Premier Décembre

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Louis, Présent

Quand j'ouvre les yeux ce matin, je suis légèrement perdu le temps de quelques secondes, ne sachant plus où je me trouve puis mes yeux s'habituent à l'obscurité et les lignes floues et peu contraintes de ma chambre d'enfance plongée dans la pénombre se dessine devant moi. Mon regard se pose un instant vers la fenêtre dont les rideaux sont fermés mais des rayons de soleil bravent ce bout de tissu pour venir éclairer des coins ici et là de ma chambre.

Je râle me retournant dans mon lit en me frottant le visage de fatigue, la présence du soleil me dit que la matinée doit être bien avancée et je prends sur moi pour ne pas me rendormir et attrape mon téléphone posé sur la table de nuit à côté du lit. La lumière forte m'aveugle en premier lieu, faisant pleurer mes billes bleues et je m'empresse de baisser la luminosité. L'heure affiche à peine dix heures du matin et je râle encore plus car j'ai l'impression de n'avoir dormir qu'une heure ou deux. Peut-être est-ce le cas après tout.

Je remets mon téléphone en mode actif et je n'en suis pas surpris quand je ne reçois aucune notification, je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même mais comme chaque matin mon cœur se serre douloureusement et je repose cet objet de malheur sur la table et me redresse dans le lit. Je m'assois au bord et m'étire un instant gardant les yeux fermés, quand je les rouvre les détails apparaissent plus distinctement et les formes carrées des différentes photos accrochées sur mes murs se dévoilent. Je secoue la tête et me lève vers la fenêtre, j'ouvre les rideaux d'un seul coup me retrouvant ébloui par la lumière du jour.

Je me retourne en fonction d'être dos à la fenêtre et cette fois ci ma chambre est éclairée et il n'y a plus aucun doute concernant mon arrivée ici. Je ramasse un pull dans mon armoire, je l'enfile et je sors de la chambre en le jetant, aucun autre regard vers les murs, je refuse de le faire.

La maison est calme par l'absence de ma fratrie qui sont chacun à leurs écoles, mais j'entends du bruit dans la cuisine et je présume que c'est ma mère qui s'affaire déjà en cuisine pour essayer miles et une recette nouvelle pour cette nouvelle période de Noël. Je descends les escaliers calmement et je traverse le salon avant de pénétrer dans la cuisine, où comme je l'avais prédit ma mère se trouve entourée de dizaine de livres de recette et un tablier autour des hanches, la tête penchée au-dessus d'un livre, le lisant de manière concentrée dû à son froncement de sourcil significatif.

- Bonjour Maman.

Elle sursaute légèrement mais quand son regard se pose sur moi, son visage s'éclaire et mon cœur se réchauffe.

- Bonjour mon poussin, tu as bien dormi ?

J'hoche la tête en évitant son regard, contournant l'ilot centrale pour prendre une tasse dans un des placards de la cuisine et mettre de l'eau à bouillir, mettant un sachet de thé dans la tasse et un peu de sucre. Je me retourne vers ma mère qui me fixait déjà avec une lueur de quelque chose que je ne sais déchiffrer, encore un truc de maman surement.

- Qu'est-ce qu'il y a ? dis-je timidement en ne voulant pas vraiment savoir la réponse.

Elle papillonne des yeux un instant pour plonger son regard bleu dans le mien similaire au sien. Son regard me transperce, comme si elle cherchait à lire en moi mais j'ai pris cette habitude de ne plus rien laisser paraitre, la dernière fois que je l'ai fait, j'ai eu le cœur brisé.

Après quelques secondes, son regard change de nouveau et redevient maternelle et bienveillant, je détourne le regard en me concentrant sur l'eau qui commence à bouillir.

- Quelque chose a changé en toi, j'ignore quoi mais je vais découvrir ce que c'est. Je suis ta mère, je suis là pour te protéger même si tu vas avoir 25 ans.

Sous Le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant