9-1-1 - Le Feu au Cœur

La malédiction

Eddie se tourna sur le dos.

Il lui restait encore au moins une heure de sommeil mais rien à faire, il n'arrivait plus à dormir. Il repensait à ces derniers mois, à ces dernières années. La vie ne l'avait pas vraiment épargnée quand on y réfléchissait.

Alors oui, il avait failli mourir en Afghanistan mais il s'en était sortis et c'était depuis son retour qu'il avait morflé. Shannon l'avait d'abord abandonné avec leur fils, avant de réapparaitre pour mourir entre ses bras.

Ça avait été difficile et il ne se passait pas un jour, sans qu'il ne pense à elle. Puis, il y avait eu l'explosion du camion et la blessure de Buck, son embolie et le tsunami. Il avait bien failli perdre son fils ce jour-là.

Ensuite, il avait vrillé, mais vraiment.

Il avait commencé à se battre pour se défouler. Il avait beau se dire que ça lui permettait de gagner un peu d'argent, la vérité c'était qu'il y allait pour se faire du mal, pour se punir de tout ce qui s'était passé alors qu'il n'y était clairement pour rien.

Il avait fini par le comprendre, grâce à Bobby, son capitaine et il s'en était sorti avec l'aide de son meilleur ami, Buck. Il avait réussi à reprendre le dessus mais il ne vivait toujours pas.

Il survivait au mieux.

Buck essayait de le convaincre de sortir, de rencontrer du monde et surtout des femmes mais Eddie ne se sentait pas prêt. Pourtant, il était encore bel homme et son ami avait essayé de le convaincre, en lui rappelant carrément qu'il était encore jeune et canon.

Il lui avait plutôt sortit une connerie comme quoi il était « un père carrément baisable pour beaucoup de filles ».

Sérieux Buck ? Qui dit ce genre de trucs ?

De toute façon, Eddie ne pouvait pas, Shannon était encore bien trop présente dans sa tête. Et puis, il y avait eu cette pandémie et ça n'avait pas aidé.

Le confinement, la maladie, les morts...

Il s'était sentit impuissant à combattre contre cet ennemi invisible. C'était difficile à accepter. Echapper aux balles ou aux flammes, c'était concret mais un virus, ce n'était pas palpable et c'était vicieux. Ça s'infiltrait au plus profond d'un être pour le détruire de l'intérieur.

Et il ne pouvait rien faire contre ça.

Il décida de se lever et de préparer le petit déjeuner. Avec un peu de chance, cette fois, il ne cramerait pas les pancakes. Il s'appliqua mais la poêle accrocha la pâte et le résultat ne fut pas bien brillant. La totalité partit à la poubelle avant même le levé de son petit garçon.

Il était pompier.

Il sauvait des vies tous les jours. Il prenait des risques parfois et il aurait pu se contenter de ça mais le fait de ne pas réussir à faire cuire des pancakes correctement le rendait dingue.

Pourtant, ça avait l'air si facile quand son capitaine le faisait.

Il dû se rabattre sur le paquet de céréales et le posa sur la table avec un bol et une bouteille de lait. Puis, il pressa deux jus d'oranges qu'il posa sur la table. Il était temps de lever son fils.

Christopher avait neuf ans maintenant.

Il grandissait si vite. Il commençait à avoir un sacré caractère. Il y avait quelques tensions entre eux mais Eddie le comprenait, il était obligé de rester à la maison toute la journée, à ne voir ses amis et ses professeurs que par écrans interposés.

C'était difficile à vivre au quotidien.

Alors, Eddie était patient. Il acceptait les sautes d'humeurs et le laissait évacuer sa frustration comme il le pouvait. Il veillait seulement à ce qu'il ne dépasse pas les bornes mais il restait un père bienveillant et Christopher n'avait encore jamais réussi à le fâcher sérieusement.