📚𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝓹𝓻𝓮𝓶𝓲𝓮𝓻📚

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— Bonjour

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— Bonjour.

— Ah, Langa ! Tu peux m'aider à installer les cartes postales ? Je te ferai faire le tour de la librairie après.

Un peu décontenancé par la rapidité du libraire, Langa se contenta de hocher la tête et de l'imiter. Oka remonta le store qui cachait les fenêtres, ouvrit la porte en grand et fit signe à Langa de le suivre avec les présentoirs à cartes postales à accrocher dehors.

Langa avait dix-neuf ans, sa première année en fac de Lettres venait de s'achever. Pour s'occuper pendant les vacances, sa mère avait eu l'idée de l'envoyer en stage afin qu'il s'acclimate au monde du travail. Allant régulièrement à la librairie « The infinity », elle avait fini par se lier d'amitié avec Oka, le gérant, et lui avait ainsi touché deux mots à propos de son fils. Étant habitué à prendre des stagiaires, il lui avait alors proposé de garder Langa pendant une quinzaine de jours. Ravie, madame Hasegawa l'avait salué et s'en était allée avec le livre de poche qu'elle était venue chercher.

C'est ainsi que Langa se retrouvait devant la librairie à neuf heures tapantes, le visage encore ensommeillé et les cheveux en bataille témoins de son réveil difficile. Contrairement à sa mère, il n'était pas particulièrement enchanté à l'idée de travailler pendant les vacances. Il aurait d'ailleurs volontiers passé quelques heures supplémentaires dans son lit si douillet qu'il regrettait déjà. Réprimant un bâillement, il finit d'installer les présentoirs à cartes postales et suivit Oka à l'intérieur pour poursuivre sa visite.

C'était une petite librairie de quartier, aux rayons étroits et à l'atmosphère chaleureuse. Faire le tour fut assez rapide, mais l'important était surtout de mémoriser où se rangeait chaque livre et de commencer à prendre ses repères. Oka expliquait l'arrangement des rayons comme on récite une poésie apprise par coeur, Langa se doutait qu'il n'en était effectivement pas à son premier stagiaire.

— Donc, là, c'est les polars. A côté, t'as les romans, classés selon l'ordre alphabétique du nom de l'auteur et de ses origines. Ça va de la littérature française jusqu'à la littérature russe, en passant par la littérature anglophone et japonaise. Les mangas, c'est au fond. Ici, c'est les BD jeunesse, et là, les BD adultes. Bon, je sais pas pourquoi j'ai fait ça, mais contrairement aux romans qui sont classés de haut en bas, les BD sont classées de gauche à droite. Ça va, je vais pas trop vite ?

Langa secoua la tête par politesse. Il aurait sans doute été un peu perdu s'il y avait mis les pieds pour la première fois, mais puisqu'il s'y rendait de temps en temps pour acheter ses livres de fac ou des mangas pour le plaisir, il avait déjà une bonne connaissance des rayons et de ce qu'ils contenaient.

— Salut ! Oh, c'est le nouveau ?

Langa se tourna vers le nouvel arrivant qui lui souriait avec bienveillance. Il écarquilla les yeux, l'espace d'une seconde, en le reconnaissant. Il avait déjà eu l'occasion de le croiser quelques fois dans la librairie, et il devait avouer que sa façon de lui sourire ne le laissait pas indifférent... Il se demanda s'il n'avait pas trop chaud, avec son sweat jaune et son large bandeau qui soutenait ses cheveux rouges.

— Bonjour.

— Reki, ça fait cinq minutes qu'on a ouvert ! Tu pourrais être un peu plus ponctuel ! Si j'étais pas aussi proche de ta mère, ça fait longtemps que je t'aurais mis à la porte !

— Pardon Oka, mais promis, c'est la dernière fois !

— Tu dis ça à chaque fois !

Le nouvel arrivant rit nerveusement en se grattant la nuque. Langa en conclut que la ponctualité ne devait pas être son fort.

— Langa, je te présente Reki. Il m'aide à gérer la librairie l'été. Reki, voici Langa. Il est en stage pour deux semaines.

— Si t'as des questions, hésite pas, je connais mieux cette librairie que ma propre maison ! s'exclama Reki.

Langa le remercia pour sa sollicitude.

— Comme les clients commencent à arriver, je vais te laisser terminer la visite avec lui, Reki. Il reste des livres dans le carton d'hier que j'ai pas encore mis en rayon, je compte sur toi pour lui apprendre comment faire.

— Bien reçu chef !

Oka leva les yeux au ciel, sans doute habitué au tempérament désinvolte de son stagiaire estival. Tandis qu'il retournait derrière la caisse et qu'il saluait le couple qui venait d'arriver, Reki demanda à Langa ce qu'il n'avait pas encore vu :

— Ce coin-là, lui répondit-il.

— Ici, c'est les livres pour enfants. Ça va des romans jeunesses aux livres illustrés. Tout est trié par tranche d'âge. Là, on a un coin pour les livres de cuisine. Là, c'est l'étagère que je surnomme « les bouquins relous et trop sérieux », où sont rangés les livres de philo, de sociologie, d'économie, et cetera. Mais tu verras, on s'habitue vite. T'as pas encore vu la réserve je crois ? Viens, je vais te montrer.

Langa acquiesça. S'il avait déjà trouvé le gérant rapide, Reki s'était révélé être encore plus expéditif. Il n'avait même pas réussi à retenir une information sur deux, il espérait que Reki avait dit vrai quand il avait affirmé qu'il s'habituerait vite. Déjà qu'il avait du mal à se concentrer à cause du petit crush qu'il venait de développer, si en plus Reki était aussi volubile que rayonnant, il n'arriverait jamais à suivre !

Tachant de faire abstraction de son sourire un peu trop craquant et de son odeur un peu trop enivrante, Langa suivit Reki en silence jusqu'à une porte cachée entre deux rayons. Elle conduisait à deux petites pièces, l'une contenant des toilettes et l'autre ressemblant davantage à une réserve, avec des étagères pleines à craquer de cartons et de fournitures de papeterie, une table et des chaises pliées sur le côté.

— C'est ici qu'on va quand on réceptionne les cartons. Crois-moi que tu vas gagner du muscle en deux semaines, y en a qui sont tellement lourds qu'il faut même être à deux pour les porter ! Sinon, voilà les livres qu'Oka voulait qu'on mette en rayon...

Langa l'écoutait à moitié. Il était davantage fasciné par ses lèvres qui se mouvaient délicieusement plutôt que par le son qui en sortait. Une chose était sûre, il ne regrettait pas de s'être levé aussi tôt. Finalement, ce job de deux semaines s'avérait un peu plus intéressant que ce à quoi il s'était attendu...

 Finalement, ce job de deux semaines s'avérait un peu plus intéressant que ce à quoi il s'était attendu

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