Sous Le Sapin

Onze Décembre

Louis, Présent

Ce matin le réveil fût très compliqué, ayant passé une nuit horrible, repassant sans cesse tous ces souvenirs, les voyants se jouer derrière mes paupières comme le plus beau des spectacles que je ne peux plus vivre en vrai.

Toute cette agitation de la nuit est dû à ce stupide message que j'ai reçu de sa part. Je suis triste et en colère de voir qu'il fait comme si rien ne s'était passé alors que tout a changé il y a un an déjà. Ce jour où j'ai ouvert la bouche, tout a changé dès que les premiers mots ont traversé la barrière de mes lèvres. Je n'ai pas répondu à son message me contentant simplement de supprimer la conversation.

Les yeux fixés sur ma vitre, je vois la journée avancer. J'observe le givre s'installer sur la fenêtre de ma chambre au petit matin, je regarde les rayons du soleil le faire fondre lentement. Combattant le froid hivernal, je compte les flocons qui tombent dehors d'abord par dizaine puis par centaine.

Le bruit dans la maison m'indique également l'heure, j'entends le brouhaha du réveil, les allers et venus à l'étage, puis la porte d'entrée se refermer et s'ouvrir à chaque sortie d'un des membres ma famille. Et moi je reste désespérément dans ma chambre fixant la vitre. Refusant catégoriquement de regarder mes murs, remplis de photos de nous et de ces souvenirs qui se sont déjà trop joués dans ma tête. Je souffle une énième fois de la journée et je remarque que le soleil décline déjà, en cette période hivernale la nuit s'installe aux alentours de dix-sept heures.

Ayant un peu froid je me réinstalle dans mon lit, me couchant toujours le regard sur la fenêtre et m'enroulant entièrement dans ma grosse couverture. Je laisse libre cours à mes larmes cette fois-ci, la fatigue faisant tomber mes barrières, incapable de retenir plus longtemps ces sanglots qui me broient le cœur à chaque fois qu'ils traversent mes lèvres.

J'ignore combien de temps je pleure mais suffisamment longtemps pour que mes joues deviennent sèches et que les sanglots soient dépourvus d'eau se transformant uniquement en plaintes cassantes et désespérantes. Plongé dans ma peine, je n'entends pas les petits coups à ma porte et je sursaute quand une main douce passe dans mes cheveux. Le parfum de ma mère vient tout de suite embaumer mon cœur, me recouvrant de son odeur réconfortante et me protégeant de toute agression extérieure.

Je me décale, me tournant vers elle et je lui ouvre ma couverture pour qu'elle s'installe à mes côtés, ce qu'elle fait immédiatement et je fonds dans ses bras et je ne cache plus mes sanglots face à elle. Sentant ses bras s'enrouler autour de moi, caressant mes cheveux comme elle l'a toujours fait depuis que je suis petit. Son réconfort est important pour moi et il est temps pour moi de lui dire pourquoi j'en ai tant besoin aujourd'hui.

Alors doucement, les larmes invisibles cessent, les sanglots s'étouffent et mon esprit se désembrume. Je reste encore quelques minutes dans ses bras, savourant la tendresse de ses caresses, la douceur de sa voix qui chantonne une chanson enfantine et les battements de son cœur réguliers. Je finis par me redresser, tournant la tête vers elle mais ne sortant pas de ses bras, qui caressent désormais ma nuque.

On se regarde dans les yeux un instant, bleu contre bleu, émotion contre émotion. Je souffle une dernière fois, prenant une grande inspiration pour me donner le courage de sortir ces mots, comme il y a près d'un an maintenant. Des mots qui peuvent tout changer. Ma mère me sourit tendrement m'envoyant à son tour du courage et je me décide à ouvrir la bouche et sortir uniquement ces quelques mots :

- J'ai le cœur brisé, maman.

Son regard change, il devient brillant de larmes mais une lueur y danse, une lueur qui eut dire qu'elle avait deviné mais l'entendre pour de vrai lui fait du mal autant que ça m'en fait à moi. Car pour la première fois depuis l'année qui s'est écoulée, j'accepte d'avoir le cœur brisé et je ne me cache plus derrière tous ces mensonges.