et il était obligé de se courber pour être à la hauteur de Reki resté assis sur la balançoire, mais à cet instant, il aurait souhaité rester pour toujours dans cette position.
Après un moment qui leur parut durer à la fois une seconde et une éternité, Langa finit par se détacher de Reki pour aller se rasseoir sur la seconde balançoire. Leur coeur battait à tout rompre, ils avaient besoin de reprendre leurs esprits pour réaliser pleinement ce qu'il venait de se passer. Alors qu'un millier de questions tournaient désormais en boucle dans la tête trop soucieuse de Reki, Langa faisait de son mieux pour se contenir et ne pas sauter de joie partout dans le parc.
Après toutes ces émotions, il n'avait pas envie que Reki le prenne pour un fou.
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Au cœur de la librairie
FanfictionLanga a fini sa première année de lettres modernes. Pour l'occuper cet été, sa mère décide de lui faire faire un stage de quinze jours dans une librairie de quartier. Au début, Langa n'est pas très enthousiaste. Il aurait bien aimé passer ses vacan...